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Actualités - REPORTAGES

Propreté - Deux mille tonnes de déchets collectées tous les jours Sukleen, l'histoire d'une société de nettoiement(photos)

Sukleen a été ces derniers temps à l’origine de bien des rumeurs tant au niveau de ses finances que sur le plan de ses liens avec l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. Une société dont le gouvernement ouvre aujourd’hui le dossier à la recherche d’éventuelles failles. Un dossier qui est remis à la Cour des comptes dans le cadre de l’enquête sur les fonds revenant aux municipalités. Quelle est l’origine de Sukleen et comment fonctionne-t-elle ? Quelles sont les modalités du contrat signé avec le CDR ? La société Sukleen, une des filiales du groupe Sukkar Engineering, a été officiellement fondée par l’ingénieur Mayssara Khalil Sukkar qui est aussi le président de son conseil d’administration. Société privée, elle est spécialisée dans la gérance et le ramassage des ordures. Elle emploie aujourd’hui environ 2 000 personnes dont 15 % d’ouvriers étrangers et 240 ex-ouvriers de la voirie de la municipalité de Beyrouth. Les conditions de travail de ces derniers ainsi que leurs salaires ont été déterminés par contrat par le Conseil du développement et de la reconstruction. Un parc de 500 camions Suite à un appel d’offres international lancé en 1993 par le CDR sous le contrôle de la Banque mondiale, la société Sukkar Engineering a signé une série de contrats avec le CDR, donnant le jour à Sukleen. Celle-ci a débuté ses travaux en 1994, sur base d’un contrat de 3 ans, la chargeant du ramassage des ordures ménagères dans le Grand-Beyrouth, et du nettoyage de certains quartiers, moyennant 15 dollars par tonne d’ordures ramassée. L’État libanais s’était engagé à fournir à Sukleen l’équipement nécessaire pour la collecte des ordures, mais n’a fourni qu’un matériel inadéquat. La société s’est donc vu obligée d’acquérir des équipements neufs. Cinq cents camions de différentes dimensions, dont 6 % ayant jadis appartenu à la municipalité de Beyrouth, constituent aujourd’hui la flotte de Sukleen. Les camions neufs ont été importés d’Europe, et leur structure, constituée de matériel de fabrication américaine, a été montée au Liban, répondant à certaines normes propres à la composition spécifique des déchets ménagers du pays. Renouvelé pour cinq années supplémentaires, le contrat entre le CDR et Sukleen permet à cette dernière d’amortir le coût du matériel acheté. Quant à la tonne d’ordures ménagères ramassées, elle est aujourd’hui payée 22 dollars, l’évolution du coût de la tonne ayant suivi l’augmentation du coût de la vie. Au Mont-Liban Progressivement, le CDR a chargé Sukleen de ramasser les ordures ménagères de régions plus éloignées. Les camions de la société parcourent aujourd’hui 80 % du Mont-Liban atteignant les régions de Baskinta et Faraya, et y ramassent, en comptant le Grand-Beyrouth, 2 000 tonnes d’ordures ménagères quotidiennement. Ces ordures sont directement acheminées par les camions vers les usines de traitement de Sukomi, autre filiale du groupe Sukkar Engineering, chargée par l’État libanais, sur base d’un autre contrat, de trier, de recycler et d’ensevelir les ordures ménagères. Là, chaque camion est systématiquement pesé, et les déchets sont vérifiés, sous le contrôle permanent d’agents du CDR. Aujourd’hui, si les camions circulent dans les quartiers à toute heure du jour ou de la nuit, c’est parce que les habitants n’ont pas su se plier aux consignes visant à déposer les poubelles entre 17 et 20 heures. Ainsi, et conformément aux besoins de chaque région et la densité de sa population, les camions circulent une ou plusieurs fois par jour pour vider les poubelles et nettoyer les rues. Sukleen a même entrepris d’installer des poubelles pour produits recyclables dans certains quartiers de la capitale. Le premier jour, 100 d’entre elles ont été volées. Actuellement, 94 poubelles de recyclage sont installées dans quelques localités, mais la population est lente à réagir, car elle est peu sensibilisée à la nécessité du recyclage. Cependant, nul ne sait pourquoi telle région est couverte par Sukleen et pas telle autre. Nul ne sait non plus ce qu’il advient des 2 000 tonnes provenant chaque jour des autres régions du pays, c’est-à-dire des zones non couvertes par Sukleen. Car on estime à 4 000 tonnes la quantité quotidienne d’ordures ménagères déversées au Liban. Sont-elles ramassées par les municipalités des villages, viennent-elles s’amonceler le long des rues, ou sont-elles carrément jetées dans les vallées et les lits des fleuves ? A-t-on déjà oublié les accidents graves causés par la fumée dense dégagée par les ordures ménagères qui brûlaient au bord des routes dans le Akkar, l’année passée ? Si Sukleen est aujourd’hui chargée de ramasser une partie seulement des déchets ménagers du pays, aucun programme n’est entrepris par le gouvernement pour le ramassage ou le traitement des ordures des autres régions. Aucun plan n’est prévu non plus concernant les déchets hospitaliers, ceux des boucheries, ou les déchets industriels. Même s’ils ne constituent que 5 % approximativement du volume total des déchets du pays, ceux-ci sont certainement plus dangereux et plus toxiques. Surtout lorsqu’ils sont jetés dans la nature.
Sukleen a été ces derniers temps à l’origine de bien des rumeurs tant au niveau de ses finances que sur le plan de ses liens avec l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. Une société dont le gouvernement ouvre aujourd’hui le dossier à la recherche d’éventuelles failles. Un dossier qui est remis à la Cour des comptes dans le cadre de l’enquête sur les fonds revenant...