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Économie - Levée du secret bancaire

Levée du secret bancaire : « Il y avait bien une certaine tension dans la pièce avant le vote », admet Yassine Jaber

« La communauté internationale et les investisseurs veulent croire en l'avenir du pays. Ils voient une opportunité, qu'il faut concrétiser », a assuré le ministre des Finances.

Levée du secret bancaire :  « Il y avait bien une certaine tension dans la pièce avant le vote », admet Yassine Jaber

Le ministre des Finances, Yassine Jaber (au centre, en arrière-plan), lors de la table ronde consacrée à la reconstruction vendredi au siège de la Banque mondiale (BM) à Washington. Photo diffusée par le ministère des Finances

Il y a des signes qui ne trompent pas. Lors de la conférence de presse conjointe organisée avec le ministre saoudien des Finances, Mohammad el-Jadaan, vendredi, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a tenu à évoquer le Liban de son propre chef, après avoir répondu à une question sur la Syrie.

Bien que bref, l’échange avec les journalistes a confirmé ce qui se ressentait depuis la veille : le vote au Liban d’une loi amendant le secret bancaire, conforme aux prérequis du FMI, avait bel et bien changé l’humeur des interlocuteurs du pays, durant cette semaine consacrée aux réunions de printemps du Fonds et de la Banque mondiale à Washington.

« Il y avait bien une certaine tension dans la pièce avant ce vote du Parlement », a déclaré à L’Orient-Le Jour le ministre des Finances, Yassine Jaber, qui conduisait la délégation libanaise venue s’entretenir avec les deux institutions de Bretton Woods, l’administration américaine et les autres partenaires du Liban. La veille, le ministre de l’Économie, Amer Bsat, tenait un discours similaire.

Le texte en question avait été approuvé par le Conseil des ministres au début du mois d'avril, dans une version jugée globalement acceptable par le FMI. Mais son passage en commissions mixtes parlementaires a duré « huit heures et demie », selon le ministre, et débouché sur une nouvelle mouture limitant les prérogatives des auditeurs mandatés dans le cadre de la loi – un changement indigeste pour le Fonds.

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« Tous nos interlocuteurs étaient au courant de cette modification et nous l’ont fait savoir dès les premiers jours d’entretien. C’était comme si nous faisons face à un orchestre parfaitement coordonné. L’amendement introduit par les commissions avait soulevé des interrogations sur la volonté réelle du Liban de mener à bien les réformes », a encore déclaré le ministre.

Adoption au forceps

Le ministre assure que les députés ont bien réagi une fois qu'ils ont été mis au courant. « Le fait que cette version de la loi ait finalement été votée à 87 voix contre 13, soit plus des deux tiers de la majorité, montre que ce vote est aussi un vote de confiance dans le plan du gouvernement », a ajouté Yassine Jaber. Un message qu’il a également relayé lors de son discours à la table ronde.

« Cet obstacle étant franchi, il faut maintenant aller de l’avant », a poursuivi M. Jaber en soulignant que la table ronde de vendredi après-midi, dédiée à la reconstruction, s’est très bien passée. « Notre plan était clair, les chantiers et leur mécanisme de suivi étaient bien identifiés. Nos partenaires ont pu l’apprécier », a-t-il déclaré.

Consulté par L'Orient-Le Jour, il a précisé que la présentation portait sur les chantiers lancés dans les 60 jours suivant le vote de confiance du Parlement au gouvernement de Nawaf Salam. Parmi les points abordés : l’adoption de la loi sur le secret bancaire, l’approbation par le Conseil des ministres du projet de loi de résolution bancaire — qui doit encore être voté par le Parlement —, la mise en place des nouveaux critères de recrutement pour plusieurs catégories de hauts fonctionnaires et la préparation du budget de 2026.

Plusieurs projets approuvés par le Conseil d’administration de la Banque mondiale (eau, énergies renouvelables, gestion des finances publiques) ont également été mentionnés, en plus de celui de 250 millions de dollars pour la réhabilitation du réseau électrique annoncé jeudi par le ministre et celui de 200 millions de dollars annoncé vendredi soir par la ministre des Affaires sociales, Hanine Sayed, également présente à Washington, pour soutenir le programme Aman en faveur des familles les plus démunies.

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Dans la liste des projets, le ministre a également cité la réforme de la politique de taux de change pour soutenir la balance des paiements, les réformes de la Banque du Liban (BDL) pour améliorer la supervision monétaire, le renforcement des organes de la Cour des comptes et les audits pour les entreprises publiques. Le but étant d’attirer les investisseurs et de favoriser une croissance dirigée par le secteur privé.

