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Liban - Citoyen grognon

Employées de maison : encore des suicides... dans l’indifférence générale

Pas plus tard que la semaine dernière, deux employées de maison éthiopiennes se sont pendues au domicile de leurs employeurs. Comme d'habitude, ce drame a tout juste figuré dans la rubrique des faits divers, sans plus.
Et pourtant, ces deux suicides viennent grossir l'impressionnant nombre de suicides d'employées de maison au Liban. Avant même que l'enquête ne soit menée, le motif officiel de l'acte des deux jeunes femmes a été annoncé : elles auraient été désespérées de ne pas recevoir de lettres de leurs familles.
Désespérées, ces deux jeunes femmes devaient l'être, indubitablement, pour mettre fin à leurs jours de façon aussi violente. Mais leur désespoir ne pouvait émaner que d'une seule et même cause : les mauvais traitements qui leur étaient réservés par leurs employeurs respectifs. Car il est de notoriété publique au Liban que le traitement réservé aux employées de maison est laissé à la discrétion de l'employeur.
Imaginons, l'espace d'un instant, ce que doit être le quotidien de certaines femmes de ménage vivant sous le toit de leur employeur.
Leur passeport est confisqué, caché dans un des tiroirs secrets de l'appartement, ainsi que leur permis de séjour et de travail. Les dimanches et jours fériés, alors que toute la maisonnée sort se promener, elles sont enfermées à double tour, comme elles le sont en semaine, lorsque leurs employeurs s'absentent. Rencontrer des compatriotes leur est sûrement interdit, de même que recevoir des coups de fil de proches ou d'amies du pays travaillant également sur place. Dans ce cas de figure, elles ne sont pas autorisées à parler à leurs familles par téléphone, de temps à autre.
Leur existence entière est exclusivement consacrée à frotter, à récurer et à servir. Elles n'ont pas le droit de sortir prendre l'air, de se promener dans le quartier ou d'aller à la poste du coin pour envoyer leur courrier. Elles n'ont pas non plus de jour de congé hebdomadaire ou de possibilité de se reposer, ne serait-ce qu'une petite heure, durant leur interminable journée de travail.
Leur alimentation est étroitement surveillée, car elles n'ont pas droit à la nourriture destinée aux patrons, mais à des restes lorsqu'il reste quelque chose, ou à des sous-produits, dans le meilleur des cas. Tous les jours de leur existence de « domestiques », elles essuient la hargne de la maîtresse de maison, qui multiplie récriminations et reproches, et pas toujours des plus tendres. Parfois même, ces reproches se transforment en insultes, voire en gifles, ou en sanctions. Il est également légitime de se demander si ces femmes ne sont pas victimes d'agressions sexuelles par l'un des hommes de la maison, comme cela est déjà arrivé.
À la fin du mois, elles ne touchent pas forcément leur salaire, mais ont la désagréable surprise de voir que ce salaire a été retenu ou amputé par des patrons persuadés d'avoir découvert un moyen de les empêcher de prendre la fuite. Ces femmes sombrent alors dans la dépression, résultat de leur isolement et de leurs difficiles conditions de vie.
Absolument toutes les suppositions sont permises, vu qu'aucune enquête n'a jamais accusé le moindre employeur libanais de maltraitance ni de négligence, après le suicide d'employées de maison.
Libre à nous d'imaginer les pires traitements et de nous indigner un brin lorsqu'on veut nous faire avaler qu'une employée de maison étrangère s'est pendue par désespoir de n'avoir pas de nouvelles de sa famille.
Libre à nous surtout de dénoncer l'extrême frilosité des autorités à mettre en place une loi régissant le travail des employées de maison migrantes, et à annuler le système du garant qui cautionne des pratiques esclavagistes.
Au lendemain de la mort des deux employées de maison éthiopiennes, suivi de près par la tentative de suicide d'une Sri Lankaise, un geste du gouvernement aurait pourtant été signe de bonne volonté. Mais le black-out total a été fait sur les drames. Comme sur tous les précédents suicides d'employées de maison étrangères.
Jusqu'à quand ?
Pas plus tard que la semaine dernière, deux employées de maison éthiopiennes se sont pendues au domicile de leurs employeurs. Comme d'habitude, ce drame a tout juste figuré dans la rubrique des faits divers, sans plus. Et pourtant, ces deux suicides viennent grossir l'impressionnant nombre de suicides d'employées de maison au Liban. Avant même que...
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