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Actualités - ANALYSE

Dossier régional - Déjà des propositions qui sentent le piège Beyrouth plus que jamais sur ses gardes

C’est flagrant : soutenus par les Américains, les Israéliens veulent qu’on règle d’abord leur grand problème, la sécurité. Comme ils l’ont fait avec les Palestiniens, ils souhaitent que l’on signe la paix en se basant sur ce seul élément. Après quoi on verrait pour la suite. C’est ce qui ressort des déclarations de Barak, qui parle de priorité au sujet du dispositif de sécurité dont la mise en place, laisse-t-il entendre, conditionne les retraits. Dans le même ordre d’idées, un dirigeant israélien de haut rang réitère l’exigence d’un arrêt des actions du Hezbollah pour la durée des négociations. Cette formation a évidemment rejeté, encore une fois, une telle proposition. Le président Clinton quant à lui, particulièrement pressé, recommande qu’on se contente d’un accord portant sur des généralités, les détails pouvant être ensuite traités l’un après l’autre conformément à un calendrier-programme. Commentant l’approche israélo-américaine, une source diplomatique libanaise souligne que «l’exemple des accords conclus par Tel-Aviv avec les Palestiniens est pour le moins décourageant. S’entendre sur des lignes générales en laissant les détails pour la suite, c’est risquer de signer un marché de dupes. Quant au calendrier-programme proposé par les Américains, il est tout simplement inutile car Israël ne respecte jamais ni les délais fixés ni les conditions établies. Du reste, le conflit régional tout entier ne se relie pas à des principes généraux mais à des détails territoriaux précis. Certes, pour régler ces questions, il faut du temps. En négociant sérieusement, une fois pour toutes, sans rien laisser dans l’ombre, l’on aurait une paix véritable et non une bombe à retardement». Le jumelage Pour ce cadre local, qui répercute la position officielle selon laquelle seule une paix authentique peut apporter la sécurité à Israël, «l’arrêt des actions sur le terrain dépend d’un retrait total du Golan comme du Liban-Sud. Un accord sur un dispositif de sécurité est difficile à conclure. Damas ne peut pas consentir à voir sa souveraineté foulée aux pieds à travers les stations de préalerte qu’Israël veut installer en territoire syrien. De plus, comme le souligne la Syrie, de telles stations au sol sont maintenant obsolètes car l’observation se fait bien mieux par satellite ou par les appareils Awacs». Et de rappeler que «la Syrie veut que tout soit très clair sur le papier, qu’il n’y ait aucune clause pouvant donner lieu à des divergences d’interprétation et surtout qu’il y ait de vraies garanties assurant qu’Israël respecterait les délais des retraits programmés». Le diplomate indique qu’une fois la question territoriale et sécuritaire réglée, les autres points «seraient négociés à tête reposée, sans pression». Mais cela risque de prendre beaucoup de temps, car il s’agit de questions épineuses, comme le partage des eaux, le sort des réfugiés palestiniens ou encore la normalisation relationnelle qui fait l’objet de conceptions différentes… Pour ce qui est du problème libanais «la grande question est de savoir si les Israéliens vont bloquer les pourparlers, ce qui aboutirait à un retrait unilatéral de leur part, au cas où le Hezbollah ne suspendrait pas ses actions contre l’occupant. Il est cependant probable que la solution dans ce domaine découle des négociations israélo-syriennes qui de toute façon doivent précéder le volet libanais», conclut cette personnalité. Dans ce même cadre, une question se pose : le retrait israélien va-t-il être suivi par le départ des forces syriennes cantonnées au Liban ? Les autorités libanaises vont-elles demander la prorogation de cette présence syrienne pour les aider à maintenir l’ordre, surtout au Sud ? En d’autres termes, les Syriens vont-ils se porter garants directement du calme dans cette région et vont-ils rester à la demande même d’Israël ? Un corollaire L’opposition en exil a, depuis très longtemps, pris nettement position sur le sujet. Ses leaders soulignent que les forces régulières libanaises sont suffisamment étoffées et compétentes pour imposer l’ordre ainsi que la sécurité dans tout le pays. Par conséquent, il n’est nul besoin d’une aide sécuritaire ou militaire extérieure. Les opposants de l’intérieur issus du camp de l’Est adoptent pour leur part une thèse légèrement plus nuancée. À les en croire les forces syriennes doivent certes se replier sur la Békaa, conformément aux dispositions des accords de Taëf, mais sans quitter immédiatement ce pays, pour qu’on n’aille pas imaginer que le Liban les met à pied d’égalité avec l’occupant israélien. Cependant, ces opposants soulignent qu’au bout du compte, toutes les forces étrangères, la Finul comprise, devront normalement s’en aller car une fois la paix établie dans la région, la sécurité sera assurée sans peine par le biais des unités nationales. Quant aux loyalistes, pour une fois réalistes, ils font remarquer que le traitement de cette question est sans aucun doute lié aux négociations syro-israéliennes. Dès lors Beyrouth ne prendra de décision qu’en parfait accord avec Damas.
C’est flagrant : soutenus par les Américains, les Israéliens veulent qu’on règle d’abord leur grand problème, la sécurité. Comme ils l’ont fait avec les Palestiniens, ils souhaitent que l’on signe la paix en se basant sur ce seul élément. Après quoi on verrait pour la suite. C’est ce qui ressort des déclarations de Barak, qui parle de priorité au sujet du...