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Actualités - CHRONOLOGIE

Fonds municipaux - Les commissions parlementaires n'ont pu tirer l'affaire au clair La réunion d'explications prend un goût gênant de règlement de comptes

Une seule séance n’a pas suffi aux parlementaires réunis hier pour faire la lumière sur l’affaire des milliards de livres qui auraient disparu de la Caisse autonome des municipalités. Ceux qui attendaient de connaître le sort des 770 milliards qui se seraient évaporés, selon le ministre de l’Intérieur et des Affaires rurales et municipales, M. Michel Murr, sont restés sur leur faim. Peut-être parce que la réunion conjointe des commissions parlementaires des Finances et du Budget, de l’Agriculture, du Tourisme, de l’Environnement et des Affaires rurales et municipales avait un goût gênant de règlement de compte politique, surtout qu’il n’a pas été possible de savoir qui du ministre de l’Intérieur ou de ses contradicteurs avait raison. M. Murr et les deux anciens ministres des Affaires rurales et municipales, MM. Bassem el-Sabeh et Hagop Démerdjian (par ailleurs députés), se sont livrés à une guerre de chiffres et de documents, qui n’a pas toutefois permis de savoir où sont passés les 770 milliards de livres. Sont-ils réellement au ministère des Finances, comme l’affirme M. Sabeh, ou ont-ils simplement disparu, comme le soutient M. Murr ? D’autres inconnues persistent : M. Démerdjian aurait-il apposé, trois mois après sa démission, sa signature sur des arrêtés autorisant le déblocage de fonds de la Caisse municipale autonome au profit de Sukleen, la société privée en charge du ramassage des ordures ? Sa signature aurait-elle pu être falsifiée, comme le pense M. Sabeh ? De nombreuses questions se posent toujours quoique chacun des trois protagonistes ait tenté d’apporter sa propre réponse. Attaque et contre-attaque M. Murr a attaqué de front les deux ministres et à travers eux l’ancien gouvernement dont il faisait partie. MM. el-Sabeh et Démerdjian ont à leur tour lancé une contre-offensive. Pendant près de trois quarts d’heure, M. Sabeh a répondu point par point à l’argumentation développée par le ministre de l’Intérieur qu’il a violemment pris à partie. L’ancien ministre qui a assuré pendant trois mois au sein du Cabinet Hariri l’intérimat à la tête du département des Affaires rurales et municipales a exposé aux députés une série de données contredisant celles fournies par le ministre de l’Intérieur. Normalement, l’affaire doit être tirée au clair dans un proche avenir, la semaine prochaine peut-être. Le président de la Chambre, M. Nabih Berry, qui a présidé la réunion conjointe des commissions, a demandé à MM. Murr, Sabeh et Démerdjian de présenter chacun un rapport complet sur la question. Les textes doivent être soumis dans dix jours au bureau de la Chambre qui convoquera alors les commissions à une deuxième réunion. Mais des sources parlementaires estiment que l’affaire s’arrêtera là, parce qu’elle a pris une tournure politique aux conséquences imprévisibles. Toujours est-il que la réunion d’hier a mis en évidence trois éléments : - L’abondance des éléments fournis par le ministre de l’Intérieur et M. Sabeh a apparemment dérouté les députés présents qui veulent avoir tous les documents en main afin de pouvoir situer le problème - Il n’y a peut-être pas eu de détournement de fonds, à proprement dit, mais ce qui est sûr c’est que les dépenses effectuées à la Caisse autonome des municipalités ne respectaient pas toujours les règles de procédure en vigueur. - Les explications du ministre de l’Intérieur ont été accueillies avec un certain scepticisme par de nombreux parlementaires qui sont apparus plutôt favorables à MM. Sabeh et Démerdjian. - Le contrat conclu par le Cabinet Hariri avec Sukleen par le truchement du CDR contenait à l’évidence beaucoup de failles. Pour ne citer que cela, 75 % des fonds de la Caisse autonome des municipalités vont à Sukleen qui est rétribuée par la totalité des municipalités mais dont les activités se limitent à 240 municipalités seulement. Sans compter que le CDR prenait apparemment beaucoup de libertés en payant les services de la société. Le CDR et Sukleen Le problème se pose donc au niveau des irrégularités commises pour débloquer des fonds à la Caisse autonome des municipalités et qui reviennent de droit à l’ensemble des municipalités du Liban. De sources parlementaires, on a en effet indiqué que les sommes payées à Sukleen sont passées en une seule année de 3 millions de dollars à 26 millions de dollars. Sukleen était payée au moment de sa fondation 4 dollars par tonne d’ordures ramassée. Elle a fini récemment par obtenir 24 dollars pour chaque tonne. Le ministre de l’Intérieur est arrivé au Parlement accompagné de trois de ses adjoints qui portaient chacun une mallette pleine de documents. MM. Sabeh et Démerdjian sont aussi arrivés avec une série de documents sous le bras. Inutile de préciser que le débat était particulièrement houleux. Les éclats de voix ont commencé à être entendus après l’exposé du ministre de l’Intérieur, qui a plus tard développé dans une conférence de presse les points qu’il a soulevés en réunion. Dans l’impossibilité de connaître la vérité, les membres des commissions parlementaires ont approuvé une proposition de M. Boutros Harb, de demander à chacun des trois «parties au conflit» de présenter un rapport détaillé sur le dossier des fonds de la Caisse autonome des municipalités. Mais une comparaison des trois textes sera-t-elle suffisante pour qu’on puisse connaître la vérité ?
Une seule séance n’a pas suffi aux parlementaires réunis hier pour faire la lumière sur l’affaire des milliards de livres qui auraient disparu de la Caisse autonome des municipalités. Ceux qui attendaient de connaître le sort des 770 milliards qui se seraient évaporés, selon le ministre de l’Intérieur et des Affaires rurales et municipales, M. Michel Murr, sont restés...