Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Emigration - En quête d'un point de repère L'ULCM est loin de ses années glorieuses

Peu de temps après l’accession du général Émile Lahoud à la présidence de la République, le gouvernement de M. Sélim Hoss a confié à une commission ad hoc la tâche d’examiner les moyens de réunifier l’Union libanaise culturelle mondiale (ULCM), fortement ébranlée par une profonde crise politique et d’identité qui a menacé non seulement son unité, mais son existence même. L’ULCM a été fondée sous le mandat du président Fouad Chéhab pour rassembler les émigrés libanais et leurs descendants et resserrer leurs liens avec la mère-patrie. Depuis le premier congrès des émigrés, le 15 septembre 1960, les jours glorieux n’ont pas manqué, perturbés hélas par la guerre de 1975. L’ULCM est une partie de l’histoire du Liban, peut-être la plus rayonnante. Il serait dramatique de la voir disparaître du fait de l’insouciance des uns ou de l’égoïsme des autres. Institution non gouvernementale, qui s’est voulue culturelle pour permettre à tous les émigrés et à tous leurs descendants d’y adhérer sans que cela ne contredise en quoi que ce soit les législations de leurs pays d’accueil, l’ULCM a connu ses premières vraies difficultés avec la création du ministère des Émigrés en 1993. Ce ministère a été perçu comme une volonté de la part du gouvernement libanais de l’époque de mettre un terme à l’autonomie de l’Union. Les congrès se sont alors multipliés avec pour résultat des compromis que personne ne respecte et des accords dénoncés aussitôt conclus. Actuellement, l’Union est toujours en crise et potentiellement en voie d’éclatement, à moins d’un nouveau «miracle libanais». Les émigrés libanais, notamment ceux de la seconde et de la troisième vagues, n’ont pas attendu une consigne officielle pour créer leurs clubs ou leurs ligues dans leurs pays d’accueil. L’Union des Libanais dans le monde Comme ils ont réussi leur implantation, ils ont réussi aussi leur organisation au sein de leur nouvelle société : ils se sont complètement intégrés , tout en décidant de garder des liens avec leur pays à travers les clubs et les associations qu’ils ont créés dont la plus renommée a été La fédération interaméricaine des entités libanaises (FIAL), créée à La Havane en 1959. Au Liban, les responsables avaient aussi le souci du devenir de cette force potentielle que peuvent représenter les émigrés libanais et leurs descendants pour leur mère-patrie. Sous le mandat Chéhab, le Conseil des ministres a décidé, en 1959, d’organiser au Liban un congrès pour les émigrés, durant «l’été des émigrés». Pour réussir ce premier rassemblement, un comité central pour la préparation de cette manifestation a été créé par décret promulgué en date de 1er mars 1960. C’est le président de la République lui-même qui a présidé la séance inaugurale de cette grande rencontre et c’est le président du Conseil de l’époque Saëb Salam qui a prononcé le mot du ministère des Affaires étrangères, lors de la séance de clôture. Le titulaire du portefeuille du ministères des AE était alors Philippe Takla, qui avait gardé lors de la formation du Cabinet Salam en août de cette même année ses fonctions au sein du corps diplomatique. Plusieurs décisions furent prises au cours de ce congrès, dont la création de l’Union des Libanais dans le monde. Le règlement intérieur de l’Union fut également approuvé. Les congressistes élirent un bureau exécutif chargé d’exercer, de façon intérimaire, les fonctions du Conseil mondial de l’Union, dont l’élection fut reportée à une date ultérieure. C’est le ministre des Affaires étrangères Philippe Takla qui présida cette instance intérimaire, dont les membres étaient MM. Pierre Gemayel, Sleiman al-Ali, Rafic Chahine, Maurice Gemayel, Pierre Eddé, Fouad Ghosn, Joseph Naggear, Khalil Takieddine, Fouad Bridi, directeur des émigrés, et Émile Adaïmi, président du club des émigrés. À la suite de ce congrès