Rechercher
Rechercher

Mauvais endroits, mauvaises politiques

Mars, dieu de la guerre. Il y aurait donc une fatalité de la guerre au mois de mars ? La trêve qui nous a trouvés groggy après des semaines de bombardements massifs commence à se fissurer. À peine les Libanais ont-ils enterré leurs morts et commencé, pour un grand nombre d’entre eux, le deuil de leur vie d’avant, les murs se lézardent à nouveau. L’armée est au four et au moulin, maudite par les cerveaux lavés là où elle cherche à rétablir la souveraineté de l’État, mobilisée en combats inutiles contre des pègres déguisées en mouvances à caractère religieux.

À lire aussi

Pourquoi Israël a relancé la guerre à Gaza

L’Iran réactive ses bras arabes de l’« axe de la résistance », le Hamas s’autorise de bloquer la libération des derniers otages israéliens du 7-Octobre, l’Irak est au bord de l’implosion et le Hezbollah ergote par le truchement de la ministre de l’Environnement sur la remise de ses armes, pourtant condition de cette trêve qu’il a signée. Rhétorique de l’œuf et de la poule d’ailleurs habilement orchestrée par Israël qui, fort de sa supériorité militaire, n’entend pas restituer sans contrepartie les cinq points qu’il occupe encore depuis l’arrêt relatif des combats. Et sans l’évacuation de ces cinq points, dont l’occupation par Israël résulte de son propre aventurisme, le Hezbollah refuse de remettre ses armes. On se demande qui a convaincu la formation chiite, après tous les dommages qu’elle a subis et fait subir au Liban déjà exsangue avant l’ignition inconsidérée du front sud, que son arsenal la protège et garantit sa domination politique. On se demande comment le Hamas comptait protéger le peuple gazaoui – près de 1 000 morts en 48 heures sous une démente attaque-surprise de l’État hébreu, et c’est intolérable. La réponse est « peu importe ». La guerre, de part et d’autre, est un état naturel dont il n’est pas permis d’envisager la fin. Nous sommes bien placés pour savoir que cet état de choses peut durer toute une vie. Que l’on souffre ou que l’on meure fait partie de la cruelle équation. On finit par composer avec la fatalité d’être né au mauvais endroit et le douloureux dilemme de partir ou vivre avec, sachant que les mauvais endroits résultent de mauvaises politiques.

Sur une note plus optimiste, on sent auprès des Libanais de l’étranger une envie presque irrépressible de revenir participer à la résurrection de leur pays. Il est vrai que la montée de l’extrême droite, un peu partout dans le monde, aliène un peu plus les immigrés de fraîche ou moins fraîche date. Il est vrai aussi que partout les opportunités s’amenuisent. Mais on raconte que le centre-ville de Beyrouth, la nuit, ressemble à une ruche. On raconte que les événements culturels se bousculent. Encore et encore, la ville s’offre de nouveaux restaurants, de nouveaux lieux de rencontres. De nouvelles communautés de créateurs se forment et s’ouvrent au profane. Le pays se prépare pour un été vibrant et chacun veut déjà en être. En être un peu plus, vivre dans cette urgence, sentir la vie en soi parce qu’elle est comptée, toujours entre parenthèses. Constater que tout apport de compétences fait un changement et que ce changement fait sens. Leur raison de revenir est de trouver une raison d’être. Leur place est là, non pas à conquérir, mais à accepter avec tout l’inconfort qui l’accompagne. Ennui du confort, après tout.

Mars, dieu de la guerre. Il y aurait donc une fatalité de la guerre au mois de mars ? La trêve qui nous a trouvés groggy après des semaines de bombardements massifs commence à se fissurer. À peine les Libanais ont-ils enterré leurs morts et commencé, pour un grand nombre d’entre eux, le deuil de leur vie d’avant, les murs se lézardent à nouveau. L’armée est au four et au moulin, maudite par les cerveaux lavés là où elle cherche à rétablir la souveraineté de l’État, mobilisée en combats inutiles contre des pègres déguisées en mouvances à caractère religieux. À lire aussi Pourquoi Israël a relancé la guerre à Gaza L’Iran réactive ses bras arabes de l’« axe de la résistance », le Hamas s’autorise de bloquer la libération des derniers otages israéliens du 7-Octobre, l’Irak est...
commentaires (2)

Merci d'avoir corrrigé, j'apprécie beaucoup vos textes.

Politiquement incorrect(e)

18 h 02, le 20 mars 2025

Commenter Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Merci d'avoir corrrigé, j'apprécie beaucoup vos textes.

    Politiquement incorrect(e)

    18 h 02, le 20 mars 2025

  • On peut être né au mauvais endroit mais les autres ne peuvent s'enorgueillir d'avoir gagné la guerre : ils l'ont gagnée parce qu'ils étaient plus riches et plus forts, aidés par des états immoraux et colonalistes. C'est la loi du plus fort et non la victoire du droit et du courage. Petite remarque orthographique : "que l'on vive ou que l'on meurE" (c'est un subjonctif).

    Politiquement incorrect(e)

    11 h 58, le 20 mars 2025

Retour en haut