Vision d'enfer à Kfarhazir

Le matin même, les collines de Kfarhazir dans le Koura étaient encore vertes. Au crépuscule, elles avaient pris la couleur de la nuit. Au loin, les flammes illuminent encore le paysage, rappelant qu’au prochain lever du soleil, il ne restera de ces immenses collines que des buissons calcinés. La tourbe continue à se consumer en dégageant un épais brouillard gris qui enveloppe des lieux qu’on dirait maudits. Noire est l’atmosphère et sombres les visages des quelques jeunes villageois qui refusaient de croire qu’il ne reste rien de le verdure sur les collines. «On dirait qu’une malédiction plane sur ces lieux. Tous les ans, on y éteint le feu», s’exclame un jeune homme. «Chez nous, les amandiers, les oliviers et les vignes ont été détruits par les flammes», déplore un autre. Tous rappellent alors la triste histoire de la voiture des pompiers de Zghorta. Répondant aux appels au secours, ces derniers sont venus dans l’espoir de sauver quelque chose, mais les flammes ont cerné leur véhicule. Le chauffeur a vainement essayé de faire marche arrière mais le véhicule a dérapé, s’est enlisé et a pris feu. Deux pompiers sont parvenus à sortir de la voiture alors que le chauffeur s’obstinait à l’éloigner du foyer d’incendie. La révolte et le désarroi des villageois se sont transformés en résignation face au drame. Convaincus qu’ils n’auront pas de voitures de pompiers, ils se contentent désormais de prier et de faire des neuvaines pour que le feu ne ravage plus annuellement leurs vergers.