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Actualités - REPORTAGES

Patrimoine - Un travail de spécialistes pour expliquer l'archéologie Le site de Baalbeck s'enrichit de deux musées(photos)

Dans le prolongement des galeries de la grande cour du temple de Jupiter à Baalbeck, et dans les salles de la tour mamelouk, deux musées présentent le site chronologiquement. Situé dans un cadre romain, le premier expose les œuvres d’art relatives à cette époque. De grandes statues en marbre blanc, des entablements, des corniches finement sculptées, placées sur des socles gris, montrent l’évolution de l’art dans cette région du monde. Tous les objets sont originaires de la région de Baalbeck. «On a exposé uniquement de grandes pièces, car les petites auraient dénoté avec la dimension des voûtes et des galeries», souligne Mme Margarete van Ess, directrice scientifique de la section orientale de l’Institut allemand d’archéologie. «Question d’harmonie entre architecture et objets d’art». Dans la tour ayyoubide, transformée plus tard en palais mamelouk, deux étages sont utilisés. Les salles inférieures sont le domaine des morts : sarcophages, stèles, bustes et aigle funéraires illustrent l’art romain. Cependant, le monument le plus intéressant de cette salle demeure le sarcophage de la nécropole de Douris trouvé – et non pillé – en 1996. Il s’agit du squelette d’une femme dont le visage devait être recouvert de fines feuilles d’or. Quant à l’étage supérieur, l’art musulman y est exposé dans tous ses aspects : inscriptions islamiques, architecture des mosquées et mausolées, céramiques et, pour finir, textes et illustrations expliquent tous les détails de cet art. Le nombre d’objets d’art exposés est toutefois restreint. Mais cela se remarque à peine. Car les musées sont étudiés de telle sorte à donner au visiteur une idée archéologique et ethnologique de Baalbeck. Ainsi, une salle a été réservée aux photographies de H. Burchardt datant du début du siècle et des aquarelles de la même époque illustrent les temples. Pour l’exposition des objets, les nouvelles techniques muséologiques sont appliquées. Tous les plans et les études ont été effectués en Allemagne. Pour l’éclairage, on a fait appel à de grandes sociétés comme ERCO qui a déjà réalisé des projets prestigieux, tel celui de la pyramide du Louvre à Paris. Mais le travail n’est pas encore terminé. «On compte utiliser les salles qui entourent les galeries pour projeter des films sur l’histoire et l’architecture du site et pour créer un centre informatique interactif pour les jeunes», précise MmeVan Ess. Cette partie du projet doit être exécutée prochainement. Seul le manque de crédits, notamment à la DGA, la retarde. Création du musée L’idée des musées de Baalbeck est née au sein de la DGA. Celle-ci a retenu le projet lors du réaménagement du site. Le centième anniversaire de la date de la visite de l’empereur allemand Guillaume II a servi d’alibi pour la création de ces expositions. En effet, au cours de son voyage en Orient, ce dernier a visité les temples de Baalbeck. Ébloui par la splendeur du site, il ne tarde pas à adresser une demande de fouilles au sultan ottoman Abdel-Hamid II qui y consentit. En 1899, les archéologues Robert Koldewe et Walter Andrae commencent les travaux sur le site. Le dégagement et la restauration de certains monuments ont été effectués, plus tard, avec l’aide d’architectes comme Daniel Krenker et Otto Puchtein. La mission s’est étalée sur quatre ans durant lesquels une documentation photographique et scientifique a été réunie. Quelques années plus tard, sous le Mandat, des archéologues français vont prendre la relève. La Direction générale des antiquités libanaise a pris la suite. Si toutes ces équipes ont travaillé sur le site, elles n’ont pas toutes publiées les résultats de leur recherche. «C’est pour cette raison que nous avons été obligés d’utiliser les textes et les illustrations de la mission allemande dans les affiches explicatives fixées sur les murs», explique Mme Van Ess. Pour casser la tonalité de la pierre et créer un espace d’expositions tout au long des galeries, des affiches illustrent le site de Baalbeck. Cartes et frises chronologiques présentent la géographie et l’histoire du site . Quant aux techniques de construction et de la taille de la pierre aux époques romaine et arabe, elles sont expliquées par des textes illustrés de croquis. Il ne faut pas oublier les magnifiques reconstitutions des monuments réalisées par les architectes allemands, comme celle de la cella du temple de Bacchus ou la basilique du temple de Jupiter. Il faut cependant noter que les textes en langue arabe figurent en dernier, après l’allemand, l’anglais et le français et leurs caractères sont les plus petits, ce qui rend leur lecture difficile. Musées archéologiques Les musées sont conjointement financés par la section d’Orient de l’Institut archéologique allemand et le ministère de l’Éducation libanais. Le coût s’élève approximativement à 1,2 million de dollars américains. «Les travaux et les études ont duré deux ans», note Mme Van Ess. «Ils ont été effectués en coopération avec l’Institut allemand et la Direction générale des antiquités dont l’équipe s’est montrée enthousiaste», ajoute-t-elle. Les travaux ont été réalisés en prenant en considération le fait que le site est classé. Ainsi, le dallage en pierres polies dans les galeries n’est pas encastré mais placé sur des cailloux, donc détachable si besoin est. En tout cas, si l’Institut allemand a créé ce musée, c’est pour renouer avec le Liban. Après tout, la mission allemande a été la première à fouiller Baalbeck. Créer, par conséquent, un musée à partir de ses publications équivaut à assurer la pérennité des résultats de son travail. Le musée est une réussite. Il répond à un besoin et une nécessité que vit le Liban, celle de garder les objets d’art dans leur contexte originaire, en créant des musées dans tous les sites.
Dans le prolongement des galeries de la grande cour du temple de Jupiter à Baalbeck, et dans les salles de la tour mamelouk, deux musées présentent le site chronologiquement. Situé dans un cadre romain, le premier expose les œuvres d’art relatives à cette époque. De grandes statues en marbre blanc, des entablements, des corniches finement sculptées, placées sur des socles gris,...