Dans un monde idéal, il est évident qu’une normalisation avec Israël serait bienvenue. Quel pays normalement constitué rejetterait un traité qui assurerait la paix à ses frontières ? Après de longues années de guerres où Israël est tantôt à l’arrière-plan, tantôt directement impliqué, bouderait-on pour le principe une réconciliation qui permettrait au Liban de vivre et prospérer en toute quiétude ? Ce serait se condamner soi-même à une interminable insécurité. Le problème est que les traités de paix, pour être honnêtes et durables, viennent en général consacrer un certain équilibre. Or, à l’évidence, la balance penche, et pas en notre faveur.
Israël, on l’a vu faire. À Gaza, il poursuit impitoyablement une guerre d’occupation sans plus chercher à s’en défendre. Au Liban, le Hezbollah lui a offert un prétexte en or pour gagner de nouvelles positions dont on sait qu’il ne les lâchera pas sans contrepartie. Un lobbying tendu est en cours pour convaincre le Liban de la signer, cette normalisation. À ce stade, notre pays n’a pas de quoi négocier. On peut imaginer qu’il y laissera des plumes dont une partie du sud et du Litani ne sont pas les moindres. En attendant, si c’est bien le Hezbollah qui poursuit son harcèlement contre le nord d’Israël avec des lance-roquettes artisanaux, on doit s’attendre à des attaques surprises, nocturnes ou pas, à la poursuite de quelque cacique de ce parti revenu à sa vie normale, ce qui signifie dans sa famille et parmi ses voisins, dans des quartiers peuplés qu’il met en danger.
Tant que durera ce petit jeu, et il peut ne jamais s’arrêter, Israël continuera à faire fi de toutes les réglementations internationales avec la bénédiction des États-Unis, et la crise existentielle que traverse notre pays ne trouvera pas d’issue.
En 1967, on croyait leurrer l’armée de l’air israélienne en enveloppant lustres et fenêtres de papier bleu, de sorte à tamiser les lumières et brouiller les repères la nuit. Un peu moins de soixante ans plus tard, on en est encore au même point, alors que l’État hébreu avance à la tête d’une des plus puissantes armées du monde. La cause palestinienne semble, à ce stade, perdue. Israël refoule les autochtones avec une violence inouïe, partout où il le peut. La nouvelle Syrie, n’ayant pas le choix des armes, laisse son voisin grignoter son territoire. Le Liban officiel s’indigne, c’est déjà ça, mais son impuissance est flagrante, et il ne sait visiblement pas par où commencer pour éloigner de lui la coupe d’une tutelle. Or celle-ci est annoncée par l’édification en cours d’une des plus grandes ambassades américaines de la région.
Et puis, il y a ce nous, tout petit nous, peuple libanais convaincu que son pays n’est pas une erreur de l’histoire. On se chicane, on en vient parfois aux mains ou même aux armes, mais un minimum d’instinct de survie nous dicte que nous devons faire front commun. « Fake it till you make it » dit-on en anglais : Fais semblant jusqu’à ce que tu y parviennes. C’est ce que nous faisons : semblant. Le Hezbollah continue à faire semblant d’être fort. Le pouvoir exécutif soigne la vitrine, à commencer par la réorganisation de l’aéroport et la mise en garde des fonctionnaires des administrations publiques. Il fait semblant de tenir la situation en main, mais il est loin de s’attaquer aux problèmes de fond, la crise des dépôts, les nouveaux territoires occupés, l’électricité, les salaires dérisoires. Les gens ordinaires font semblant de reprendre une vie normale. Vous avez entendu, cette nuit ? Oui, mais on s’est rendormis. Peut-être qu’au réveil les choses se seront résolues d’elles-mêmes. Dans le cas contraire, on fera comme si. Comme au temps du papier bleu.
Láccord de1949 entre Israel et le Liban c'est quoi? Tout simplement ce qu'un accord de Paix est. Signer un traitede Paix, reconnaitre les frontiere et une cessation de toute activite belliqueuse. Rappelez vous de 1949 aux ccord du Caire, la frontiere etait calme. Apre l'accord du Caire tout a change. Mais ce n'etait jamais Israel qui attaquait, c'etait Israel qui reagissait.
18 h 21, le 03 avril 2025