Tribune Apocaéclipse

Notre irréversible progression sur la voie du sous-développement est désormais tellement visible que, contrairement aux effets du phénomène astral d’hier, aucune paire de lunettes ne peut plus désormais nous protéger de son triste rayonnement. Dans les rues désertées de ce matin du 11 août ne se promenait que l’ignorance, et la terreur s’installait dans les esprits, alimentant le délire d’un peuple déjà fragilisé par la fréquence des catastrophes qui s’abattent sur lui depuis plus de deux décennies. Certains commençaient même à entrevoir la fin du monde, celle-là même qu’un illuminé de la haute couture, à travers un tissu d’aberrations, a taillée à la mesure des débiles de la planète. La nature y mettant du sien, il aura encore fallu une pluie diluvienne dans une partie de la Békaa à la veille de la grande date, et un léger tremblement de la croûte terrestre au matin du jour fatidique pour confirmer la certitude que nous vivions nos dernières heures. Démobilisé, l’État était immobilisé par l’événement. ... On aura sans doute compris un peu plus tard que depuis le temps qu’on nous promet la lune, la véritable inquiétude résidait dans le fait que celle-ci nous empêchait de voir un peu plus clair ce jour-là !