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Actualités - REPORTAGES

Curieux rendez-vous des libanais avec le croissant solaire Entre prudence et curiosité scientifique, la prudence l'a emporté

Les Libanais ont vécu l’éclipse solaire terrés chez eux, dans une atmosphère de couvre-feu qui évoquait les épisodes de la guerre. Le réflexe de la prudence, et parfois de la peur, a dominé la journée. La campagne sans précédent menée par les autorités publiques et les médias audiovisuels y est certainement pour quelque chose. Une campagne axée sur les risques plutôt que sur la curiosité scientifique et l’ouverture d’esprit. Le contraste entre ces deux attitudes a éclaté dès les premières images retransmises par les télévisions européennes sur l’observation de l’éclipse dans certaines villes d’Europe. Indépendamment du risque entraîné par une observation directe à l’œil nu du phénomène, la campagne a nourri une espèce de peur injustifiée de la lumière corrosive qui émanerait du disque solaire, au moment de l’éclipse. Il faut dire que la prudence, même excessive, se justifie aussi dans un pays où le contrôle de qualité des marchandises est insuffisant, et dont le niveau d’éducation moyen est inférieur à ce qu’il est en Europe occidentale . C’est ainsi que la fatwa de cheikh Chamseddine interdisant l’observation du phénomène doit être comprise. Le dignitaire chiite ne disposait sans doute pas d’un autre moyen pour empêcher une population, plus sensible à l’interdit religieux qu’à l’explication scientifique, de se porter préjudice. Et malgré tous les conseils de prudence, des accidents n’ont pas manqué de se produire. Contacté en fin de journée, le service d’urgence de l’Hôpital américain a refusé de répondre aux questions qui lui ont été posées à ce sujet . «Vous n’avez pas idée de ce qui se passe», a été la réponse fournie par la personne interrogée. Le service d’urgence de l’Hôtel-Dieu a pour sa part affirmé que personne n’avait été admis atteint de brûlure rétinienne. L’Agence nationale d’information (Ani officielle) a annoncé que dix hôpitaux contactés avaient repondu n’avoir aucun cas à signaler. Comme dans les autres pays musulmans, la «prière de l’éclipse» a été récitée dans les mosquées, qui ont connu une forte affluence. Selon des récits, la mort d’un fils du Prophète Mahomet, Ibrahim, a coïncidé avec une éclipse. Le Prophète s’était élevé contre la superstition qui tendait à lier les deux événements. La confusion entre la science prévisible et l’action de Dieu, par définition imprévisible, n’était pas d’ailleurs l’apanage des seuls musulmans. Beaucoup de chrétiens ont confondu l’éclipse avec une vieille prophétie portant sur «trois jours de ténèbres» au cours desquels seuls les cierges bénis pourraient rester allumés. L’esprit d’ouverture au progrès scientifique a par ailleurs trouvé refuge chez plusieurs centaines d’astronomes amateurs et de curieux qui se sont rendus à l’observatoire de Chbanyeh ou à Aïn Douar, dans le nord syrien, pour observer le phénomène de plus près. Et qui en sont revenus éblouis par un phénomène céleste qui ne se reproduit, sous cette forme spectaculaire, que rarement par siècle.
Les Libanais ont vécu l’éclipse solaire terrés chez eux, dans une atmosphère de couvre-feu qui évoquait les épisodes de la guerre. Le réflexe de la prudence, et parfois de la peur, a dominé la journée. La campagne sans précédent menée par les autorités publiques et les médias audiovisuels y est certainement pour quelque chose. Une campagne axée sur les risques...