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Actualités - ANALYSE

Réforme - Le problème des rotations n'est toujours pas résolu Le Conseil de la fonction publique poliment prié de revoir sa copie

Les présidents Émile Lahoud et Sélim Hoss ont consacré une bonne partie de leur dernière rencontre de travail à l’étude du préprojet de réforme administrative préparé par le Conseil de la fonction publique (CFP). Ce document avance des propositions pour la rotation entre directeurs généraux, le pourvoi des postes vacants et le sort des fonctionnaires mis à disposition, c’est-à-dire sur la touche. À l’issue de leurs délibérations, les deux présidents ont renvoyé au CFP sa copie en le priant de la revoir. Et en lui rappelant les qualités premières qui doivent présider aux rotations, point faible du document : compétence et savoir-faire des éléments concernés. Certes le Cfp n’a pas oublié ces critères, du reste tant rabâchés par la propagande officielle. Mais le pouvoir se heurte à un problème de quantité dans la qualité. C’est-à-dire qu’on ne trouve pas beaucoup au niveau de la première catégorie des cadres interchangeables aussi moralement parfaits que techniquement polyvalents. Certains manquent visiblement de formation théorique ou d’esprit d’initiative ; d’autres ne sont manifestement pas assez transparents, pas assez propres ou probes. Ce paquet de cadres inadéquats, pour ne pas dire ce pesant résidu, le gouvernement sait qu’il aurait dû en virer certains, en placer d’autres sur une voie de garage. Mais, bloqué par des pressions politiques déterminées, il n’a pu mener ce nettoyage à bien. Et le fardeau retombe sur les réformateurs du CFP, confronté à une mission quasi impossible. L’administration reste dès lors gangrenée, infirmisée si on peut dire par l’incapacité gouvernementale de larguer de mauvais cadres, qu’il lui faut supporter jusqu’à leur mise à la retraite. – Contrairement à ce problème des rotations entre membres de l’establishment administratif, la question du pourvoi des postes vacants avec du personnel de qualité semble assez facile à résoudre. En effet, il y a moyen de promouvoir des fonctionnaires de carrière méritants ou de recruter des valeurs hors-cadre. Du reste il ne s’agit que de 16 postes en tout. Ce nombre réduit, s’il rend la tâche des nominations plutôt aisée, signifie par contre que ce n’est pas assez pour que l’Administration dans son ensemble s’en trouve améliorée, sinon guérie. Et là aussi, des considérations politiques et/ou confessionnelles entrent en jeu. Ce qui fait que le gouvernement peut difficilement appliquer les dispositions constitutionnelles qui ordonnent qu’au niveau de la première catégorie, il ne doit pas y avoir de quotas confessionnels, plus de direction générale attribuée à telle ou telle communauté, seule la parité globale chrétiens-musulmans devant être prise en compte. En effet il est possible pour quelques postes techniques de trouver des gens transcendants par leurs qualifications propres et de les nommer indépendamment de leur appartenance confessionnelle. Mais pour la plupart des postes, les postulants sont à égalité de références. Dès lors, chacun d’eux se trouve soutenu par sa communauté ou par des forces locales et il faut en passer par le bazar politique traditionnel pour éviter une mêlée généralisée, des brouilles ou des tensions confessionnelles. Le gouvernement se résigne donc à un pis-aller. Un ministre souligne ainsi que «nous allons nous efforcer de nommer “the right man at the right place” le plus fréquemment possible. Mais il ne devrait s’agir, malheureusement, que d’une poignée. Il faut d’ailleurs du temps pour parvenir à un accord sur un large mouvement administratif de nominations, de mutations ou de permutations. Car il faudra sans doute prendre en considération les positions de divers pôles politiques ou religieux». Ce ministre relève cependant que «pour la première fois, les dirigeants ne seront pas impliqués eux-mêmes dans ce marché. Ils refusent de jouer le jeu troïkiste du partage des parts du gâteau. Ils n’ont donc pas l’intention d’attribuer des postes à leurs fidèles, leur seul souci étant de faire prévaloir les critères de compétence, de savoir-faire, de transparence, d’efficacité et de probité des fonctionnaires».
Les présidents Émile Lahoud et Sélim Hoss ont consacré une bonne partie de leur dernière rencontre de travail à l’étude du préprojet de réforme administrative préparé par le Conseil de la fonction publique (CFP). Ce document avance des propositions pour la rotation entre directeurs généraux, le pourvoi des postes vacants et le sort des fonctionnaires mis à disposition,...