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Actualités - ANALYSE

Le Liban change de cap sur le plan diplomatique Berry fait monter les enchères

Longtemps invariable pour cause de légitime défense, la position libanaise concernant le Sud connaît depuis Taëf d’étranges glissements. Ainsi, le président Nabih Berry, figure de proue de la région, change à son tour d’avis. Il ne veut plus de la convention d’armistice de 1949. Le président de l’Assemblée nationale s’embarque dans le sillage d’autres autorités sur la voie des surenchères. Il déclare en effet qu’Israël «n’a devant lui que deux choix, pas trois : – Appliquer la 425, se retirer inconditionnellement sans pourparlers, (sans mesures de sécurité) y compris les dispositions prévues dans la convention d’armistice. Car cette convention c’est Israël lui-même qui l’a gommée par ses invasions de 78, 82, 93 et 96. – Reprendre les négociations avec le Liban et avec la Syrie à partir du point où elles s’étaient arrêtées. Quant au Liban, poursuit le leader sudiste, il a devant lui une seule option, à trois branches : l’attachement à l’application de la 425 ; le jumelage, de volet et de destin avec la Syrie ; le rassemblement autour de la résistance». Même le président du Conseil (et ministre des Affaires étrangères) renonce désormais à la position officielle traditionnelle du Liban. Par deux fois, en effet, il a dû rectifier le tir et expliquer qu’il n’avait pas voulu dire ce que l’on a cru, quand, dans une récente interview, il avait évoqué la convention d’armistice. Ceci après s’être fait taper sur les doigts, entendre après avoir appris que ses déclarations avaient agacé les décideurs. Bref, le Liban change de cap sur le plan diplomatique. Et il lui faudra, à l’Onu ainsi que dans les grandes capitales, rectifier la position en fonction de sa solidarité, toute naturelle, avec la Syrie concernant le dossier du Golan. Le recyclage ne sera pas trop difficile : les Occidentaux, comme le soulignent les Britanniques, comprennent parfaitement et même recommandent que le Sud ne soit pas récupéré sans être lié à un package deal régional. On est maintenant très loin du temps où M. Sélim Hoss, président du Conseil libanais sous les présidents Élias Sarkis et Amine Gemayel, répétait que le Sud n’avait rien à voir avec le conflit israélo-arabe et devait être rendu très vite, indépendamment de tout. Et également loin du temps où M. Nabih Berry, à l’instar de cheikh Mohammed Mehdi Chamseddine ou encore de cet autre Sudiste qu’est le président Kamel el-Assaad, affirmait que le Liban n’avait pas à participer à la conférence de Madrid, qu’il n’était pas concerné par les problèmes régionaux et n’avait rien à négocier puisqu’il disposait de la 425. Le chemin a été parcouru pour ainsi dire à reculons: sans le Golan, aujourd’hui, le Sud n’a aucune signification pour les dirigeants de ce pays. Et on se demande suivant quelle logique ils continuent à affirmer que la 425 n’est pas associée à la 242. Certes, la convention d’armistice de 1949 est, en pratique, dépassée et, du reste, elle a été violée à plusieurs reprises par les deux parties contractantes. Mais selon certains juristes puristes, elle assure un cadre relationnel toujours valable en attendant la conclusion d’un accord de paix. Et elle offre l’avantage de «couvrir» les mesures provisoires que la 426, qui est le décret d’application de la 425, envisage sur le terrain à l’occasion du retrait israélien, avec la coopération des Casques bleus de l’Onu. Ce point de vue montre que la position officielle n’est plus comme jadis partagée par tous les Libanais. L’indéfectible unité nationale autour du Sud se trouve ébréchée dès lors que cette cause n’est plus défendue à part totalement entière par ceux qui en ont la charge. Et dont la justification est sans doute qu’il y a d’autres priorités à respecter, pour préserver l’intérêt national bien compris.
Longtemps invariable pour cause de légitime défense, la position libanaise concernant le Sud connaît depuis Taëf d’étranges glissements. Ainsi, le président Nabih Berry, figure de proue de la région, change à son tour d’avis. Il ne veut plus de la convention d’armistice de 1949. Le président de l’Assemblée nationale s’embarque dans le sillage d’autres autorités...