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Actualités - REPORTAGES

Concert à l'Unesco - Cyprien Katsaris : In memorian Chopin Fastueuse célébration (photos)

Troisième volet – étape d’ailleurs bien attendue par tous les amateurs des touches d’ivoire – de cet hommage à Walid Akl. Ceux qui avaient écouté Cyprien Katsaris dans un concert donné il ya quelque temps dans la grotte de Jeita ne sont pas près d’oublier son éblouissante prestation. Aujourd’hui, en artiste de l’Unesco pour la paix, il revient à Beyrouth pour servir le souvenir de Walid Akl, pianiste inspiré disparu, hélas, il ya bientôt deux ans, de notre paysage musical. Au programme, fastueusement et amoureusement concocté, (intégralement donné en octobre dernier au Carnegie Hall de New York), exclusivement réservé à Chopin (portant en titre d’ailleurs in memoriam Chopin) des œuvres belles à couper le souffle. Bravoure, intensité, rêverie, brillance, virtuosité, sensibilité, poésie, romantisme absolu, tout le prestige des plus remarquables et prodigieuses pages du répertoire pianistique étaient au rendez-vous ce soir-là au palais de l’Unesco où une foule nombreuse était venue applaudir ce vibrant doublé alliant la musique de Chopin au souvenir du virtuose de Méhaithe. Fervente célébration (gâtée toutefois par un piano défectueux aux sonorités impensables !) et ouverture, en grande pompe et gravité, avec «la marche funèbre» op 72 n°2 de ce voyageur polonais au cœur constamment en écharpe. Narration inquiétante, angoissante mais portée aussi avec des passages ailés et d’une confondante sérénité que l’immense talent du pianiste a su restituer malgré la déplorable qualité du piano. Plus léger, plus «distancié» est ce prélude op 28 n°17 qui a succédé aux sombres idées de la mort. Comme un ciel qui s’éclaircit progressivement de ses nuages menaçants, place à ce lumineux fantaisie – impromptu op 66 suivi de la cotonneuse et insaisissable berceuse op 57 et d’une Mazurka toute virevoltante. Plus déterminée, plus martiale, plus virile est cette «polonaise militaire» op 40 n°1 aux accords somptueux (mais avec des graves qui font «gong» sur ce piano désaccordé), à la sonorité magistralement tonnante et à la tension mélodique et harmonique si puissante, si subjugante. Le nocturne op 9 n°2 est venu répandre un baume réconfortant de calme et sérénité effleuré par la tourmente du passager de la Chartreuse de Valdemosa sur les auditeurs avec ses phrases longues et agrémentées d’idées accessoires. Courte rêverie aux sortilèges multiples où les notes en cascades scintillent parfois comme des lucioles dans le velours de la nuit... Et pour terminer la première partie de ce programme à la narration si voluptueusement romantique, la fantaisie op 49 où pour reprendre les formules de Proust s’étendent, en vous touchant à la pointe du cœur, «les phrases au long col sinueux et démesuré de Chopin, si libres, si flexibles, si tactiles...». Après l’entracte, comme un cycle qui se referme, ou un discours qui se clôt, retour aux premières notes évoquant à nouveau la mort, cet ange aux ailes effroyablement déployées, cette faucheuse imprévisible et sournoise, avec la «marche funèbre», un extrait de la sonate n°2 op 35 cette fois ci. Admirable troisième mouvement, poignant et terrible avec ces quelques premières mesures évoquant un pas lourd et chargé de deuil et dont l’accompagnement principal est constitué par des accords alternés. Pour terminer cette longue et belle promenade à travers les pages du plus illustre des princes du clavier, la sonate n°3op 58 avec ses quatre mouvements (allegro maestoso, scherzo, largo et finale) dans un impétueux torrent de notes aux chromatismes liquescents et échevelés. Alliant une narration majestueuse aux murmures les plus inaudibles, mêlant déferlements et accords bondissants (ou brisés et successifs) aux envolées harmoniques les plus audacieuses et les plus passionnées, joignant les colères les plus insensées aux confidences à contre-jour, cette œuvre grandiose faite de bravoure et de nuance est restituée ici dans une version d’une maîtrise absolue. Maîtrise doublement appréciée de l’immense talent de Cyprien Katsaris qui, malgré ce piano aux sonorités d’épinette, a pu nous garder sous l’emprise de sa coupe et son jeu, nous émouvoir, nous séduire, nous faire aborder sur des rives ensoleillées... Un concert littéralement transcendantal, au sens propre et au figuré.
Troisième volet – étape d’ailleurs bien attendue par tous les amateurs des touches d’ivoire – de cet hommage à Walid Akl. Ceux qui avaient écouté Cyprien Katsaris dans un concert donné il ya quelque temps dans la grotte de Jeita ne sont pas près d’oublier son éblouissante prestation. Aujourd’hui, en artiste de l’Unesco pour la paix, il revient à Beyrouth pour...