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Actualités - CHRONOLOGIE

Vient de paraître Dalida : une bio album (photos)

Marie-Thérèse Arbid, Samir Nasri, Dalida. Triple douloureuse commémoration pour nos deux amis trop tôt disparus et une chanteuse fêtée, adulée, pendant 30 années. Les deux journalistes et la vedette avaient en commun une enfance, une jeunesse égyptienne. Ils se rencontraient à Beyrouth, escale fréquente de Dalida. Arbid et Nasri avaient pour elle tout naturellement, un faible prononcé... Les voilà aujourd’hui réunis dans l’album consacré à Dalida que Camilio Daccache et Isabelle Salmon signent aux éditions Vade Retro. Les articles de Marie-Thérèse Arbid et de Samir Nasri sur Dalida se retrouvent au cœur de cet ouvrage.
Il y a dix ans, en 1987, Dalida voix ensoleillée, chanteuse populaire à tous les sens du terme, star médiatisée du music-hall, se donnait la mort. Celle qui chantait le «Avec le temps, va, tout s’en va» de Léo Ferré est partie. Mais on continue à la célébrer en France, en Italie, en Egypte, ses trois pays. Le rideau ne peut être facilement tiré sur une légende nourrie de 120 millions de disques vendus et de 1.000 chansons dont des refrains nous tournent encore dans la tête. Dalida est plus présente que jamais: à Paris, une place porte son nom dans le 18e arrondissement: une double compilation de ses chansons est restée classée n° 1 en France pendant sept semaines; on sort un nouveau CD de 16 titres totalement réorchestrés; de nombreuses biographies; un film, «Le sixième jour», avec Youssef Chahine...
Pour faire revivre les épisodes les plus marquants de la vie passionnée de cette vedette, son frère Orlando a confié les archives personnelles de la chanteuse à Camilio Daccache et Isabelle Salmon, auteurs l’année dernière, dans la même collection, d’un livre sur Sylvie Vartan. Aujourd’hui, pour les nostalgiques et les fans des années Dalida, Daccache et Salmon retracent — à travers de superbes photos et des articles de presse — l’itinéraire de la star en France, Allemagne, Italie, Grèce, New York, Brésil, Japon, Polynésie, Sénégal, Liban, Jordanie, Le Caire… «Come prima», «J’ai décidé de vivre», «Gigi l’amoroso», «Il venait d’avoir 18 ans», «Gondolier» et tant d’autres, tissent la légende d’«une femme qui décape les maquillages, décoiffe les stars et déchire les fourreaux de satin pour aller jusqu’au cœur, jusqu’au point où s’arrêtent les limites insolentes du faux-semblant, pour découvrir cette parcelle de l’être que nous possédons tous à égalité et que Dalida chante… Simplement», écrit Maurice Béjart dans le Programme de l’Olympia, en 1974. Cent quarante pages déroulent le conte de fées de la petite fille devenue vedette fêtée, adulée, magnifiée, mais aussi, «une grande dame», fragile, qui a connu «les matins glacés d’effroi» comme le note, en 73, Marie-Thérèse Arbid. Voici du reste l’article de notre ancienne consœur.

M.M.
On a parlé d’un phénomène Dalida. C’est faux et c’est tout à son honneur. Il s’agit d’une vie réellement prise en charge, assumée jusqu’au bout avec des «oui» et des «non» — d’où cette belle colère, cette colère grave, cette colère de fond de mer — par une femme qui connaît les matins glacés d’effroi, la peur-grisaille, qui connaît le visage, les visages de l’amour, le bonheur d’être amour, la peau douce du bonheur et l’autre, hideuse, de l’angoisse. Qui connaît l’infinie solitude, l’infinie douleur, l’infinie tendresse d’une femme à part entière. On a parlé de phénomène parce que ces guerrières-là ne courent pas les continents. On a aussi parlé de mutation parce que Dalida a passé de Dirldada à Avec le temps comme si elle devait être, pour la vie, Madame Bambino. Il se trouve que chez cette dame, aussi, chaque seconde a laissé son poids d’ombre et de lumière. Et avec cette intelligence du cœur qui est sienne, elle a pris ce don gratuit qu’est la vie, avec voracité. Qu’elle lui ait parfois arraché le cœur, cette vie ne l’a rendue que plus grande et plus belle. Hier soir, sur la scène du Théâtre Piccadilly, il y avait une nef d’amour et une femme seule et la vie et l’absence et tout cela à la fois et encore autre chose qui est plus que de la présence. Etonnante Dalida qui a fait, avec quelle économie de moyens, de son corps un chant et de ses mains une danse. Inoubliable Dalida dont le métier n’a pas, une seule seconde, coupé le cou à la sincérité...
Grande, très grande dame… «Avec le temps, va, tout s’en va…». Mais il donne tellement de choses, en passant.
La preuve…
Pour montrer que tout continue, Dalida a bissé devant une salle en délire Bambino, Come prima et Jamais le dimanche.
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Une longue attente

