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Diaspora

De Schehadé à Chahine, à el-Charif : portraits d’illustres libanais d’Égypte

Les Libanais ont formé en Égypte, dès le XIXe siècle, une communauté cultivée, non seulement arabophone mais aussi francophone. Beaucoup d’entre eux ont marqué notre époque, qu’ils soient nés en Égypte ou se soient installés récemment dans ce pays, tout en continuant d’entretenir des relations avec le Liban.
Parmi ceux-là, Hector Klat, diplomate et poète libanais, né en Alexandrie en 1888 et décédé à Beyrouth en 1976. Il occupe en 1932 le poste diplomatique de secrétaire chargé de la correspondance française au cabinet du président de la République au Liban, puis celui de consul général du Liban à São Paulo (1946-1951).
Il y a aussi Georges Schéhadé, une des grandes figures libanaises de la littérature francophone. Né en Alexandrie en 1910, il est décédé à Paris en 1989. Il a vécu et fait ses études à Beyrouth et dans la capitale française. Auteur de plusieurs pièces de théâtre présentées au Liban et en Europe, et ayant connu un grand succès il a été lauréat du prix de la francophonie de l’Académie française.
René Habachi, philosophe libano-égyptien de renommée internationale, est né en Égypte en 1914 et décédé à Paris en 2003. Arrivé en 1953 à Beyrouth, il enseigna dans plusieurs institutions académiques au Liban et fonda en 1960 l’Institut des sciences sociales à l’Université libanaise. Il occupa par la suite plusieurs postes académiques dans le monde arabe et à l’Unesco à Paris (de 1969 à 1977). Auteur de plusieurs œuvres de référence, qui représentent la nature humaine et son dépassement vers l’autre, il a développé la philosophie de la relation : « Au commencement est la relation », évoquant déjà les défis se posant aux trois religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme et l’islam, pour une coexistence pacifique en Égypte, Liban, Palestine, Irak, Jordanie et Israël.
Il ne faut pas oublier Youssef Gabriel Chahine, célèbre réalisateur, acteur, scénariste et producteur égyptien de réputation internationale, né en Alexandrie en 1926, de père catholique d’origine libanaise et de mère orthodoxe d’origine grecque. Il fit ses études de cinéma aux États-Unis et réalisa son premier film, Papa Amin, en 1950. Chahine, cinéaste engagé, dénonce souvent l’intégrisme, provoquant des débats dans la société égyptienne. En 1994, son film L’Émigré a été censuré.
Également dans le domaine du cinéma, on ne peut oublier de parler de celui qui devait devenir une star internationale, Omar Sharif. Égyptien d’origine libanaise, de son vrai nom Michel Chalhoub, il est né en Alexandrie en 1932. Son père, parti de Zahlé dans la Békaa, devint un grand marchand de boiserie précieuse en Égypte. Michel entra à l’université au Caire puis étudia le cinéma à Londres. En 1954, il débuta en Égypte dans le film Le démon du désert, prenant pour nom Omar Sharif (son pseudoprofessionnel), sous la direction de Youssef Chahine. Il joua ensuite dans le grand film Lawrence d’Arabie, puis participa à plusieurs films américains et français, jouant entre autres avec Anthony Quinn et Catherine Deneuve… Lauréat de plusieurs prix et ayant signé un contrat à Hollywood, Omar Sharif est devenu une grande star du cinéma égyptien et international. Sa philosophie dans la vie : « Quand vous sortez de chez vous, il faut être prêt à aimer tout le monde. »
Dans un autre registre, il y a Hassan el-Zein, libraire libanais, petit-fils du savant et éditeur cheikh Ahmad Aref el-Zein, né à Beyrouth en 1927. Formé en pédagogie à l’Université américaine de Beyrouth et amoureux du livre, il publia dès 1946 son premier titre, Le guide général des étudiants. Dans les années 50, il fonda plusieurs librairies dans la capitale libanaise, dont la principale Dar al-kitab al-lubnani (La maison d’édition libanaise). En 1974, el-Zein quitta Beyrouth pour Le Caire et ouvrit en parallèle Dar al-kitab al-masri al-lubnani (La maison d’édition égypto-libanaise), développant considérablement ses publications et son domaine d’action culturelle. En 1983, il fonda à Kuala Lumpur Dar al-kitab al-malysi (La maison d’édition malaisienne). Naturalisé égyptien en 1998, il obtint en 2000 le certificat international de Who is Who in the World International Millenium, délivré par les éditions de l’Université de Philadelphie aux États-Unis, puis le certificat de l’écrivain international de l’année 2005, délivré par l’Université de Cambridge en Angleterre. Aujourd’hui, il a à son actif la publication de plus de 400 écrivains arabes – dont 390 écrivains égyptiens – et la diffusion de plusieurs programmes pédagogiques en français et en anglais, comprenant plus de 2 800 livres de la maternelle jusqu’au baccalauréat, dans plus de 80 établissements publics et privés. Sa devise : « II faut cultiver l’esprit critique des enfants, au lieu de leur apprendre le tout par cœur. »
Enfin, il ne faut pas oublier Georges Joseph Nammour, homme d’affaires libano-égyptien, né à Alexandrie en 1898 et décédé à Beyrouth en 1961. Son père Joseph, originaire de Saïda, Liban-Sud, marié avec Régina Chiha, avait émigré en Égypte vers la seconde moitié du XIXe siècle et avait travaillé dans le domaine maritime. En 1949, Georges vient au Liban où il épouse Évelyne Saba. Il y fixe sa résidence et commence le travail dans la Société d’acconage du port de Beyrouth. Il fonde ensuite la compagnie d’assurances ach-Chark avec son frère Antoun. Ses fils et fille vivent aujourd’hui entre le Liban, Abou Dhabi, la France et les États-Unis (Miami), et travaillent dans les domaines littéraire, pédagogique et de la finance.
Le dynamisme et le génie des affaires des Libanais confirment le proverbe qui dit : « Lorsqu’un Libanais tombe à la mer, il en ressort avec un poisson dans la bouche… »
Les Libanais ont formé en Égypte, dès le XIXe siècle, une communauté cultivée, non seulement arabophone mais aussi francophone. Beaucoup d’entre eux ont marqué notre époque, qu’ils soient nés en Égypte ou se soient installés récemment dans ce pays, tout en continuant d’entretenir des...