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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Pédagogie - Le congrès des écoles catholiques se poursuit à Kornet Chehwan Education et humanisation, thème principal de la journée d'hier

Les écoles catholiques ont poursuivi hier les travaux de leur congrès entamés mardi à l’école St-Joseph de Kornet Chehwan sur le thème de “l’éducation et de l’humanisation”. L’intervention la plus exhaustive dans ce sens a sans doute été celle du père jésuite Paul Valadier qui a notamment rappelé qu’«à travers les règles véhiculées par les éducateurs, donc à travers les interdits, l’enfant rencontre l’interdit». «Tout n’est pas permis, tout n’est pas admis. Il y a du défendu et de l’inadmissible. La rencontre de l’univers de la règle ne va donc pas sans répression (par exemple pour la maîtrise de son propre corps), et donc sans quelque blessure. Le petit d’homme doit ainsi découvrir à ce contact qu’il n’est pas le nombril du monde contre son narcissisme spontané, mais que s’il veut prendre place dans l’univers humain socialisé, il doit tenir une place : un parmi d’autres, comme garçon ou fille, celui-ci et non tel autre dans l’ordre familial… Il apprend ainsi qu’il y a des conditions à son humanisation : savoir renoncer à certaines pulsions ou les maîtriser, se situer quelque part dans l’univers symbolique où on le sollicite d’entrer, bref apprendre dans les règles du savoir-vivre les principes éthiques élémentaires, et par exemple que s’il veut être considéré comme être humain à part entière il ne doit pas faire à autrui ce qu’il ne voudrait pas qu’on lui fasse (règle d’or des sagesses)», a-t-il souligné. Selon le père Valadier, l’école «joue le rôle du “neutre” en quelque sorte, puisque l’entrée à l’école coïncide aussi souvent avec l’entrée dans le social, distinct du familial marqué essentiellement par l’affectif (et le risque du fusionnel). Ici l’enfant entre dans un univers à côté d’autres enfants qui sont ses égaux et où il perd toute forme de ces privilèges dont il pouvait jouir dans la famille. Nouvelle épreuve pour lui que cette socialisation, mais épreuve bénéfique quoique blessante puisqu’elle conditionne son accès au social comme tel, considéré ici comme société d’égaux neutres les uns par rapport aux autres». Le père jésuite a en outre évoqué l’éducation au pluralisme dans les écoles, ajoutant à ce sujet: «Il faut encore indiquer dans la logique de cette socialisation que l’école éduque au pluralisme : elle le fait sans doute par le contact avec les autres enfants qui peuvent avoir des manières de faire et de penser différentes, surtout s’il y a des diversités confessionnelles (...)». «Comment rendre compte sans raideur de ses raisons de vivre, donc assumer la relation à autrui en restant soi, voilà bien le défi actuel de toute humanisation, donc de l’éducation. Comment ignorer qu’un tel défi est particulièrement vif dans un pays multiculturel et multireligieux comme le Liban ?» s’est demandé le père Valadier avant d’ajouter concernant le thème de la responsabilité : «Une éducation qui ne viserait pas à susciter des responsables produirait des robots, et l’on voit bien que de nos jours le souci d’initier aux techniques diverses pour être compétitif et “réussir”, risque bien de livrer sur le marché des êtres parfaitement “adaptés” à l’entreprise moderne, à la société de compétition, au libéralisme dominant. Donc des êtres conformes. Or il s’agit de susciter des êtres responsables, capables certes de tenir leur rôle dans ce monde-là, mais d’avoir une attitude créatrice, capable de lucidité et de critique sur les manières de faire. Sinon à quoi bon l’école si elle n’est qu’une courroie de transmission docile du marché ?» Et le père Valadier de conclure : «Sans doute la véritable satisfaction de l’éducateur se trouvera dans le fait que l’éduqué sera capable de se passer de lui. Si la visée est bien de susciter un adulte, elle consiste donc à favoriser l’autonomie de l’éduqué. Le maître véritable est celui qui cherche non seulement à former d’autres maîtres, mais aussi des maîtres qui le dépassent et dont il aura à recevoir et à apprendre ! Le mauvais maître est celui qui cherche à se rendre indispensable et donc à créer une servitude permanente. Mauvais éducateur, il est aussi un mauvais maître en humanisation, puisqu’au lieu de viser à la responsabilité, à l’autonomie, il cherche à maintenir une dépendance. Le désintéressement est encore une fois le maître mot. Or c’est encore lui qui, parce qu’il ne cherche pas à asservir, peut permettre que se nouent des relations de réciprocité, de reconnaissances mutuelles, donc que soient posées les conditions de la véritable socialité entre égaux ou entre frères pour se référer à la foi chrétienne». Sœur George-Marie Azar de la congrégation des sœurs de la Sainte-Famille a émis pour sa part une série de recommandations contribuant au développement humain de l’élève, en l’occurrence un climat psychologique sain qui place l’enfant au centre du système éducatif (...). Par ailleurs, Mme Souheila Salloum, psychologue, a mis l’accent sur les «situations défavorables que nous sommes appelés à transformer». Selon elle, «elles se situent au niveau d’un enseignement et d’une évaluation homogène et homogénéisant, d’un système punitif et d’une discipline coercitive, d’un système élitiste, un système où la rentabilité intellectuelle et la rentabilité économique sont prises comme finalités non avouées de l’école, d’un système “clos” dans la mesure où l’école coupe le jeune du monde du travail et d’un système peu ouvert à la culture contemporaine des jeunes», a ajouté Mme Salloum.
Les écoles catholiques ont poursuivi hier les travaux de leur congrès entamés mardi à l’école St-Joseph de Kornet Chehwan sur le thème de “l’éducation et de l’humanisation”. L’intervention la plus exhaustive dans ce sens a sans doute été celle du père jésuite Paul Valadier qui a notamment rappelé qu’«à travers les règles véhiculées par les éducateurs,...