Une des révélations des derniers soubresauts de la guerre Iran-Israël ou l’inverse est que la République islamique était finalement capable de faire mal frontalement à l’État hébreu. Car les morts et destructions récentes infligées à Tel-Aviv contrastent avec les premières salves iraniennes d’avril 2024, presque tirées pour rien alors que le monde entier retenait son souffle : était-ce le commencement d’un conflit nucléaire qui engloutirait l’humanité de vague en vague ? C’était tellement fou, cette première historique de missiles balistiques traversant un continent de nuit, zébrant le ciel de villes endormies et terrorisant l’humanité entière pour, à l’arrivée, s’avérer inoffensifs. Au Liban, certains avaient cru que Téhéran se précipitait au secours du Hezbollah. C’était bien naïf. Un bon proxy est un proxy suicidaire. La milice chiite– le savait-elle déjà ?– n’avait rien à espérer de son patron qui avait suffisamment investi en argent et en armes en contrepartie de ses dispositions sacrificielles. L’Iran aurait pu empêcher que les membres du commandement du Hezbollah, à commencer par Hassan Nasrallah, ne brûlent sur ce bûcher de dupes. Il n’a rien fait. Le Hezbollah n’était qu’un fusible, majeur sans doute, mais un fusible est fait pour sauter. Après des mois d’usure, le Hezbollah quasi neutralisé, l’Iran a finalement sorti son grand jeu et lâché la grosse artillerie sur laquelle Nasrallah avait compté en vain pour « anéantir » Israël. N’anéantissant rien du tout, mais réalisant quelques scénarios satisfaisants pour son ego, tel que celui de voir les Israéliens prendre à leur tour le chemin des abris ou de l’exil, leur saison touristique compromise, leur économie fragilisée. La propagande était sauve et les mollahs pouvaient se contempler dans l’eau lourde de leurs réacteurs sans la voir se troubler.
Sachant les capacités de l’Iran dangereuses mais limitées, bien placé pour mesurer les infinis moyens militaires d’Israël, puisqu’il en est le pourvoyeur, Donald Trump a laissé leurs deux armées se combattre comme « deux gamins dans une cour de récréation ». « On les laisse se donner des coups pendant deux ou trois minutes. Il est ensuite facile de les arrêter », explique, pédagogue, le président américain. À quoi le secrétaire général de l’OTAN renchérit en éclatant de rire : « Et parfois, « daddy » doit utiliser un langage fort. » Quelque chose d’embarrassant dans ce coup de brosse à reluire envoyé par Mark Rutte, reconnaissant implicitement en Trump le mâle alfa dans la pièce. Il donne au président américain du grain à moudre. « N’avons-nous pas réussi ce coup ? Ce coup a mis fin à la guerre », se vente Trump, alors que l’Iran nie avoir subi les dégâts proclamés. L’Iran prétend avoir mis à l’abri son précieux uranium enrichi. On a tant répété le mot uranium ces dernières années qu’on en vient à le prononcer « iranium ». Que cet uranium soit caché ou qu’il soit inexistant, flou dans lequel demeure, de son côté, le programme nucléaire israélien, il lui suffit d’être une probabilité pour que son rôle dissuasif demeure efficace. Il continuera à couver sous la cendre que de nouveaux prétextes pourront rallumer. Force est de constater aussi que le bombardement finalement anodin de la base américaine du Qatar ne fut qu’une salve d’honneur, et que l’Iran n’a même pas tenté de fermer le détroit d’Ormuz, perspective que le monde redoutait et sur laquelle se tissaient mille spéculations. Consacré « papa » au lendemain de la fête des Pères au Levant, Trump est dans un nouveau rôle de pion et de fouettard. Faut-il que le monde soit en mal de père…
Bientôt, Abou Adass le retour avec les iraniens et le Hezzbollah qui péroreront qu'ils nous l'avaient bien dit, que sans eux en Syrie et ici, point de protection ...
15 h 53, le 27 juin 2025