Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Médecine - Grève et sit-in devant le siège du Parlement Le corps médical réclame l'immunité professionnelle (photos)

Soutenu par tous les syndicats des professions libérales et un des principaux leaders de l’opposition Walid Joumblatt, le corps médical a fait hier la grève et organisé un sit-in devant le siège du Parlement, pour protester contre la condamnation de trois des siens par le tribunal militaire. Répondant à l’appel de leur Ordre, les 8 000 médecins du pays se sont abstenus de donner des consultations et d’effectuer des opérations chirurgicales dans tous les hôpitaux, dans le cadre de ce mouvement sans précédent dans les annales du Liban. Cette grève de 24 heures n’a cependant pas perturbé outre mesure les services hospitaliers, tous les cas d’urgence ayant été traités, selon les directions des deux principaux hôpitaux privés, celui de l’Université américaine et de l’Hôtel-Dieu. Ce mouvement de protestation était dirigé contre «l’arrestation préventive de médecins sans consultation préalable de la commission d’enquête de l’Ordre», selon son président, le Dr Ghattas Khoury. Celui-ci a indiqué que l’Ordre n’entendait pas protester contre le principe de la condamnation en justice mais contre «l’arrestation préventive sans la consultation de l’Ordre et la condamnation sans mise au point par une commission scientifique d’un rapport précisant s’il y a eu oui ou non négligence ou faute professionnelle». Des centaines de médecins en blouse blanche ont accompagné le président de leur Ordre pour effectuer un sit-in en face du Parlement. Le Dr Khoury a expliqué à la presse que les médecins souhaitaient bénéficier, à l’instar des avocats, d’une immunité professionnelle qui ne pourrait être levée sans l’accord de leur Ordre professionnel. «Sans cette immunité, aucune médecin ne se risquera dorénavant à traiter des cas délicats ou difficiles, alors qu’il n’est tenu qu’à une obligation de moyens et non de résultats», a-t-il dit. Les médecins ont notamment obtenu l’appui du président de l’Ordre des journalistes Melhem Karam ainsi que de nombreux députés, dont Walid Joumblatt, qui se sont joints aux protestataires. Berry : Plus d’arrestations préventives Une délégation des manifestants a été reçue par le président de la Chambre Nabih Berry, parmi eux, le président de l’Ordre des médecins de Beyrouth, le Dr Ghattas Khoury, le président de l’Ordre des médecins du Nord, Nabil Fattal, et les présidents des ordres et syndicats suivants : Antoine Klimos pour les avocats, Melhem Karam (représentant aussi le président du syndicat de la presse, Mohammed Baalbacki) pour les journalistes, Samir Doumit pour les ingénieurs, Antone Khoury pour les dentistes, Hussein Abdel Samad pour les vétérinaires. Les députés membres de la Commission parlementaire de la Santé étaient également présents chez M. Berry. Au terme de la réunion, le Dr Ghattas a notamment déclaré : «Le président Berry nous a affirmé qu’à partir d’aujourd’hui, il n’y aura plus d’arrestations préventives et la justice suivra son cours. Des procès seront intentés mais après avoir consulté les instances médicales compétentes. C’est exactement ce que nous réclamons», a-t-il ajouté avant de remercier les instances syndicales et parlementaires qui se sont solidarisées avec le mouvement de protestation. Plus tard, après la fin du sit-in, l’Ordre des médecins a publié un communiqué annonçant la fin de la grève. Les réactions Cet incident a été l’occasion pour plusieurs députés de critiquer les compétences jugées exorbitantes du tribunal militaire. Rappelons qu’outre les atteintes à la sécurité de l’État, ce tribunal est habilité à juger toute affaire, quelque minime qu’elle soit dans laquelle un militaire est partie prenante. Dans les milieux officiels, les réactions à cette affaire n’ont pas été très homogènes. De fait, tout en reconnaissant au corps médical le droit de manifester et d’exprimer ainsi son point de vue, le Premier ministre Sélim Hoss a déclaré : «Nous espérons que les médecins comprendront que l’affaire est du ressort de la justice. Celle-ci est indépendante et elle a dit son mot», a-t-il souligné. De son côté, le ministre de la Santé Karam Karam a estimé que «même si ce genre d’arrestation est conforme à la loi, une telle mesure ne devrait être prise qu’après une enquête médicale et un verdict définitif de la justice». Et d’ajouter devant une délégation du corps médical : «Nous attendons de l’assemblée une législation préservant la dignité du médecin et le caractère sacré de son travail». C’est au ministre Karam que le Conseil des ministres s’en est remis en soirée pour résoudre les problèmes nés de cette affaire. Selon le porte-parole du gouvernement, celui-ci a exposé la situation à ses collègues proposant une série de mesures visant à éviter la réédition d’un tel incident. Par ailleurs, le député Walid Joumblatt a affirmé lors du sit-in qu’il était temps de «sauvegarder ce qui reste de l’État de droit et des institutions». Le député Jamil Chammas s’en est violemment pris à l’Ordre des médecins en déclarant : «Si tous les Ordres et syndicats se mettaient à réclamer l’immunité de manière à se transformer eux-mêmes en instance judiciaire, la justice n’aurait plus alors sa raison d’être». «Nous respectons toutes les professions libérales, a-t-il ajouté, mais tout le monde sait qu’il y a des médecins négligents, incompétents et cupides». Le député Ismaïl Succarieh , membre de la commission parlementaire de la Santé, a estimé quant à lui qu’il convient désormais de revoir tout le système des soins au Liban car la responsabilité de la mort du sergent-chef Hamad incombe à un système obsolète.
Soutenu par tous les syndicats des professions libérales et un des principaux leaders de l’opposition Walid Joumblatt, le corps médical a fait hier la grève et organisé un sit-in devant le siège du Parlement, pour protester contre la condamnation de trois des siens par le tribunal militaire. Répondant à l’appel de leur Ordre, les 8 000 médecins du pays se sont abstenus de...