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Diaspora - Rencontre

La « boîte à merveilles » de Youssef Abdel-Samad

Poète à ses heures, adepte du « zajal », Youssef Abdel-Samad est aussi celui qui préside actuellement al-Rabita al-qalamiya (Alliance de la plume) à New York.
La « Lebanese American Renaissance Partnership » (voir L’Orient-Le Jour du 16 juin 2008) a tenu sa réunion annuelle les 12 et 13 septembre à l’hôtel Phoenicia à Beyrouth. Une centaine d’Américains d’origine libanaise ont effectué le voyage au Liban, accompagnés par le président de l’association, Walid Maalouf, qui, à l’issue d’une journée de conférences à laquelle ont pris part des personnalités libanaises locales et des représentants de la Chambre libano-américaine de commerce, a fait des donations à cinq organismes caritatifs libanais. Au cours du dîner officiel qui s’est également tenu à l’hôtel Phoenicia, Youssef Abdel-Samad, l’un des participants, a récité un de ses poèmes très émouvants évoquant son attachement à la patrie. Ce fut aussi l’occasion d’une rencontre très fructueuse au cours de laquelle le poète, qui préside la nouvelle al-Rabita al-qalamiyah à New York, nous a fait part des projets de ce cercle littéraire célèbre pour avoir été créé en 1920 par Gebran Khalil Gebran, Mikhaël Neaïmé et plusieurs autres hommes de lettres, qui avaient alors constitué un premier noyau de l’émigration libano-américaine.
M. Abdel-Samad envisage la production d’un film « hollywoodien » sur Khalil Gebran ainsi qu’un voyage annuel sur les traces de Gebran au Liban, qui coïnciderait avec le congrès annuel de la LARP. « Gebran est parti du Liban en inconnu, il en est revenu prophète, dit-il. Nous avons reçu de nombreux prophètes du ciel, mais ils nous ont divisés, alors que celui-là a pu nous rassembler. Aux États-Unis, Gebran se trouve dans la plupart des maisons. C’est l’occasion de faire connaître aux Américains sa mère patrie », dit-il.
Arrivé à New York en 1969, Youssef Abdel-Samad, qui habite le New Jersey, est marié à Nora Nouaihed. Il est père de deux garçons et deux filles, dont la plus jeune est universitaire. Ils rentrent tous les ans à Ras el-Metn, leur village d’origine, où ils ont reconstruit la maison familiale datant de 250 ans. « J’ai travaillé dans la restauration, puis dans le développement de centres commerciaux entre les États-Unis et l’Australie, raconte-t-il. J’ai abandonné la poésie pendant 20 ans puis j’ai arrêté mon travail pour rester auprès de ma famille. » Féru de culture, il craint la politique qui divise les grandes organisations libanaises de l’étranger.

Des vers dédiés à l’ambassadeur
En fait, c’est grâce à un heureux concours de circonstances qu’il a décidé de redynamiser al-Rabita al-qalamiyah. En 2003, Youssef a été invité à la résidence new-yorkaise de l’ambassadeur d’Arabie saoudite aux États-Unis, Abdel-Jaber al-Joudeir, qui lui demanda de lui composer un petit poème. Il voulait ainsi faire partie de la « boîte à merveilles » de Youssef, dans laquelle le poète critiquait en quelques vers de « zajal » ses voisins et amis. Après l’avoir mieux connu, il lui dédia ce petit couplet : « Wes-safir Abdel-Rehmen, Mech safaret kif maken, Saoudi w’be hejj b-Lebnen. » (« Et l’ambassadeur Abdel-Rahman, et pas n’importe quelle ambassade… Il est saoudien et va en pèlerinage au Liban. ») Quelque temps plus tard, l’ambassadeur l’appelle à son retour de vacances : « Je suis parti, j’ai suivi tes conseils, j’ai effectué mon pèlerinage au Liban et j’ai acheté un appartement à Broummana ! » s’était-il exclamé. Et c’est ainsi qu’il en vint à soutenir financièrement la « Rabita ».
Plusieurs personnalités éminentes font partie aujourd’hui de ce mouvement littéraire, dont le professeur Edgar Choueiri, qui dirige le département d’astrophysique à Princeton et développe des programmes spatiaux pour la NASA (poste qu’occupait Albert Einstein). Il est aujourd’hui président de l’Académie libanaise des sciences.
Le « zajal », poésie libanaise sous forme de dialogue accompagné de pointes d’ironie, figure au centre de ce mouvement. C’est ainsi qu’au mois de mai dernier, on a pu assister, dans la prestigieuse Université de Columbia, lors d’une cérémonie de plantation du cèdre du Liban, à une séance étonnante opposant Youssef Abdel-Samad, qui défendait la Terre, à Edgar Choueiri, qui défendait Mars ! Plusieurs passages sont disponibles sur le site You Tube sur le Web (mot-clé : « zajal debate university columbia »).
Youssef Abdel-Samad a également à son actif plusieurs livres de poésie arabe que l’on peut trouver à la librairie Bisan à Hamra. Au cours de la réunion de la LARP, il a découvert qu’une des participantes possédait 210 lettres des États-Unis signées de Maroun Abboud, dont elle va faire don à la « Rabita ». Youssef est également conseiller pour le Moyen-Orient auprès de l’administration américaine à New Jersey, et fait partie du comité organisateur du Festival d’art islamique, qui se déroulera du 5 au 11 juin prochain à New York et dont la responsable est la Pakistanaise Ziba Rouhman.
Pour terminer, il confie : « Pour sauver le Liban, le droit doit faire de la minorité une majorité si elle est attaquée, et faire de la majorité une minorité si elle s’y attaque. Et que les jugements soient exécutés. Et que soient jugés le plus petit comme le plus grand. Sinon, le Liban restera un pseudo-État. »
Poète à ses heures, adepte du « zajal », Youssef Abdel-Samad est aussi celui qui préside actuellement al-Rabita al-qalamiya (Alliance de la plume) à New York. La « Lebanese American Renaissance Partnership » (voir L’Orient-Le Jour du 16 juin 2008) a tenu sa réunion annuelle les 12 et 13 septembre à...