Vient de paraître - Une référence pour les chercheurs Farid Honeiné signe son livre sur Bkassine

Il n’est pas commun de retracer la petite histoire d’une localité ou d’une région spécifique, peu connue du grand public. C’est pourtant l’entreprise à laquelle s’est attelé un haut fonctionnaire du ministère de la Santé, Farid Honeiné, qui a écrit l’histoire de son village natal, Bkassine. L’ouvrage, Bkassine et les villages environnants, a été présenté récemment à l’école des Frères des écoles chrétiennes de Furn el-Chebbak, par MM. Edmond Rizk, Hikmat Haddad, Élias Kattar et Louis Honeiné, en présence du ministre des Affaires sociales Michel Moussa et des députés Nadim Salem et Sleiman Kanaan. Bkassine et les villages environnants n’est pas à proprement parler un ouvrage d’histoire, ni d’anthropologie sociale dans le sens classique du terme : c’est un mélange des genres qui fait que ce livre de 500 pages grand format, qui a nécessité plusieurs années de dur labeur, a évité les écueils que comporte une science aride. Le livre comprend trois grandes parties. Il aborde d’abord la question des relations de Bkassine avec son entourage, notamment chiite et druze, rappelant les circonstances dans lesquelles le village a été incendié durant les évènements de 1840 et de 1860. Dans une deuxième partie, il retrace son évolution contemporaine, marquée par une érosion causée autant par l’exode interne que par l’émigration. L’auteur rappelle au passage tous les détails de la vie socio-politique des habitants de la localité et évoque la formation des premières commissions municipales à partir du début du siècle. Enfin, une troisième partie est consacrée aux hommes illustres du village, notamment Abou-Samra Ghanem, un des héros des événements du XIXe siècle, ainsi que Mgr Abdallah Khoury, vicaire patriarcal maronite, président de la troisième délégation libanaise au Congrès de paix à Paris qui devait décider du devenir du Grand-Liban. Dans cette même partie, l’auteur a retracé aussi l’historique des différentes familles du village M. Edmond Rizk, ancien député de la région et ancien ministre, le premier des intervenants, a notamment exprimé, en vers, sa joie d’évoquer un village qui a su toujours allier «la beauté de sa grande forêt de pins à l’intelligence de ses habitants». M. Hikmat Haddad, historien de formation, a pour sa part passé au crible la première partie de l’ouvrage, c’est-à-dire les chapitres strictement historiques, contestant notamment le point de vue de l’auteur concernant les relations du Liban avec l’hinterland. M. Élias Kattar, professeur d’histoire à l’Université libanaise, qui connaît très bien la région car lui-même originaire de Btaddine, une localité proche de Bkassine, a rappelé toute l’importance que revêt le «village» dans le contexte général de l’histoire du pays. Dans cette optique, il a qualifié le travail de l’auteur d’«intéressant», car «il fait revivre une partie de cette grande histoire nationale à travers l’un de ses éléments les plus représentatifs». Pour sa part, M. Louis Honeiné, professeur de sciences politiques à l’UL, a choisi de parler du côté gai de l’ouvrage, étant donné que les souvenirs évoqués par l’auteur sont aussi les siens. Il a estimé aussi que certains détails touristiques rapportés dans le livre ne manqueront pas de servir de référence aux chercheurs. À titre d’exemple, il a cité la description détaillée faite des deux grottes de Niha et de Jezzine, où l’émir Fakhreddine II s’était réfugié avant de se rendre aux Ottomans qui avaient lancé leurs soldats à ses trousses.