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Environnement - Polémique

Malgré une décision de justice, les travaux se poursuivent sur un projet controversé à Tyr

La juge des référés de la région avait pris la décision d’interrompre la construction depuis le 12 mars, mais l’association Green Southerners, auteur de la plainte, dénonce une poursuite illégale du chantier.

Malgré une décision de justice, les travaux se poursuivent sur un projet controversé à Tyr

Des travaux dans une zone hautement sensible, écologiquement et archéologiquement, dans la ville de Tyr, se poursuivent malgré une décision de justice, et dans le cadre d'une inaction notoire des autorités. Photo Fadia Joumaa

L’association écologique Green Southerners a dénoncé mercredi, dans un communiqué, la poursuite des travaux dans la région de Chouakir à Tyr (Liban-Sud), malgré une décision de la juge des référés de la région, Yolla Ghotaimi, le 12 mars dernier, d’interrompre les travaux le temps d'envoyer un expert en environnement pour inspecter les lieux.

Le projet provoque une vive polémique depuis plusieurs mois auprès des écologistes et des habitants de la région, pour une raison dénoncée par une campagne civile baptisée « Protéger la plage et la réserve de Tyr », qui est celle de l’empiétement sur la zone tampon de la réserve marine de la ville, à moins de 500 mètres de celle-ci. Une autre raison majeure d’opposition au projet est celle mise en évidence par le Comité libanais pour la sauvegarde de Tyr, qui parle de sites archéologiques inestimables et non fouillés sous la zone de construction, notamment les vestiges d’un des trois ports phéniciens de la ville.

Le projet lui-même est situé sur des biens-fonds alloués par l’Etat libanais au ministère de la Défense. Mais le projet, réalisé par une société privée en vertu d’un contrat en BOT avec le ministère, n’est pas uniquement destiné à l’armée, bien qu’il comporte un club des officiers : selon les informations du Comité libanais pour la sauvegarde de Tyr, il s’agirait d’un projet purement commercial et s’étendant sur quelque 400 000 m2 Il semble qu’il ne soit accompagné d’aucune étude de faisabilité ni d’impact environnemental, ni même des permis nécessaires, et le secret qui l’entoure est justifié par le fait que le terrain est administré par le ministère de la Défense.

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Dans son communiqué, Green Southerners exprime sa « profonde inquiétude quant à la poursuite des graves violations aux lois en vigueur dans la région de Chouakir, à Tyr, où l’entrepreneur poursuit des travaux en vertu d’un contrat avec le ministère de la Défense, ce qui menace la réserve naturelle de la ville et ses zones humides, ainsi qu’un site archéologique majeur, et ce, malgré une décision de justice en faveur de l’arrêt du chantier ».

Le ministère notifié

L’association assure que « la décision de la juge des référés a bien été transmise au ministère de la Défense par deux canaux différents, les 19 et 24 mars, mais qu’aucune mesure pour arrêter les travaux n’a été prise ». Elle ajoute avoir notifié le ministère de l’Environnement, ministère de tutelle en ce qui concerne les réserves naturelles, à plusieurs reprises des travaux destructeurs dans la zone tampon de la réserve : le premier message date du 11 septembre 2024 (avant l’élargissement de la guerre entre Israël et le Hezbollah qui interrompra le projet durant deux mois environ, avant qu’il ne reprenne après le cessez-le-feu du 27 novembre), le second en date du 2 février 2025 et le troisième le 8 avril dernier. Dans un article précédent, la ministre Tamara el-Zein avait assuré à L’Orient-Le Jour avoir signé la lettre demandant une étude d’impact environnemental, mais l’ONG déplore dans son communiqué que le ministère n’ait encore pris aucune mesure.

Autre action entreprise par Green Southerners : une plainte déposée auprès du parquet spécialisé dans les affaires environnementales au Liban-Sud en date du 11 février 2025. Bien que le juge ait décidé d’ouvrir une enquête, il n’a pas pris de décision immédiate d’interrompre les travaux entre-temps, déplore le communiqué.

L’association a également prévenu le ministère de la Culture, dans une lettre datant du 20 février 2025, du danger qui pèse sur les vestiges archéologiques dans une zone classée comme importante à ce niveau depuis 2019. Green Southerners dit avoir pourvu tous les documents prouvant la présence de vestiges phéniciens, romains et byzantins dans la zone, d’autant plus que 5 des 8 terrains sur lesquels sera situé le projet sont inscrits sur l’inventaire national des bâtiments historiques (ce qui impose des contraintes très strictes à toutes sortes de constructions).

Malgré toutes ces preuves et « la réaction positive de la Direction générale des Antiquités qui tend à vouloir protéger certains endroits spécifiques, ces mesures restent insuffisantes à protéger l’intégralité du site », estime le texte.

Green Southerners assure avoir mis en garde contre la poursuite illégale des travaux depuis le 27 mars dernier, et demande aux ministères de la Défense, de l’Environnement et de la Culture « d’assumer leurs responsabilités légales et morales en arrêtant les travaux sans délai, ordonnant le retrait des bulldozers et demandant des comptes pour les dégâts environnementaux et archéologiques considérables déjà infligés au site ». 

L’association écologique Green Southerners a dénoncé mercredi, dans un communiqué, la poursuite des travaux dans la région de Chouakir à Tyr (Liban-Sud), malgré une décision de la juge des référés de la région, Yolla Ghotaimi, le 12 mars dernier, d’interrompre les travaux le temps d'envoyer un expert en environnement pour inspecter les lieux.Le projet provoque une vive polémique depuis plusieurs mois auprès des écologistes et des habitants de la région, pour une raison dénoncée par une campagne civile baptisée « Protéger la plage et la réserve de Tyr », qui est celle de l’empiétement sur la zone tampon de la réserve marine de la ville, à moins de 500 mètres de celle-ci. Une autre raison majeure d’opposition au projet est celle mise en évidence par le Comité libanais pour la sauvegarde de...
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