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Actualités - ANALYSE

Loi électorale - Dans l'attente du découpage La polémique bat son plein entre loyalistes et haririens

Audaces fortuna juvat : la fortune sourit aux audacieux. Et on peut rajouter : qui ne risque rien n’a rien. Ainsi c’est souvent par la provocation que les gamins capricieux obtiennent ce qu’ils veulent, parfois au prix d’une petite raclée. Aujourd’hui, même cette méthode, appliquée par les haririens, s’avère assez payante. On apprend en effet que des pôles bien placés côté décideurs laissent entendre que M. Hariri pourrait bien retrouver le chemin du Sérail. Pour peu qu’il mette un peu d’eau dans son vin, et une sourdine à des surenchères qui empoisonnent autant la vie de ces sommités que le climat politique… C’est que l’ancien président du Conseil se lance dans la bataille électorale avec une détermination sans faille. Il mobilise déjà les quartiers, multiplie les invitations collectives à dîner, en attendant les iftars du mois de Ramadan. Et surtout, il orchestre une campagne médiatique bipolaire, menée à fond de train par ses lieutenants, contre le chef du gouvernement et contre la division de Beyrouth. Ce programme d’attaque déplaît fortement aux détracteurs de M. Hariri qui l’accusent de jouer sur la fibre confessionnelle et régionaliste, en rameutant la rue beyrouthine sunnite, à gros frais de subventions, de bourses scolaires ou de cadeaux variés. Il reste que la contre-offensive de ses adversaires les plus directs, à savoir les partisans de M. Sélim Hoss, s’avère malaisée. Ils peinent en effet à réfuter cet argument haririen simple mais fort : puisque le chef du gouvernement est lui aussi contre la division de Beyrouth, il doit agir en conséquence. C’est-à-dire notifier officiellement le président de la commission ministérielle chargée d’élaborer la loi électorale, M. Michel Murr, de son refus de voir la capitale découpée. Et si le projet est quand même publié, commencer par un sit-in de protestation à son bureau et finir par un refus de contresigner le décret de transmission à la Chambre. Comme M. Hoss esquive ces perspectives, les haririens ont beau jeu de clamer qu’il est en pleine contradiction avec lui-même. En ajoutant, bien sûr, que le président du Conseil ne soigne pas assez les intérêts et l’influence de sa communauté… Cependant un ex-ministre, toujours proche de l’ancien chef du gouvernement, estime que «les haririens ont tort d’appeler M. Hoss à l’insubordination civile en l’invitant à ne pas parapher le décret. Ils se réfèrent au précédent de leur leader, qui avait agi de la sorte pour le projet de mariage civil, pourtant approuvé en Conseil des ministres. Mais cet exemple, déplorable sur le plan constitutionnel et institutionnel, ne tient pas la route en pratique. Car, dans l’affaire du mariage civil, M. Hariri bénéficiait d’un fort soutien des instances religieuses toutes communautés confondues et de la rue. De plus, M. Hariri se battait alors pour une cause d’ordre général et non particulier. Alors que rien ne peut justifier aux yeux des Libanais que le président du Conseil actuel viole le principe d’égalité simplement parce qu’il y trouve un intérêt politique ou électoral personnel. S’il devait le faire, les haririens seraient ses instigateurs, pour ne pas dire ses complices et ils seraient aussi déconsidérés que lui sur le plan populaire. C’est pourquoi, répétons-le, ils ont tort d’adopter cette tactique» conclut cet homme d’expérience. Mais un autre stratège estime pour sa part que, «dans une guerre de harcèlement, les thèmes utilisés ont beaucoup moins d’importance que les effets qu’ils provoquent. Il s’agit de pousser à bout le chef du gouvernement dans l’espoir que de guerre lasse il quitte de lui-même la barre. Nous savons parfaitement que les décideurs veulent pour leur part le maintenir en place jusqu’aux élections. Si nous pouvions obtenir qu’il prenne de lui-même l’initiative de quitter le pouvoir, nous aurions le champ libre à Beyrouth. Et de plus, M. Hariri aurait de bonnes chances de retrouver la présidence du Conseil car à notre avis les autres postulants ne font pas vraiment le poids». L’espoir est toujours permis. Mais pour le moment, M. Hoss ne se sent pas assez démoralisé ou affaibli pour démissionner. Il n’est en effet abandonné ni par les décideurs ni par les hautes autorités.
Audaces fortuna juvat : la fortune sourit aux audacieux. Et on peut rajouter : qui ne risque rien n’a rien. Ainsi c’est souvent par la provocation que les gamins capricieux obtiennent ce qu’ils veulent, parfois au prix d’une petite raclée. Aujourd’hui, même cette méthode, appliquée par les haririens, s’avère assez payante. On apprend en effet que des pôles bien...