
Le général italien Diodato Abagnara. Photo tirée de son compte X
« C'est avec un grand honneur et un profond sens des responsabilités que j'assume aujourd'hui le commandement de la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban) », a déclaré sur X, le général italien Diodato Abagnara, ce mardi 24 juin, prenant officiellement la tête de la force onusienne. « Que ce nouveau chapitre commence avec une vision claire, une énergie renouvelée et un sens inébranlable de l'objectif. L'espoir de stabilité et d'un avenir meilleur peut et doit prévaloir », a-t-il déclaré alors que se tenait ce matin la cérémonie de passation, au quartier général de la Finul à Naqoura.
Le général Abagnara succède ainsi au général espagnol Aroldo Lázaro Sáenz, au poste de Chef de mission et commandant de la Finul. Son prédécesseur avait été nommé en février 2022 et a donc assumé ses fonctions pendant l'une des périodes les plus compliquées sur le plan sécuritaire, aussi bien pour le Liban que pour les casques bleus. Le nouveau chef est ainsi à la tête d'une force, créée en 1978, d'environ 10 000 soldats de la paix issus de 47 pays contributeurs, composée essentiellement de contingents venus d’Indonésie, d’Inde, du Ghana, d’Italie, du Népal et de Malaisie, mais aussi d’Espagne, de France, de Chine et d’Irlande.
La Finul, aux côtés des États-Unis, de la France, du Liban et d'Israël, fait partie du « comité de surveillance international » chargé de superviser le cessez-le-feu entre l'Etat hébreu et le Hezbollah, entré en vigueur le 27 novembre dernier. Cette trêve avait mis fin à plus de 13 mois de guerre entre les deux belligérants et prévoit l’application de la 1701. Le 13 mai, la Finul avait annoncé avoir découvert plus de 225 caches d'armes dans le sud depuis la trêve. L'armée israélienne occupe toujours cinq points le long de la frontière et continue de bombarder le sud du pays. Ce mardi 24 juin, une nouvelle attaque de drone sur une voiture à Kfar Dajjal a fait trois morts, selon le ministère de la Santé (Haïtham Bakri, son fils Mohammad, et son père Abdallah).
La nomination du commandant Diodato Abagnara avait été officialisée dans un communiqué, le 4 juin, qui rappelait que le général de division jouissait de 36 ans d'expérience militaire. Il a été récemment commandant et président du Comité technique militaire pour le Liban (MTC4L), créé au niveau international. Ce comité regroupe actuellement huit membres (Italie, Allemagne, Espagne, France, Pays-Bas, États-Unis, Royaume-Uni et Union européenne) ainsi que des pays observateurs/partenaires et contributeurs, sous la direction de l’Italie et avec un double objectif : soutenir l’armée libanaise, mais aussi et surtout la population libanaise par le biais d’initiatives humanitaires. Il agit dans le respect des résolutions en vigueur des Nations unies et des missions bilatérales et internationales opérant sur le territoire libanais.
Diodato Abagnara prend ses fonctions à l'heure où le mandat de la Finul doit être renouvelé d'ici le mois d'août, une procédure qui fait souvent polémique, chaque partie tentant d'amender les fonctions des Casques bleus, notamment le Hezbollah en ce qui concerne la liberté de circuler des patrouilles. Cette année, les discussions s'annoncent plus corsées : certains membres du Conseil de sécurité, dont les Etats-Unis, semblent vouloir reconsidérer le mandat de la force onusienne en lui attribuant plus de prérogatives, allant jusqu'à placer la Finul sous le chapitre VII de la Charte de l'ONU, qui permet le recours à la force.
Par ailleurs, les incidents entre la Finul et les résidents locaux se sont multipliés dans certaines localités du Liban-Sud, depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu. Des convois de casques bleus ont notamment été bloqués ou pris à partie dans plusieurs localités du Sud par des habitants leur reprochant de ne pas être accompagnés dans leurs patrouilles par l'armée libanaise.