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Actualités - REPORTAGES

Communauté Peuple sans terre condamné à l'exil Une centaine de milliers de kurdes établis au Liban (photos)

L’arrestation d’Abdullah Öcalan, chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a remis au premier plan de l’actualité la situation des Kurdes. Ils seraient plus de 40 millions dans le monde, vivant dans la région du Kurdistan (Turquie, Syrie, Irak et Iran) ou en exil, notamment en Europe et au Moyen-Orient. Peuple sans terre depuis la fin de la Première Guerre mondiale, les Kurdes ont une langue (mélange de perse et de latin), des traditions et une culture propres. Sunnites pour la plupart, ils comptent dans leurs rangs des minorités chiite, chrétienne ou mazdéenne. Au Liban, ils sont environ cent mille. Certains, installés dans le pays depuis longtemps, ont reçu la nationalité avec le recensement de 1932. D’autres, habitant le pays depuis une cinquantaine d’années, ont été naturalisés en 1994. Une autre partie, fuyant le Kurdistan turc ou irakien, vit au Liban sous d’autres nationalités. L’exode des Kurdes vers le Liban a commencé durant les années vingt, après le Traité de Sèvres (1920) qui a défini notamment les frontières entre la Turquie, la Syrie et l’Irak. Une clause du traité prévoyait l’autonomie du Kurdistan. Clause, passée sous silence lors de la conclusion du Traité de Lausanne (1923), qui a partiellement remplacé celui de Sèvres. «La plupart des Kurdes installés au Liban sont originaires du Kurdistan turc», note M. Ghazi Khamis, vice-président de l’unique parti kurde libanais, le Reskari. «C’est dans un piteux état que les Kurdes sont arrivés au Liban, au lendemain de la Première Guerre mondiale», indique-t-il. Les premiers arrivants se sont installés à Beyrouth (Aïn Mreissé, Zokak el-Blat, Mazraa et Basta). Dans la banlieue de la capitale, ils ont formé des quartiers à Bourj-Barajné, à Bourj-Hammoud et à Nabaa. On note également une présence kurde au Liban-Nord (Tripoli) et dans la Békaa (Bar Élias et Khiara). Pour parvenir à subsister, ils sont devenus marchands de légumes et de fruits puis, avec le temps, grossistes. «Ce sont les Kurdes qui ravitaillent les souks en légumes et en fruits, à proximité de la Cité sportive», affirme le vice-président du Reskari, en soulignant également que «beaucoup de Kurdes de la deuxième génération ont eu accès à l’éducation et sont devenus médecins, ingénieurs, et avocats». D’autres tiennent de petits commerces (électroménagers, épiceries, bijouteries, etc.). Partisans d’Öcalan Selon M. Khamis, le Reskari est l’unique parti kurde libanais. Une dizaine d’associations culturelles et caritatives ont été créées à Beyrouth, telles que le Nûroz ou l’Association culturelle kurde. Une revue kurde est publiée périodiquement dans la capitale : Sorgul (la Rose rouge). Comme toutes les minorités de la région, les Kurdes se marient entre eux. Et c’est très souvent que l’on retrouve des familles établies au Liban et dont les deux conjoints sont originaires de différentes parties du Kurdistan (Turquie, Syrie, Irak, Iran). Les trois partis kurdes les plus influents et qui ont des partisans au Moyen-Orient et en Europe (le PKK-présidé par Öcalan, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) présidé par Massoud Barazani et l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) présidée par Jalal Talabani) auraient tous des ramifications au Liban. C’est le PKK cependant qui aurait le plus de supporters au Liban et cela pour plusieurs raisons. Les actions militaires du parti ont pour terrain le Kurdistan turc, enclave dont la plupart des Kurdes installés au Liban sont originaires. De plus, de 1980 à 1992, Öcalan était présent au Liban, il y a combattu auprès des Palestiniens et il a créé son propre camp militaire dans la Békaa. Beaucoup de Kurdes établis au Liban ont donc connu personnellement Apo (l’oncle). Plusieurs membres de la communauté nés au Liban se sont entraînés dans les camps de la Békaa, pour aller combattre plus tard, via la Syrie, dans le Kurdistan turc. Certains, bénéficiant de la nationalité libanaise, y ont perdu la vie. Durant la guerre du Liban, beaucoup de Kurdes établis dans le pays ont émigré vers l’Europe, notamment l’Allemagne, la Suède et le Danemark. Peuple sans terre, les Kurdes sont condamnés à l’exil, sans jamais arrêter de caresser le rêve de bénéficier un jour d’un territoire indépendant et unifié, «qui regroupera les Kurdes du monde entier», tel que l’indique une complainte nationaliste. Aujourd’hui, les Kurdes du Liban observeront un sit-in devant le Parlement. Hier, ils ont reçu le soutien de plusieurs personnalités, notamment le ministre des P et T Issam Naaman et des députés Walid Joumblatt, Hussein Yatim, Bahaeddine Itani et Yéghia Djerdjian, qui ont tous condamné l’arrestation, à Nairobi, du chef du PKK.
L’arrestation d’Abdullah Öcalan, chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a remis au premier plan de l’actualité la situation des Kurdes. Ils seraient plus de 40 millions dans le monde, vivant dans la région du Kurdistan (Turquie, Syrie, Irak et Iran) ou en exil, notamment en Europe et au Moyen-Orient. Peuple sans terre depuis la fin de la Première Guerre...