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Actualités - REPORTAGES

Perdus de vue ... Wissam Ezzeddine : la télévision ma folle maîtresse !(photo)

Wissam Ezzeddine a deux amours, la télévision et les affaires. Amante et épouse ont cohabité en parfaite harmonie, pendant toutes ces années. Deux entités étrangement mêlées qui ont donné naissance à une boîte à images ensorcelante et magique, le petit écran. Ses idées, larges, ont vite rempli ce petit carré alors silencieux, presque abstrait. Son existence a démarré en noir et blanc, dans les coulisses, avant de prendre toutes les couleurs du monde et se répandre dans l’univers des affaires. La télévision, découverte aux USA, il en a rêvé pour le Liban. En l’important, en concrétisant le rêve, Wissam Ezzeddine a offert aux premiers téléspectateurs un frisson inoubliable. Quarante ans d’amour fou, vécus avec sa «folle maîtresse», comme il la surnomme, dévoilant un sourire complice que tous les deux comprennent, quelle belle histoire! Des années de vie… Découvertes, premières rencontres secrètes, gestes timides, effusions maladroites, passions ponctuées de ruptures et de réconciliations, dont il reste aujourd’hui une grande tendresse et beaucoup de souvenirs. «Je lui demeure attaché, même si je ne m’occupe plus d’elle. Je pense à elle et peut-être qu’elle aussi pense à moi». Il avoue ne pas avoir oublié son premier amour, ce jeune homme de 25 ans fraîchement rentré aux pays, après avoir obtenu une licence en hautes études économiques et commerciales à Lausanne puis entrepris des études de communication à Boston; ce fonceur fou, sans expérience, qui décide, en 1956, avec son associé Jo Arida de «faire une télévision». «Je suis un parfait “balance”, homme de communication et de loisirs. Le but premier de la télévision est d’ailleurs de provoquer le dialogue». Homme de communication Armé de son flair, son sens des affaires et son énergie, il négociera avec l’État deux ans durant, se battant pour convaincre et trouver les capitaux nécessaires, concilier l’inconciliable. L’affaire se monte, Wissam et Jo obtiennent la licence qui leur permettra d’émettre; La Compagnie libanaise de télévision est constituée, la magie peut opérer. Le jeudi 28 mai 1959, à 18h30 exactement, les images se mettent à bouger. Tous les Libanais sont ébahis devant la beauté de cette jeune maîtresse, dame en noir et blanc, défilant derrière les vitrines des boutiques de la ville, pour mieux se faire connaître et, bien sûr, séduire. Il connaît depuis chaque battement du cœur de sa belle, ses capacités et ses limites. Des années plus tard, et à force de l’avoir observée, il porte un regard très nostalgique sur la télévision d’hier, très critique sur celle d’aujourd’hui et désespérée sur celle de demain. «L’ Etat n’a jamais accordé à cette activité l’importance qu’elle mérite. Personne n’a défini de véritables objectifs. De simples amateurs deviennent en 24 heures des experts». Wisam Ezzeddine exploitera la CLT, dont il sera, tour à tour et au fil de leur histoire, cofondateur, président et directeur adjoint. Départs et retrouvailles caractériseront cette relation tumultueuse. La CLT, – canal 7 et canal 9 francophone – passera de main en main. Flattée par les uns, récupérée par les autres, elle connaîtra même sa première rivale, Télé-Orient, qui réussira, avec son accent plutôt british, à lui voler quelques admirateurs. En 1978, le président Élias Sarkis, «le seul à avoir tout compris», décide d’unifier la télévision sous un même étendard, Télé-Liban. Une chaîne nationale où il sera difficile de mener une stratégie de continuité, tant son sort – provisoire – sera lié aux différents changements politiques. Dans les années 80-90, la folle «maîtresse» ne sourit plus, sans cesse agressée par de nouvelles courtisanes plus audacieuses et moins engagées. En 1992, Wissam choisit de se séparer de son amour, déçu par cette histoire de cœur qui ne fait plus battre le sien que par dépit. Homme de loisirs Pour entretenir cette «danseuse», qui honorait bien son titre en lui faisant perdre continuellement de l’argent, tout en lui procurant un plaisir immense, Wissam Ezzeddine devance les événements, important du Nouveau Monde des idées, des projets, des objets insolites pour amuser et divertir. Après le petit écran, on lui doit, entre autres choses, la création, dans la fin des années 50, du «Stéréo Club» et des premiers «Bowling Alleys» rue de Phénicie, avec la collaboration de Cyril et Michel Bustros, l’introduction des juke-box, boîtes à musique venues compléter les boîtes à images. Les premiers seront, se souvient-il, placés à l’Aéroport de Beyrouth, ainsi qu’au restaurant Uncle Sam et chez Pépé Abed. En 1967, il fait découvrir aux Libanais la notion de «amusement center», en ouvrant le «May Fair» à Raouché, le «Piccadilly Circus», à Hamra, le «City Circus» à la Place des Canons et enfin le «Cocodi» près de l’aéroport. On y découvrait une variété de nouveaux jeux, flippers, courses automobiles et autres. Les cerceaux hula hoop et les yoyos, aperçus et testés lors d’un voyage aux USA, feront tourner la tête des jeunes, dans ces mêmes années. En 1994, avec Ghazi Abou Jaoudé, il pense aux enfants et leur offre à Nahr El Kalb un espace de loisirs où ils peuvent s’exprimer librement, le «Magic Space». Tout en s’amusant, cet homme d’affaires poursuit une carrière multiple. Il fonde en 1975 la Société Bancaire Arabe, basée en France, ainsi qu’ une société financière au Luxembourg. Il contribue enfin, avec son frère Wael, à réhabiliter un vieux rêve de famille, un souvenir cher, l’immeuble de leur grand-père situé au centre-ville. Wissam Ezzeddine, l’homme toujours impatient de réussir, en est toujours à chercher, dans sa course effrénée à oublier son premier amour. Émotions de jeunesse qui viennent encore caresser sa mémoire.
Wissam Ezzeddine a deux amours, la télévision et les affaires. Amante et épouse ont cohabité en parfaite harmonie, pendant toutes ces années. Deux entités étrangement mêlées qui ont donné naissance à une boîte à images ensorcelante et magique, le petit écran. Ses idées, larges, ont vite rempli ce petit carré alors silencieux, presque abstrait. Son existence a démarré en noir et...