En avril 1986, sur le plateau du «Sixième Jour», Samir Nasri a rencontré Dalida, alias Saddika. Ci-dessous un extrait de l’interview.
•Les premiers jours de tournage, je vous ai entendu dire que faire du cinéma, c’était aussi «l’art de savoir attendre entre deux plans». Ça continue à vous paraître valable comme définition?
«Ça continue à être une longue attente, ça, c’est certain. Mais je crois que le monde du spectacle, en général, c’est une longue attente. Dans la chanson aussi, on attend toujours. Mais c’est une attente parfois enrichissante: entre une scène et l’autre, il m’est souvent arrivé de répéter mon dialogue, d’en parfaire la connaissance.
Ceci dit, c’est vrai que le monde du spectacle, c’est une longue attente. On attend, on attend, on attend les autres et, lorsqu’ils sont prêts pour vous recevoir, on doit être frais et dispos comme à la première heure du jour de travail. Et parfois, on ne l’est pas. Mais c’est extraordinaire comme le corps humain est fait: on dirait qu’il se produit un déclic. A la seconde même, on devient une autre personne. C’est comme lorsque je suis malade, souffrante, en douleur et que, montant sur la scène, je ne sens plus la douleur! C’est fou, psychologiquement, comment ça passe dans la tête de quelqu’un. Et c’est dommage qu’on ne se connaisse pas vraiment parce qu’on pourrait sans doute mettre ce genre de faculté en pratique dans la vie quotidienne: c’est-à-dire être toujours en forme!».
•Ces dernières semaines, vous avez pensé parfois à Dalida la chanteuse ou vous l’avez mise de côté?
«Je l’ai complètement oubliée. Subitement, hier, on m’appelle de Paris pour me dire que j’ai un gala le mois prochain au Canada. J’ai été prise de panique. Il va falloir que je répète longuement. Je ne rappelle plus d’une chanson, je ne me rappelle plus de rien...».
•Vous êtes quand même une personne armée d’un culot et d’un courage fou: arrivée à un stade de votre carrière où vous êtes auréolée de succès, star parmi les stars de la chanson française, voilà que vous vous lancez dans une expérience cinématographique qui vous contraint à mettre au vestiaire vos atouts de charme et de beauté pour camper un personnage au physique ingrat, dans une langue qui n’est pas celle dans laquelle vous vous êtes exprimée jusqu’ici... Et, finalement, si on passe en revue toute votre carrière, on constate que vous avez constamment pris les risques, misant le tout pour let tout.
«Moi, je suis quelqu’un qui se remet tout le temps en question et j’aime bien faire des choses différentes parce qu’à chaque fois, c’est une nouvelle jeunesse... Quand vous commencez quelque chose, quand vous abordez une chose nouvelle, c’est une naissance... Vous vous sentez revivre, renaître: c’est superbe! Tandis que si vous vous installez dans votre petit cocon, que vous restez pris dans votre tour d’ivoire, quelle horreur! Vous ne vivez plus, vous acceptez de vous laisser faner. Je préfère risquer. Le confort, je l’aborderai peut-être en me disant un jour: bon maintenant, je m’arrête. Mais tant que vous faites ce métier, à quel confort illusoire pouvez-vous aspirer? Vous êtes tout le temps angoissé, vous avez tout le temps peur, vous avez tout le temps le trac».
Marie-Thérèse Arbid, Samir Nasri, Dalida. Triple douloureuse commémoration pour nos deux amis trop tôt disparus et une chanteuse fêtée, adulée, pendant 30 années. Les deux journalistes et la vedette avaient en commun une enfance, une jeunesse égyptienne. Ils se rencontraient à Beyrouth, escale fréquente de Dalida. Arbid et Nasri avaient pour elle tout naturellement, un faible...