fondateur, d’autres congrès continentaux se réunirent un peu partout dans le monde dont le plus important se tient à Boston le 21 octobre 1962. Durant ce congrès, présidé par Philippe Takla, l’indépendance de l’Union par rapport à l’autorité libanaise fut confirmée. En effet, s’adressant aux congressistes, le ministre Takla a dit textuellement : «Je confirme , dès le départ, que le gouvernement libanais n’a aucune autorité sur l’Union et n’entend aucunement en avoir. Votre mouvement est entièrement libre de ses actions et le jour où vous tiendrez votre prochain congrès mondial à Beyrouth, le ministre des Affaires étrangères se hâtera de remettre les clés de votre siège au nouveau comité que vous aurez élu et le gouvernement libanais n’entretiendra plus avec votre organisation que des relations d’amitié, d’aide et d’encouragement». Chose promise, chose due. Le gouvernement libanais tient ses promesses et toutes les sections que la Fédération interaméricaine des entités libanaise (FIAL) qui avaient essaimé à travers les Amériques se transformèrent directement en des sections relevant de la nouvelle union des Libanais . Le congrès mondial de 1964 Sous l’impulsion du premier directeur des émigrés au ministère des Affaires étrangères Fouad Bridi, qui tient ce poste de 1947 à 1962, une grande dynamique pour la création de nouvelles sections fut lancée. Bridi consolida le règlement intérieur du secrétariat général de l’Union et organisa ses différents services . Décédé en juillet 1964, un mois avant la tenue du second congrès mondial, le bureau permanent chargea Haykal Reaïdi, secrétaire général par intérim, de la poursuite des préparatifs pour la tenue du congrès de Beyrouth, dont les réunions débutèrent le 20 août. Ce congrès fut important pour deux raisons : d’abord il consacra dans les faits l’indépendance de l’Union et ensuite parce que ce fut une expérience démocratique réussie au sein de la nouvelle institution. Deux listes briguèrent les élections pour les postes de président et de secrétaire général : la première regroupa Georges Traboulsi (Mexique) et Natalio Chidiac (Cuba), la seconde Antoine Khoury (USA), et Haykal Reaïdi, secrétaire général par intérim. C’est la première liste qui a été élue et aussitôt après, le ministre des Affaires étrangères Fouad Ammoun adressa au nouveau président une lettre dans laquelle il se déclara heureux de pouvoir lui transmettre toutes les prérogatives et les responsabilités assumées jusqu’ici par le bureau intérimaire. Ainsi s’acheva la phase création de l’Union. À partir de cette date, l’Union prit sa vitesse de croisière jusqu’en 1991, date de la première crise sérieuse dont les effets perdurent jusqu’à présent. La période que nous avons évoquée ici est celle de l’âge d’or de l’ULCM, une période qui s’est terminée non seulement pour raison de guerre, mais aussi pour des raisons de politique locale . Certains ont contesté, avec la création du ministère des Émigrés, le droit de l’ULCM à l’indépendance et même à l’autonomie. En s’attaquant à cette spécificité, les responsables officiels ont sapé les bases mêmes de cette institution qui, de rassembleuse, est devenue un objet de discorde nationale. C’est à la création du ministère des Émigrés que l’on doit cette mutation. Sont incriminés avec lui, les attachés à l’émigration dont personne ne veut plus, semble-t-il, et dont l’existence s’explique par la volonté de certains de s’approprier l’émigration libanaise. Le tout semble avoir débouché sur un blocage de l’institution et tous les efforts pour remettre la machine en marche sont restés jusqu’ici peu convaincants.
Peu de temps après l’accession du général Émile Lahoud à la présidence de la République, le gouvernement de M. Sélim Hoss a confié à une commission ad hoc la tâche d’examiner les moyens de réunifier l’Union libanaise culturelle mondiale (ULCM), fortement ébranlée par une profonde crise politique et d’identité qui a menacé non seulement son unité, mais son...