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Actualités - ANALYSE

Les escarmouches préliminaires se multiplient au sujet de la loi de finances Les loyalistes passent à la contre-offensive

On peut admirer la perspicacité politique naissante des technocrates : ils répètent partout que le battage de plus en plus ronflant sur les taxes qui menaçent les Libanais est orchestré par l’opposition… À partir de cette remarquable déduction, les Sherlock Holmes de l’équipe Hoss s’élancent à la contre-attaque. Mais en ordre dispersé car ils ne sont pas tout à fait d’accord entre eux, pas encore du moins, sur les priorités qui devraient colorer le projet de budget. Certains soutiennent qu’il n’y a pas moyen de faire autrement que d’augmenter les impôts indirects. D’autres qu’on peut, peut-être, sur le plan fiscal s’intéresser un peu plus aux riches, aux banques, aux sociétés, aux courtages, aux juteux dividendes… Cependant les ministres conviennent avec leur chef qu’il faut faire bonne figure devant l’opinion publique. C’est-à-dire avoir l’air uni. Ce que facilite en partie un dénominateur commun : le peu de sympathie porté aux opposants, notamment aux haririens et aux joumblattistes. Toujours est-il que le gouvernement ne veut pas être trop désarmé quand il se présentera devant la Chambre pour y défendre son projet de budget. Aussi il divise en deux sa tâche préparatoire : – Tout d’abord, le Cabinet compte, malgré le retard déjà accumulé, prendre bien son temps pour étudier lui-même en profondeur le texte élaboré par les services du ministre des Finances M. Georges Corm. Les loyalistes prévoient dès lors que le Conseil des ministres devrait consacrer à la loi de finances quatre ou cinq séances. Pour tenter d’abord de réduire autant que faire se peut le volume du budget général qui avoisine les 8 500 milliards de LL. Pour essayer ensuite d’améliorer les recettes, qui ne dépasseraient pas les 5 300 milliards de LL, par des moyens qui ne soient pas trop impopulaires, si jamais il s’en trouve. – Ensuite la claque, comme on dit dans le show business, est mobilisée à fond pour chanter les louanges du nouveau pouvoir. Tandis que les «aboyeurs», toujours comme on dit au théâtre, sont réquisitionnés en bloc pour être lancés aux basques des opposants. La contre-offensive loyaliste bat déjà son plein. Un ministre influent développe dans ce cadre les arguments suivants : – L’opposition serait d’une «mauvaise foi crasse, puisqu’elle s’en prend à un projet de loi qui n’a rien de définitif, qui sera beaucoup retouché avant d’être envoyé à la Chambre, et dont nous-mêmes ne connaissons pas encore un traître mot pour le moment». – Le gouvernement «est présenté par des vampires connus comme un ogre assoiffé de sang populaire. On fait partout courir le bruit que nous allons tondre les moutons, pressurer le contribuable, augmenter l’essence et forcer les Sudistes à payer l’électricité ou le téléphone. On cherche à détruire le capital confiance dont le nouveau pouvoir bénéficie. En répandant notamment la rumeur que les présidents Lahoud et Hoss ne seraient plus sur la même longueur d’onde, que le premier ne soutient plus totalement le deuxième. Alors même que le chef de l’État ne fait que réitérer publiquement, à toute occasion, son plein appui à la ligne que nous suivons». – Les milieux économiques «nous ont prévenus que la campagne de dénigrement et de discrédit lancée contre nous pourrait avoir des retombées négatives sur la situation économique. Les opposants, qui se démènent en réalité pour nous intimider afin que nous renoncions à ouvrir en grand les dossiers de leur gestion passée, jouent ainsi avec le feu. Ils seraient, en cas de perte de confiance à notre égard, responsables d’avoir provoqué une dégradation socio-économique». Les passes d’armes se poursuivent donc et continueront sans doute jusqu’à l’ouverture du débat sur le budget à la Chambre. Pour prendre éventuellement ensuite une tournure encore plus tendue, une fois que la loi aura été votée. Et que les Libanais sauront avec plus d’exactitude quels sacrifices ils sont appelés à consentir. Encore et toujours.
On peut admirer la perspicacité politique naissante des technocrates : ils répètent partout que le battage de plus en plus ronflant sur les taxes qui menaçent les Libanais est orchestré par l’opposition… À partir de cette remarquable déduction, les Sherlock Holmes de l’équipe Hoss s’élancent à la contre-attaque. Mais en ordre dispersé car ils ne sont pas tout à...