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Actualités - ANALYSE

Loi électorale - Comment redessiner la carte administrative ? Les principes de base posent dilemne

C’est bien joli les grands mots. Mais une loi électorale «équitable», comme tout le monde le réclame, cela veut dire quoi au juste ? Que l’électeur d’un trou perdu de province doive désigner autant de députés que l’habitant de cette mégapole qu’est devenu Beyrouth ? Et puis quel impératif doit passer avant l’autre : une saine représentation pointue de proximité, entendre des députés vraiment proches de leurs collectivités-mères, ou ce fameux “brassage” des communautés qui, au titre de l’union nationale, doit favoriser les circonscriptions élargies où la proximité n’a pas cours… Sur le plan technique, la question se posera lorsqu’on voudra redessiner la carte administrative du pays. En effet, les circonscriptions, ainsi le veut Taëf, doivent être définies en base des frontières des districts. Qui doivent, ajoutent ces accords, être redessinés. Sauf que ce projet paraît fumeux et surtout inutile à beaucoup de pôles d’influence. «Pourquoi se casser la tête à inventer de nouveaux tracés quand les gens sont si profondément accoutumés à leurs unités administratives. Et surtout, ajoute cet ancien ministre, pourquoi prendre le risque de querelles sans fin de territoires et de juridiction entre politiciens, entre autorités religieuses et entre municipalités…» Partageant les mêmes idées, un député insiste pour la formule du caza. «Le Parlement doit se composer en effet, dit-il, d’éléments qui représentent vraiment ceux dont ils sont appelés à défendre les vues comme les intérêts. Autrement dit il faut que, dans une large mesure, ils les connaissent bien et en soient bien connus. Cela n’est pas possible au niveau, trop étendu, du mohafazat. Du reste si on veut parler entente ou union nationale, elles ne peuvent avoir de sens que si elles interviennent entre députés vraiment représentatifs de leurs milieux respectifs. Les autres, si l’on y réfléchit bien, n’en ont absolument rien à cirer, pour parler en termes familiers qui disent bien ce qu’ils veulent dire. Que l’harmonie règne ou non entre les composantes d’une région déterminée est en effet le dernier souci d’un parlementaire parachuté, souvent venu d’ailleurs. Un personnage parasitaire qui ne peut être élu que si l’on recourt encore au mohafazat, où ce sont les têtes de liste qui font la loi. Et qui cèdent les places aux plus offrants, sinon en termes de gros sous, du moins en avantages divers, politiques ou sociaux». Et d’ajouter que «les grands leaders étaient si représentatifs qu’ils pouvaient faire la décision tout seuls ou entre eux, sans avoir à en référer, car les masses les suivaient aveuglément. Il en allait ainsi pour des hommes de la stature de Camille Chamoun, Kamal Joumblatt, Pierre Gemayel, Saëb Salam, Sleiman Frangié, Raymond Eddé, Ahmed el-Assaad, Sabri Hamadé, Abdel-Hamid Karamé… Leur entente assurait la stabilité du pays et dissipait les dissensions confessionnelles. Et leurs désaccords signifiaient des secousses que subissait l’union nationale». — Certes, mais ces grandes figures ne tiraient pas leur influence d’une représentativité de simple caza… Et là se pose justement, dans un ordre très concret, la question de savoir comment, en l’absence de partis de dimension nationale, la stabilité politique peut être assurée à partir d’une Chambre formée d’une multitude d’individualités, sans groupes consistants ni leaders de poids pouvant dialoguer entre eux pour résumer tout débat. C’est ce contre-argument que développent les partisans de la formule du mohafazat et à plus forte raison ceux qui plaident pour que le Liban tout entier ne forme qu’une seule et unique circonscription. Et ce n’est pas un simple hasard que de constater que les grands chefs de blocs parlementaires, dont MM. Nabih Berry et Rafic Hariri, sont favorables à toute formule large ou même extralarge.
C’est bien joli les grands mots. Mais une loi électorale «équitable», comme tout le monde le réclame, cela veut dire quoi au juste ? Que l’électeur d’un trou perdu de province doive désigner autant de députés que l’habitant de cette mégapole qu’est devenu Beyrouth ? Et puis quel impératif doit passer avant l’autre : une saine représentation pointue de...