Pour cette cérémonie, on notait la présence de l’ambassadeur de France à Chypre M. Rapin, le général Dupas du comité de surveillance au Sud, l’attaché culturel M. Jean-François Desmazières, le directeur du Centre culturel français, M. Jean-Claude Voisin, et des membres de la congrégation des sœurs Antonines. L’ambassadeur Jouanneau a mis l’accent sur le rôle politique joué en France par Lamartine: «Après l’abdication de Louis-Philippe, Lamartine et six autres députés proclament la république et une série de réformes fondamentales: suffrage universel, liberté de la presse, abolition de la peine de mort pour raisons politiques, abolition de l’esclavage dans les colonies...». Prenant ensuite la parole, M. Saba a souligné que le Liban a toujours justifié sa réputation de «terre d’accueil et de carrefour de civilisations».
Pour la petite histoire, rappelons qu’en 1832, après avoir subi quelques déboires politiques, le vicomte Alfonse de Lamartine décide de voyager en famille et en Orient: à Malte, Athènes, la Turquie, le Liban et la Palestine. Embarquant sur un bateau avec sa femme, sa fille Julia, les domestiques, 14 chevaux et une bibliothèque de 500 ouvrages, Lamartine arrive à Beyrouth et installe son petit monde sur la colline d’Achrafieh. Dans son journal, il consigne: «7 septembre. J’ai loué cinq maisons qui forment un groupe et que je réunirai par des escaliers en bois... La maison est à dix minutes de la ville; on y arrive par des sentiers ombragés... Les cinq maisons réunies ne me coûtent que trois mille piastres, en tout treize cents francs par an...».
De ces cinq maisons, il ne reste que la bâtisse occupée aujourd’hui par le foyer des sœurs Antonines qui se plaignent de son délabrement et affirment n’avoir pas les moyens d’y rémédier. Vers 1900, on lui a ajouté un étage mais à l’époque, elle n’en comprenait qu’un seul. Le rez-de-chaussée, tout en voûte de pierre, date d’avant 1800. Des escaliers intérieurs très étroits, en pente raide, construits en pierre, mènent à l’étage où l’espace est aménagé en une dizaine de pièces ouvrant sur une grande salle commune. Les plafonds sont en poutres. Cet étage est également desservi par des escaliers extérieurs soutenus par un carré d’arcades et protégés par une profusion de verdure. La maison présente une façade de mandaloun à trois arcades, donnant vue sur la «belle rade de Bayruth qui s’étend devant vous avec ses navires à l’ancre dont on entend de là le bruit du vent dans les cordages»... A l’époque, à part le palais de l’émir Béchir à Beiteddine et la maison de Lady Stanhope à Joun, les fenêtres n’étaient pas équipées de vitres. En hiver, le jour, Lamartine devait soit fermer ses volets et écrire à la lumière de la bougie, soit ouvrir et cailler de froid. «J’ai ouvert le volet de bois de cèdre, seule fermeture de la chambre (il n’y avait pas de vitres) où l’on dort dans ce beau climat. J’ai jeté mon premier regard sur la mer et sur la chaîne étincelante des côtes qui s’étend en s’arrondissant depuis Bayruth jusqu’au cap de Batroun, à moitié chemin de Tripoli...».
C’est dans ce cadre que la fille de Lamartine, Julia, atteinte de tuberculose, va mourir au printemps 1833...
Triste incidence, mais qui va inspirer au grand poète romantique de déchirants cris de cœur... «Les chants les plus désespérés sont les chants les plus beaux.
Et j’en connais qui sont de purs sanglots».
M.M.
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