Rechercher
Rechercher

Actualités - INTERVIEWS

Présidence du Conseil - Le Premier ministre sera de retour jeudi Hoss : beaucoup de liberté mais peu de démocratie

Le chef du gouvernement poursuit sa visite en Arabie séoudite et se trouvait hier à Médine. Il participera à partir de ce soir à la réunion des gouverneurs de la Banque islamique de développement (BID), dont il occupera la présidence tournante. Le président du Conseil sera reçu demain en audience par le roi Fahd et rentrera jeudi au Liban. Avant son départ, M. Hoss a accordé une interview à Télé-Liban dans laquelle il a donné son avis sur les principaux sujets de l’heure. Rien de particulièrement nouveau, mais le caractère exhaustif de l’entretien lui a permis d’émettre quelques remarques percutantes. Sur la démocratie et les libertés, M. Hoss a répété en substance : Il y a beaucoup de liberté au Liban, mais la démocratie ne se porte pas bien. Elle n’existe que là où l’égalité des chances est assurée et où les comptes sont demandés aux responsables politiques. Beaucoup de facteurs, en particulier le confessionnalisme, faussent le principe de l’égalité des chances. Par ailleurs, les comptes ne sont pas demandés. Certains des grands acteurs de la crise nationale de 1975-90 se sont présentés aux élections, ont été élus et sont devenus ministres. Personne ne s’est posé la question élémentaire de savoir qui sont les responsables des crises qui ont dévasté le Liban. «Qui donc oserait poser pareille question ?», M. Hoss répond : «Toujours est-il que personne ne l’a posée. Au niveau de l’administration, les comptes ne sont demandés que dans une faible mesure. Nous tentons de placer le pays dans un contexte plus sain». Les réalisations du gouvernement ? M. Hoss les énumère comme suit : - La fin de la Troïka. Il n’y a plus, au niveau de la praxis politique, de troïka, ce qui n’est pas peu, compte tenu du fait que cette pratique a dominé le pays depuis le début des années 90. - Le projet de budget : nous avons préparé et présenté deux budgets en 10 mois. - Un plan de redressement financier. La transmission de dossiers administratifs à la justice. Contrairement à ce qui se dit, nous n’avons déféré personne en justice, mais des dossiers, laissant à la magistrature entière liberté d’appréciation («Nous transmettrons tout nouveau dossier qui mérite de l’être, dès que son examen sera achevé. Il n’existe pas de lignes rouges pour nous»). – Un siège permanent pour le Conseil des ministres. – Un plan de développement prenant en compte la priorité de la question sociale et le développement équilibré des régions. Ne pas toucher aux libertés M. Hoss déplore qu’une partie de l’opposition actuelle ne soit pas constructive. «D’aucuns se caractérisent même par un style agressif, outrageant et diffamatoire», dit-il. Selon lui, ceux-là sont tout à fait libres, «mais ce n’est pas ainsi que l’on construit une véritable démocratie, sans compter que certains au sein de cette opposition induisent les gens en erreur», a précisé le chef du gouvernement. Pour le président Hoss, il ne fait aucun doute que «l’argent a joué un rôle essentiel au cours des dernières années sur tous les plans, y compris l’information. Je n’en dirai pas plus», déclare-t-il. Commentant l’allusion du dernier Conseil des ministres au tort que fait la Future TV à l’image du Liban à l’étranger, M. Hoss affirme : «Dieu nous en garde ! Nous ne prendrons jamais une mesure susceptible de porter atteinte aux libertés». Il estime toutefois que l’image négative du Liban diffusée à l’étranger par satellite nuit aux investissements et au tourisme dans le pays. À la question de savoir si le gouvernement prendrait des mesures légales à l’encontre de ces médias, le Premier ministre répond : «Nous continuerons à faire appel à leur conscience, mais nous ne toucherons jamais aux libertés». M. Hoss ne se fait pas d’illusions quant à l’influence que l’argent continuera d’avoir lors des prochaines législatives «si nous ne mettons pas certaines limites comme, par exemple, l’imposition d’un plafond aux dépenses électorales». Le chef du gouvernement s’excuse du retard mis dans l’élaboration de la loi électorale qui aurait dû être achevée un an avant l’échéance. «La question ne relevait pas de nous car on ne peut prendre une décision à ce sujet sans être parvenus à un consensus», affirme-t-il avant d’ajouter : «Il est facile de préconiser une division par mohafazat… On découvrirait alors que tout découpage de ce genre renforcerait les divisions confessionnelles et sectaires». Et d’ajouter : «Je ne crois pas que l’existence des communautés religieuses soit une mauvaise chose ; c’est au contraire une source de richesse à condition qu’on ne verse pas dans le confessionnalisme». Comment espérer sortir du problème du confessionnalisme dans un pays où tout un chacun en fait commerce ? À cette question, M. Hoss répond : «Nous faisons confiance à l’exercice de la démocratie». Les rapports avec les présidents À propos des trois présidents de la République avec lesquels il a été appelé à collaborer, le Premier ministre déclare : «Le président Sarkis était l’un de mes meilleurs amis ; il était probe et foncièrement bon. Sous le président Amine Gemayel, j’ai été appelé à revenir à la tête du gouvernement après la disparition tragique du regretté Rachid Karamé,en 1987 et jusqu’après Taëf. Ce fut une période marquée par le boycottage. Quant au président Hraoui, c’est sans conteste un homme aimant, profondément patriote. Je garde de lui d’excellents souvenirs». S’agissant du général Émile Lahoud, M. Hoss le décrit comme un dirigeant honnête, désintéressé, ce qui, dit-il, fait sa force. Et d’ajouter : «Mes rapports avec lui sont excellents». Abordant le sujet de la situation au Liban-Sud, le chef du gouvernement affirme : «Nous ne pouvons nous hasarder à formuler le moindre pronostic sur les intentions réelles d’Israël. Après avoir annoncé que son armée se retirera en juillet de l’an 2000, Ehud Barak s’est ravisé pour assortir un tel retrait d’un accord avec le Liban. Pour notre part, nous continuons de réclamer l’application pure et simple de la résolution 425 du Conseil de sécurité de l’Onu». Le président Hoss a démenti les rumeurs qui avaient circulé à l’époque, faisant état de «la colère» de Madeleine Albright à la suite de l’entretien qu’elle avait eu avec lui. «Laissez-moi vous dire simplement que j’ai reçu il y a quelque temps un message dans lequel la secrétaire d’État américaine disait comprendre les inquiétudes libanaises et en tenir compte», révèle-t-il. Il dément en outre que Washington ait réclamé «la tête» de la Résistance, plus exactement une mise au pas du Hezbollah : «Tout ce que les Américains réclament, c’est que l’on calme le jeu», dit-il. À propos des pourparlers palestino-israéliens, M. Hoss juge que l’Autorité palestinienne s’est trop avancée et a donné plus qu’elle n’a reçu. Quant à l’implantation, nous sommes d’accord avec les Palestiniens et sur son refus, conclut-il.
Le chef du gouvernement poursuit sa visite en Arabie séoudite et se trouvait hier à Médine. Il participera à partir de ce soir à la réunion des gouverneurs de la Banque islamique de développement (BID), dont il occupera la présidence tournante. Le président du Conseil sera reçu demain en audience par le roi Fahd et rentrera jeudi au Liban. Avant son départ, M. Hoss a...