Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Plus de troïka et plus de constante Hariri

On a célébré hier vendredi 15 octobre le premier anniversaire de la triomphale élection, place de l’Étoile, du général Émile Lahoud à la tête de l’État libanais. Les 118 députés (sur un total de 128) présents lors de cette séance ont voté à main levée, par acclamation, pour le commandant en chef de l’armée. Qui, à ce titre, rappelons-le, avait vu son mandat prorogé parallèlement à celui de son prédécesseur à Baabda, M. Élias Hraoui, qui était resté neuf ans aux commandes. L’année écoulée a été riche en développements divers sur le front politique tandis que, sur le fait socioéconomique la stagnation se confirmait. Mais pour le fond, c’est la mentalité même du pouvoir qui a changé, au nom d’ailleurs du changement, terme adopté comme principe et comme slogan. Un inventaire de cette première année n’aurait aucun sens si on ne le mettait en perspective. C’est-à-dire si on ne tenait pas compte à la fois de l’évolution régionale qui détermine le sort de ce pays et des objectifs que le pouvoir s’est fixés pour l’ensemble de son mandat de six ans. Il serait par exemple peu raisonnable de juger son action en matière de redressement économique quand l’application du plan quinquennal Corm n’a pas encore commencé. De même, il serait injuste de mettre au passif des dirigeants l’échec relatif de la saison touristique provoqué par les frappes israéliennes de juin ciblées contre l’infrastructure, notamment contre le réseau électrique du pays. Inversement, et toujours pour souligner combien une évaluation objective reste difficile, on ne peut soutenir que la libération de Jezzine soit due au changement de pouvoir au Liban. Cela étant, la plupart des professionnels s’accordent à reconnaître que le pays politique a connu sur le plan institutionnel une sorte de révolution blanche par la suppression du système de la troïka. Le président Lahoud a tout de suite détruit cette anomalie, ce monstre à trois têtes comme l’appelait déjà lui-même le président Hraoui. Avec le gouvernement Hoss, le chef de l’État a gommé soigneusement la scabreuse pratique du partage du gâteau qui distinguait l’ère précédente. La gestion, ou l’indigestion du pays, ne passe plus par l’entente ou la mésentente des trois présidents au détriment du Conseil des ministres et de l’Assemblée nationale. D’entrée de jeu, le président de la République et le président du Conseil ont fait savoir qu’ils ne veulent rien pour eux-mêmes, pour leurs proches ou pour leurs partisans, qu’ils n’ont pas l’intention d’installer aux postes de commande des hommes à eux, mais des cadres qualifiés. Ils se sont donc attelés à la mise sur pied d’un véritable État des institutions et de droit. But difficile qui n’est pas encore atteint, tant s’en faut. L’autre fait marquant de cette année politique est que le pouvoir a largué sans hésiter M. Rafic Hariri, longtemps considéré comme incontournable, sinon comme indispensable. Là aussi, on a pu parler de coup de force blanc. L’ancien chef du gouvernement, qui ne se sentait sans doute pas sur la même longueur d’ondes que le nouveau régime, s’est laissé faire douce violence. Il est parti facilement, alors qu’il aurait pu s’accrocher car il gardait à ses côtés une forte majorité parlementaire, parce qu’il ne se sentait pas en phase avec Baabda. L’éviction de M. Hariri n’a pas entraîné, comme on aurait pu le craindre, une dégringolade de la livre libanaise, à la stabilité de laquelle son nom était lié. Et cet exploit du nouveau pouvoir prouve combien il est fort, ou plutôt de quel immense crédit populaire il bénéficiait à son avènement. Mais il n’a pas été facile de prendre en charge la responsabilité du pays en se passant des services de M. Hariri, qui avait réussi à occuper un très large espace public. Il a fallu en effet inverser la vapeur en évitant de faire trop de vagues car le pays n’aurait pas supporté de trop fortes secousses politiques. Et il a fallu travailler avec un instrument pas bien rodé, la plupart des membres du gouvernement étant sans expérience. Ainsi les premiers temps furent marqués par le mémorable dérapage de la réforme administrative, bientôt gelée après un aveu public de fiasco fait par le chef du gouvernement. Les bévues, les faux pas, les tiraillements ont d’ailleurs continué, tantôt à travers de lamentables erreurs judiciaires, comme dans le cas des antiquaires ou des collectionneurs, tantôt avec les stupéfiantes prises de bec entre magistrats. Mais d’une manière générale, il y a eu des dossiers ouverts, des scandales antérieurs dévoilés et l’opinion s’est montrée particulièrement satisfaite de ce nettoyage. À cette nuance près, bien exploitée par l’opposition, que les Libanais n’admettent pas que les purges constituent une simple vendetta politique. Comme le bon sens le plus élémentaire le relève, il n’y a jamais de risque zéro quand on agit. Il reste que différents épisodes, comme dernièrement l’histoire du bateau de Greenpeace, montrent que le pouvoir est résolu à corriger les erreurs commises et à rectifier la trajectoire. Pour garder la barre fixée sur le cap indiqué dans le discours d’investiture : personne n’est au-dessus de la loi. Surtout pas l’État.
On a célébré hier vendredi 15 octobre le premier anniversaire de la triomphale élection, place de l’Étoile, du général Émile Lahoud à la tête de l’État libanais. Les 118 députés (sur un total de 128) présents lors de cette séance ont voté à main levée, par acclamation, pour le commandant en chef de l’armée. Qui, à ce titre, rappelons-le, avait vu son mandat...