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Liban - Éclairage

Le document d’entente entre le CPL et le Hezbollah à l’épreuve des législatives

Demain vendredi 6 février, le document d'entente entre le CPL et le Hezbollah, annoncé à l'église Mar Mikhaël à Chiyah, entamera sa troisième année. Né sur les décombres de l'accord quadripartite qui n'avait pas survécu aux élections législatives du printemps 2005 et après les émeutes affligeantes du 5 février 2006 à Achrafieh qui avaient causé un choc aux chrétiens, le document d'entente a d'abord été perçu comme une manœuvre politique de la part du général Michel Aoun pratiquement rejeté par le camp du 14 Mars et de celle de sayyed Hassan Nasrallah qui cherchait à rompre l'isolement imposé à sa formation. Le document, qui couvre pourtant tous les sujets litigieux, qui ont d'ailleurs plus tard été examinés par les participants aux séances de dialogue national, n'a pas été considéré par le camp du 14 Mars comme un événement qui allait marquer le paysage politique libanais. Pourtant, à sa troisième année, il reste un des éléments dont il faut tenir compte sur la scène libanaise. Si, aujourd'hui, les partisans comme les opposants de ce document en ont pratiquement oublié le contenu, il s'est petit à petit transformé en alliance entre le CPL et le Hezbollah, même si les signataires ne le reconnaissent pas encore ouvertement.
Aujourd'hui, avec le recul, une source proche du CPL confie que la signature de ce document était loin d'être une réaction ou une improvisation de la part du général Aoun. « L'imprévisible et incontrôlable général », selon l'expression d'un rapport américain, avait ce jour-là mûrement réfléchi à une nouvelle ligne politique qui allait le mener vers le Hezbollah, mais aussi vers l'Iran et la Syrie dans des démarches volontaires. La source précitée affirme ainsi qu'il ne s'agissait nullement de profiter de l'angoisse des chrétiens après les actes de violence à Achrafieh, mais de confirmer un choix délibéré vers un partenaire libanais inévitable et incontournable, prêt à donner son sang pour défendre sa terre. En allant au-devant du Hezbollah, après de longues et parfois âpres négociations, le général Aoun, précise la source proche du CPL, a fait le pari sur la libanité du Hezbollah et a proposé des solutions au dossier des armes qui, tout en n'étant pas immédiates, ont permis de concevoir un règlement à l'amiable en respectant un rythme propre au Hezbollah. Aoun savait pourtant qu'en adoptant cette stratégie, il allait se mettre à dos la communauté internationale qui exigeait l'application de la résolution 1559 dans son volet prévoyant « le désarmement des milices » et en particulier le Hezbollah. En fournissant à ce dernier une couverture chrétienne, il a constitué en quelque sorte, selon la source, le grain de sable qui a bloqué « la machine internationale ». La même source proche du CPL précise que Aoun n'a jamais regretté cette option car il a fait le choix de l'unité interne, et si le Hezbollah doit être désarmé, ce sera de son plein gré et dans le cadre d'une stratégie de défense assurant la protection du pays qui reste à la merci des menaces israéliennes. Cette tendance, ajoute la source, s'est confirmée au fil des épreuves traversées par le pays, notamment la guerre de juillet 2006, la démission des ministres chiites en 2007 et plus récemment les événements du 7 mai 2008. L'appui du CPL au Hezbollah ne s'est jamais démenti et il s'inscrit dans une ligne stratégique qui consiste à appuyer le camp hostile aux projets américano-israéliens dans la région à l'époque, et en particulier à la politique de l'administration Bush au Moyen-Orient. En même temps, la source proche du CPL estime que Aoun a élargi l'horizon des chrétiens en leur permettant de reprendre leur poids au Sud et dans toutes les régions à dominante chiite. Il leur a aussi ouvert les portes de la Syrie, rétablissant le lien entre eux et leurs coreligionnaires syriens, et il les a ancrés définitivement dans leur environnement en les rendant solidaires avec toutes les grandes causes qui mobilisent les populations arabes. Il a surtout, selon la source du CPL, « remplacé la peur par l'espoir », pour reprendre la phrase du président Obama.
Mais une grande question reste posée : dans quelle mesure les chrétiens adhèrent-ils à cette stratégie du général Aoun ? La source proche du CPL révèle que ceux qui ont quitté Aoun l'ont fait lors de la signature du document d'entente avec le Hezbollah. Même la visite en Syrie en décembre 2008 n'a pas affaibli sa popularité. Bien au contraire, l'accueil qui lui a été réservé là-bas montre qu'il existe une possibilité d'établir une relation respectueuse entre les deux camps.
Ces affirmations restent toutefois à confirmer sur le terrain. Et c'est là qu'interviennent les législatives de 2009. Le Hezbollah pourra-t-il convaincre son allié chiite Amal de donner des sièges chrétiens du Sud aux candidats du CPL ? Les négociations vont bon train, mais pour l'instant, rien n'est décidé. De plus, c'est dans les circonscriptions à grande dominante chrétienne qu'il faudra mesurer l'importance de l'impact de la signature du document d'entente sur la rue chrétienne. Les électeurs vont-ils suivre, en dépit des campagnes politiques et médiatiques visant à utiliser les armes du Hezbollah en guise d'épouvantail ? Il faudra attendre le mois de juin pour savoir si le choix de Michel Aoun a réellement fait son chemin chez les chrétiens.
Demain vendredi 6 février, le document d'entente entre le CPL et le Hezbollah, annoncé à l'église Mar Mikhaël à Chiyah, entamera sa troisième année. Né sur les décombres de l'accord quadripartite qui n'avait pas survécu aux élections législatives du printemps 2005 et après les émeutes...
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