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Actualités - ANALYSE

Le cas de Joumblatt est significatif Aux yeux des décideurs, le régime reste une ligne rouge

Le cas de M. Walid Joumblatt prouve, si besoin était, que le soutien de Damas au régime Lahoud reste total. Au point qu’après une rencontre à Anjar avec le général Ghazi Kanaan, donc sans même que l’affaire ne remonte sur les rives du Barada, le leader du PSP s’est résigné à mettre de l’eau dans son vin et à faire publiquement machine arrière, après les violentes attaques qu’il avait lancées contre le pouvoir. Bien évidemment les dirigeants s’en félicitent. «Contrairement à M. Hariri, souligne l’un d’eux, M. Joumblatt a commis l’erreur de ne pas faire de distinguo entre la présidence de la République et le gouvernement. Il est permis de s’en prendre au Cabinet, mais pas au chef de l’État. Les critiques dirigées contre les ministres sont autorisées et c’est à l’opinion de juger si l’opposition ainsi exprimée est utile, justifiée ou non». Ce responsable estime que «l’on doit éviter de s’attaquer à une instance qui est au-dessus de la mêlée». Ce à quoi un opposant répond que «Baabda prend publiquement fait et cause pour l’actuel gouvernement, ce qui en fait une partie au conflit. Nonobstant ce fait, dûment établi, nous nous abstenons effectivement d’attaques contre la présidence de la République. Et M. Joumblatt vient de s’engager à nous imiter». Toujours est-il que, selon le loyaliste, «les temps où l’on tirait à boulets rouges sur la présidence de la République pour faire un étalage de muscles, prouver sa force, sont révolus. Le président Lahoud est résolu à mettre un terme à de telles pratiques. Parce qu’il est important pour les institutions que l’autorité, l’immunité et le prestige de la première magistrature, fonction éminemment arbitrale, soient respectés de tous. C’est d’ailleurs là un principe démocratique suivi d’instinct, dès les premiers temps, par les leaderships de ce pays. Ainsi, quand un front s’était constitué contre le pouvoir sous Béchara el-Khoury, ses piliers évitaient soigneusement de s’en prendre nominalement au chef de l’État, alors même qu’ils s’efforçaient de le renverser. Le respect dû à la présidence de la République s’adresse en réalité à l’État qu’elle symbolise, tandis que le drapeau symbolise la nation. Et c’est bien pourquoi le portrait du président de la République est affiché en tout lieu officiel. Les caricaturistes, par exemple, prenaient soin de ne montrer le président Fouad Chéhab que de dos. Et les journaux étaient poursuivis en justice quand ils critiquaient le régime». Ce qui était pousser un peu trop loin le sens du respect démocratique dû à un État qui n’est pas, après tout, de droit divin. C’est d’ailleurs ce que semble penser le président Lahoud lui-même qui a déclaré d’entrée de jeu que jamais pour sa part, il ne ferait poursuivre un journaliste pour délit d’opinion. Quoi qu’il en soit, la personnalité gouvernementale reprend en rappelant que , «dans son discours d’investiture, le président Lahoud s’est engagé à respecter la Constitution et les lois, ajoutant que le législateur a voulu que le chef de l’État soit au-dessous de la loi, pour que nul ne puisse prétendre être au-dessus. La Constitution précise que le président de la République est le chef de l’État, qu’il symbolise l’unité du pays, garantit le respect de la loi fondamentale, la préservation de l’indépendance du Liban, de son unité et de son intégrité territoriale. Il préside le Conseil des ministres quand il le souhaite, et s’il ne participe pas au vote, c’est pour garder un rôle d’arbitre. Il n’est responsable que s’il viole la Constitution ou commet un acte de haute trahison. Tout cela signifie que c’est le président du Conseil et le gouvernement qui, étant responsables, sont seuls attaquables, si l’on peut user de ce terme. Il faut donc que les opposants prennent garde à ne pas attaquer la présidence de la République». Certes mais non pas pour des raisons juridiques dont personne n’a songé à exciper du temps de M. Hraoui. Mais pour des raisons politiques. Comme l’a si bien compris M. Joumblatt, une fois que le message lui a été délivré. Tandis que de son côté, sans doute pour les mêmes raisons politiques inspirées par les décideurs, M. Hariri annonçait qu’il était contre le départ rapproché de l’actuel gouvernement.
Le cas de M. Walid Joumblatt prouve, si besoin était, que le soutien de Damas au régime Lahoud reste total. Au point qu’après une rencontre à Anjar avec le général Ghazi Kanaan, donc sans même que l’affaire ne remonte sur les rives du Barada, le leader du PSP s’est résigné à mettre de l’eau dans son vin et à faire publiquement machine arrière, après les violentes...