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Actualités - ANALYSE

Loi de finances - La coopération du Législatif mise à l'épreuve Un obstacle à éviter : l'étirement des débats

On ne peut jamais jurer de rien, mais la cause paraît entendue : la Chambre va adopter un profil bas durant le débat sur le budget et ne pas trop pinailler. Pour la bonne vieille raison que c’est ce que veut le suzerain sous la bannière duquel galopent de concert loyalistes et opposants. Dès lors, en bonne logique, le débat, qui tourne à la simple formalité après approbation des chiffres en commission, devrait être écourté. L’intérêt national le commande : la mise en place du budget de l’État, qui a déjà beaucoup tardé, doit en principe permettre de décrisper un peu la congestion économique. On sait en effet que de larges pans de production ou de travaux soumissionnés sont liés aux crédits publics. Ceci sans compter le facteur, primordial, de la confiance et de l’attitude positive qu’entraîne l’approbation du plan de redressement gouvernemental. Mais il faut redouter la logorrhée parlementaire. Un phénomène organique aggravé par l’apparition de la télévision. Les députés ont en effet là une occasion, peu fréquente, de se produire à satiété devant les caméras. Ils en usent et en abusent, ce qui risque de faire beaucoup traîner les choses si le speaker de l’Assemblée n’y met pas le holà. Une anecdote vraie : à l’occasion d’un débat budgétaire il y a quelques années, un député médecin avait choisi de parler du médicament simplement parce qu’il y avait peu de concurrence verbale à redouter sur ce créneau technique, et qu’il était sûr de s’y faire remarquer. Ce parlementaire a si bien réussi à sortir de l’anonymat qui sangle la plupart de ses pairs qu’il est devenu, depuis lors, un spécialiste incontournable du dossier pharmacologique. Le champion d’une cause populaire. Cependant, les cas où le désir de se distinguer débouche sur des résultats aussi positifs sont rares. En général, les députés, si l’on excepte quelques ténors, pérorent pendant des heures sur des sujets d’un intérêt relatif et dévident à qui mieux mieux d’ineptes clichés ou des idées creuses. C’est dans le traitement précis de ce problème que l’Exécutif attend la coopération du président de la Chambre. Ce dernier ne peut certes pas comprimer le temps de parole accordé à chaque orateur. Mais il dispose de certains moyens de persuasion préventive, pour accélérer le rythme. Comme les listes de voyages aux frais de la princesse et autres petites gâteries réservées aux bons élèves… Toujours est-il que, si tout le monde convient que la transparence est améliorée dans le projet de budget, c’est dans les mois qui viennent qu’on pourra juger de l’efficacité effective du gouvernement. L’enjeu est de taille : il faut réduire le déficit, freiner la hausse de l’endettement public et faire redémarrer l’économie. Soucieux de ne pas faire de fausses promesses, les dirigeants précisent que le redressement, le retour à un niveau normal, prendra au moins trois ans. Mais c’est dès la fin de l’exercice financier, comptable et fiscal de l’année en cours qu’on saura si c’est vraiment la bonne stratégie qui a été adoptée. Parce que, nonobstant la volonté générale de soutenir l’effort gouvernemental en mettant une sourdine aux observations critiques, la réalité des chiffres est si dure que beaucoup se demandent, in petto, si le pouvoir a bien fait de renoncer au budget révolutionnaire qu’il voulait initialement élaborer. En d’autres termes, certaines causes directes du problème d’ensemble restent occultées, alors que l’on en met d’autres en avant. La corruption, la gabegie, les détournements de fonds, le gaspillage sont ainsi dénoncés comme facteurs de ruine. C’est indéniable, mais il y a aussi le clientélisme et le suremploi dispendieux auquel se trouve acculé un État bien obligé de donner de quoi vivre à des Libanais éliminés de leur propre marché par une main-d’œuvre inamovible. Qui plus est pompe ici chaque jour plus d’un million de dollars pour l’expédier dehors. Ces questions ne sont pas abordées dans le plan de redressement. Il faudra donc voir si ce programme peut aboutir –c’est possible car, en économie, on ne sait jamais ce qui fonctionne – sans le traitement de tels fardeaux. Il faudra aussi voir si la caisse de donations créée sous forme d’un compte en banque – comme les associations de charité ! – portera ses fruits. Parallèlement à ce qu’on appelle, techniquement à tort, les privatisations. Deux expédients qui peuvent servir une fois mais guère plus. Mais après tout, ce que le pouvoir veut, c’est gagner un peu de temps, pour pouvoir souffler un peu. En espérant qu’ensuite les choses commenceront à s’arranger d’elles-mêmes. Une fois la paix amorcée dans la région.
On ne peut jamais jurer de rien, mais la cause paraît entendue : la Chambre va adopter un profil bas durant le débat sur le budget et ne pas trop pinailler. Pour la bonne vieille raison que c’est ce que veut le suzerain sous la bannière duquel galopent de concert loyalistes et opposants. Dès lors, en bonne logique, le débat, qui tourne à la simple formalité après approbation...