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Actualités - REPORTAGES

Concert - Ya Hawa, Kandil, Sanarjaou et Zourouni résonnent au coeur des Etats-Unis Feirouz à Las Vegas, un îlot libanais de bonheur (photo)

Encore une fois, l’alchimie a eu lieu. Le 15 mai dernier, Feirouz a communié avec les quelque douze mille admirateurs venus l’écouter à Las Vegas. Le temps d’un concert historique, en cette fin de millénaire. Le temps aussi de créer un pont intemporel entre le pays des Cèdres et les États-Unis. Huit heures. La scène, habillée d’un imposant tapis rouge, est encore vide. Il faut attendre encore quelques minutes. Petit à petit, tandis que le public afflue par dizaines de grappes, l’orchestre et le chœur se préparent. Lentement, le tableau s’anime. S’illumine. Traduisant une fièvre patiemment accumulée, les applaudissements font résonner la gigantesque aréna du MGM de Las Vegas. Véritable fierté locale, cette forteresse du divertissement sans bornes est «le plus grand hôtel du monde», comme l’aiment à le préciser tous ceux qui y sont rattachés. Casinos, magasins de luxe, restaurants et autres orchestres et animations de tout genre excitent l’œil et le porte-monnaie. Le cadre est époustouflant. Mais voilà que la vingtaine de musiciens entament les hymnes américain et libanais. Magnifique image que de voir les quelque onze mille spectateurs venus des quatre coins des États-Unis ou même du Proche-Orient se lever comme un seul homme pour le premier. Parmi eux, le président Amine Gemayel remarqué par nombre de spectateurs attentifs à ce qui se passe «autour». L’émotion grandissante est à son paroxysme lorsque ce chœur inattendu de milliers de voix entonne le Koulounna. Cette «sensation de solidarité entre tous ces Libanais réunis au cœur des États-Unis m’a profondément ému», dira Karim, jeune ingénieur venu de New York pour l’occasion. Un éternel mystère Mais déjà, Feirouz est là, humble, saluant l’auditoire, avant d’illuminer la soirée de son Qandil. Immédiatement, sa voix de cristal résonne dans les esprits qui chavirent de nostalgie aux premières notes de Ya Hawa. Passé, futur et espoirs de renouer avec la «belle époque» se bousculent et s’entremêlent. La magie fait son œuvre. Toujours enveloppée du même mystère, Feirouz fascine toutes les générations. «En vingt ans, rien n’a changé en elle. Surtout pas sa stature», s’exclame Youssef qui suit Feirouz depuis des années. Et d’ajouter : «Ni même ses changements de obes!» Du bleu, Feirouz est passée à ce jaune qui déchire le rouge qui l’accueille. Imperturbable, elle enchaîne les Ya Ana et les Aatini. Elle est là, immobile, offrant sans effort les mélodies composées par Assi. Puis, encore une fois, elle laisse la place à sa troupe. Ses dix choristes nous entraînent alors dans une série de dabkés enivrantes, reprises par un public qui danse, chante et salue une chanteuse, symbole de toute une culture. Le Liban est là, à portée de main. Et Feirouz revient, vêtue de noir. Retour vers le futur Sanarjaou finit d’enflammer un public aux anges. L’interaction et la communion atteignent des proportions insoupçonnables tellement l’impersonnalité de l’aréna est grande. Et le bouquet final reste à venir. En blanc, cette fois, Feirouz reprend avec son public Qamar al-Giran et Kifak Anta. Puis, les rappels nous remmènent dans al-Bosta, composée par Ziad, sur les routes de Tannourine. Les onze mille fans sont debout, emportés par une même passion, excepté peut-être le petit Fred qui s’est endormi dans les bras de son père. Mais, pour lui aussi, le spectacle aura été un événement, puisqu’il aura écouté ses «chansons préférées». De plus, Américain, il relie son passé à son présent pour créer un futur plein de promesses à l’instar de ce public chaleureux qui s’est donné rendez-vous à Las Vegas, pays des cow-boys et des premiers pionniers. Il est en tout cas une promesse, ou plus exactement une requête, que l’on voudrait pouvoir tenir chaque année en réponse à la dernière interprétation de Feirouz : Zourouni, koul sanat marrat. Zourouni. Un rayon de paix La présence de la «Fierté du Liban» dans la capitale du divertissement aura constitué l’événement «historique» voulu par les organisateurs. Pendant une semaine, Feirouz et sa troupe auront répété pour offrir deux heures et demie de bonheur à leur public. Parti d’une idée d’Alex Yemenidgian, numéro deux du MGM, le concert a été parfaitement réglé par Magdi Gayed, vice-président du marketing de l’hôtel. «Tout s’est parfaitement bien déroulé, commente ce dernier, et Feirouz a été très satisfaite». Tout comme les spectateurs qui n’ont pas hésité à faire le déplacement. L’entrée de l’aréna franchie, c’est l’Orient qui ouvrait ses portes. Mélange de styles et de couleurs, partout dans les couloirs, les accents libanais ou égyptiens, pour la plupart, prenaient des intonations américaines ; les nouvelles du pays affluaient ; la communauté pouvait se retrouver et se recomposer le temps d’un concert qui aura également séduit nombre d’Américains qui, parfois, comparaient Feirouz à Franck Sinatra. «Je n’ai rien compris, bien sûr, mais c’était magnifique», se réjouissait Connie. D’autres, d’origine libanaise, auront en plus espéré que – comme précisé par les organisateurs – «chaque fois que Feirouz chante, elle apporte la paix au Proche-Orient».
Encore une fois, l’alchimie a eu lieu. Le 15 mai dernier, Feirouz a communié avec les quelque douze mille admirateurs venus l’écouter à Las Vegas. Le temps d’un concert historique, en cette fin de millénaire. Le temps aussi de créer un pont intemporel entre le pays des Cèdres et les États-Unis. Huit heures. La scène, habillée d’un imposant tapis rouge, est encore vide....