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Actualités - CHRONOLOGIE

Scandale financier - Dilapidation de fonds publics et malversations au ministère du Pétrole Barsoumian placé en garde à vue avec six autres personnes (photos)

Pour la première fois dans les annales judiciaires libanaises, un ministre est placé en garde à vue pour malversations financières. Soupçonné de «dilapidation de fonds publics», M. Chahé Barsoumian, ancien ministre du Pétrole, a été placé hier en garde à vue en même temps que l’ancien directeur général du ministère, M. Nicolas Nasr, et cinq autres personnes : deux fonctionnaires du ministère, le directeur de la raffinerie de Zahrani, le chauffeur de l’ancien ministre et le propriétaire de la compagnie qui importait les carburants pour le compte de l’État. L’enquête préliminaire sur le scandale financier au ministère du Pétrole progresse à vue d’œil sans qu’on sache jusqu’à présent si elle va, en définitive, permettre de découvrir tous les dessous de ce scandale. Dans les milieux proches du Palais de Justice, on s’attend à ce que le procureur général financier, M. Khaled Hammoud, publie incessamment ses conclusions dans cette affaire. M. Hammoud qui, selon toute vraisemblance, engagera des poursuites contre l’ancien ministre, doit ensuite transmettre le dossier au premier juge d’instruction de Beyrouth, M. Saïd Mirza. L’affaire avait commencé, comme on le sait, par une plainte déposée il y a un mois par la Falcon international, une compagnie d’importation de Pétrole, au sujet d’une vente de pétrole léger sous le label «de résidus pétroliers», qui aurait fait perdre des millions de dollars au Trésor. De fil en aiguille, le Parquet financier a pu mettre la main sur un véritable trafic d’influence au ministère du Pétrole, selon des sources proches du dossier de l’enquête. Il semble que les abus ne se limitent pas à la vente de prétendus résidus pétroliers évalués à 7 dollars la tonne au ministère et revendu à 80 dollars à la raffinerie de Houston. Grâce au témoignage des nombreuses personnes qu’il a entendues au cours des deux dernières semaines, le juge Hammoud aurait constitué trois dossiers : Il y a d’abord la vente de pétrole léger sous le label «résidus pétroliers». Il y a ensuite le nettoyage des installations de Zahrani qui aurait coûté à l’État un million de dollars et qui aurait été effectué en sous-traitance par une autre compagnie en échange de 40 mille dollars. Last but not least, les autorités judiciaires auraient appris que des carburants qui ne répondent pas aux normes internationales de qualité étaient importés. Barsoumian explose Mais, pour l’heure, les investigations portent sur l’affaire des résidus pétroliers. Le juge Hammoud a entendu à 9h M. Barsoumian. L’audience a duré près d’une heure et demie, après quoi M. Hammoud a ordonné la mise en garde à vue de l’ancien ministre. M. Barsoumian a été directement conduit au dépôt du Palais de Justice, escorté de gendarmes, mais sans menottes aux poignets. Le visage crispé, l’ancien ministre a littéralement explosé lorsqu’une journaliste a tenté de lui arracher un commentaire. Et c’est en hurlant qu’il a demandé aux correspondants de presse de le laisser en paix. M. Barsoumian, rappelle-t-on, a été deux fois ministre du Pétrole dans les gouvernements de M. Rafic Hariri. Plus tard, le procureur général a recueilli pendant quatre heures et demie la déposition de Nicolas Nasr, ancien directeur général du ministère. Il a ensuite entendu successivement Wadad Saadé, chef du département des opérations commerciales, Khalil Kambris, directeur général de la raffinerie de Zahrani, Badaoui Semaan, chef du département des affaires financières et économiques au ministère du Pétrole, Sarkis Kouyoumjian, chauffeur du ministre et Nagi Azar, propriétaire de la compagnie qui importait les carburants pour le compte de l’État. Tous ont été placés en garde à vue sur ordre du juge qui a ensuite entendu trois autres personnes dont l’identité n’a pas été toutefois révélée. Les trois ont été relâchés sous caution d’élection de domicile. Quant aux chefs d’accusation qui seraient retenus contre l’ancien ministre, ils portent sur la dilapidation de deniers publics et la conclusion d’accords illégitimes (des contrats de gré à gré) entraînant d’importantes pertes financières pour le Trésor. MM. Nasr et Azar sont considérés comme étant complices. Wadad Saadé est accusée d’abus de pouvoir, Khalil Kambris de négligence et Badaoui Semaan de trafic d’influence. Quant au chauffeur du ministre, il doit être poursuivi pour corruption. Sarkis Kouyoumjian est accusé d’avoir accepté un pot-de-vin de sept mille dollars en échange d’une formalité que le ministre devait signer. Selon des sources judiciaires, l’arrestation préventive n’a été ordonnée que lorsque le Parquet financier s’est assuré que les prétendus résidus pétroliers étaient en fait du pétrole brut et que les résultats des analyses de laboratoire avaient été falsifiés. L’enquête menée la semaine dernière par le bureau de répression des fraudes fiscales auprès des différents départements du ministère du Pétrole a en effet permis au procureur financier d’élucider plusieurs zones d’ombres dans cette affaire. Ce bureau, rappelle-t-on, avait été chargé de procéder à un relevé exhaustif de toutes les opérations d’importation et de réexportation de produits pétroliers, avec les quantités, les dates, les prix et les noms des bénéficiaires depuis 1996 à ce jour. Son enquête a aussi permis au Parquet financier de s’assurer que des carburants ne répondant pas aux normes internationales de qualité avaient été introduits au Liban moyennant de faux documents et que du fuel avait été frauduleusement exporté à partir de la raffinerie de Zahrani. M. Barsoumian et ses compagnons doivent passer 24 heures dans le dépôt du Palais de Justice. Il s’agit du délai légal de la mise en garde à vue. D’où les informations selon lesquelles M. Hammoud déférera aujourd’hui le dossier de l’enquête au premier juge d’instruction de Beyrouth. Il n’en demeure pas moins que le procureur peut prolonger la durée de l’arrestation préventive s’il juge cette mesure nécessaire pour son enquête.
Pour la première fois dans les annales judiciaires libanaises, un ministre est placé en garde à vue pour malversations financières. Soupçonné de «dilapidation de fonds publics», M. Chahé Barsoumian, ancien ministre du Pétrole, a été placé hier en garde à vue en même temps que l’ancien directeur général du ministère, M. Nicolas Nasr, et cinq autres personnes : deux...