Faire comprendre aux banques

Le ministre a également appelé « la communauté internationale à soutenir ces efforts, ainsi qu’à aider l’armée libanaise à étendre son déploiement au Sud, en conformité avec la résolution 1701 des Nations unies, afin de renforcer l’autorité de l’État sur tout le territoire libanais, alors que les violations israéliennes du cessez-le-feu, entré en vigueur le 27 novembre dernier avec le Hezbollah, se poursuivent ».

« La communauté internationale et les investisseurs veulent croire en l'avenir du pays. Ils voient une opportunité, qu'il faut concrétiser », a encore fait valoir Yassine Jaber, à propos de projets sur lesquels le pays a fait défaut en mars 2020 et n’a toujours pas restructurés. « Le Qatar, l’Arabie saoudite et la France, pour ne citer qu’eux, ont appelé à soutenir le Liban. La directrice générale du Fonds nous a même dit, lors d’une réunion, que l’organisation se tiendrait aux côtés du Liban, qu'elle voulait nous aider à sortir de la crise », a poursuivi M. Jaber. La dernière réunion de la journée, prévue avec le directeur général adjoint du FMI, Nigel Clarke, devait confirmer ces bonnes impressions. L’ancien haut responsable jamaïcain a évoqué samedi sur X une « très bonne réunion avec l'équipe économique du Liban », et a « salué la réforme du secret bancaire ». « Nous avons également discuté des réformes difficiles mais essentielles pour une croissance durable, ainsi que des efforts en matière de financement de la reconstruction. Nous restons engagés dans la préparation du programme de réformes du Liban », a conclu Nigel Clarke.

La prochaine étape viendra, en tout cas, mettre à l’épreuve ces bonnes intentions, avec l’obstacle du secteur bancaire que tous les gouvernements ont échoué à franchir depuis 2020. « Personne ne veut détruire le secteur bancaire et personne ne nie que la BDL a failli à sa mission de contrôle. Mais la priorité maintenant, et je l'ai dit aux représentants du secteur, c’est que les Libanais puissent à nouveau envisager de déposer leur argent dans les banques. Nous avons besoin de banques bien capitalisées, qui sont conformes à la réglementation internationale, qui fonctionnent, même si cela implique que certaines banques fusionnent. Il y a eu un accident et tout le monde est dans le même train », a argumenté Yassine Jaber.

Une délégation du FMI devra en principe se rendre en mai au Liban pourvoir comment les choses avancent sur ce plan.

Il y a des signes qui ne trompent pas. Lors de la conférence de presse conjointe organisée avec le ministre saoudien des Finances, Mohammad el-Jadaan, vendredi, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a tenu à évoquer le Liban de son propre chef, après avoir répondu à une question sur la Syrie.Bien que bref, l’échange avec les journalistes a confirmé ce qui se ressentait depuis la veille : le vote au Liban d’une loi amendant le secret bancaire, conforme aux prérequis du FMI, avait bel et bien changé l’humeur des interlocuteurs du pays, durant cette semaine consacrée aux réunions de printemps du Fonds et de la Banque mondiale à Washington.« Il y avait bien une certaine tension dans la pièce avant ce vote du Parlement », a déclaré à L’Orient-Le Jour le ministre des...
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Pouvez-vous préciser Qui a voté contre cette loi ?

Wow

14 h 43, le 27 avril 2025

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Commentaires (3)

  • Pouvez-vous préciser Qui a voté contre cette loi ?

    Wow

    14 h 43, le 27 avril 2025

  • IL Y AURAIT DONC 87 PAMI LES 128 QUI SERAIENT DESIREUX DE BIEN FAIRE ? ET LES AUTRES 41 RESTANTS ? ESSAIERONT ILS DE FAIRE CAPOTER CET ELAN SALVATEUR ?

    L’acidulé

    09 h 36, le 27 avril 2025

  • Il y a eu " un accident et tout le monde est dans le même train " ? Non, les mafieux ont volé l'argent des libanais. L'Etat ( financé par les libanais) est victime. Les libanais n'ont jamais eu les routes, le système électrique, la sécurité sociale, ... qu'ils auraient dû avoir. Ils ne l'ont pas eu parce que l'argent a été volé.

    L'étranger

    08 h 24, le 27 avril 2025

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