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Politique - Liban-Sud

Maintien des troupes israéliennes en 5 « points stratégiques » : le Liban privilégie la voie diplomatique

Le président de la République Joseph Aoun souligne devant un groupe de journalistes qu’il s’agit là d’une « décision libanaise unanime » et que « l’État est désormais responsable de la sécurité de ses frontières ».

Maintien des troupes israéliennes en 5 « points stratégiques » : le Liban privilégie la voie diplomatique

Un secouriste et une femme devant une dépouille mortelle extraite des décombres à Kfar Kila au Liban-Sud, le 18 février 2025. Mohammad Yassine/L’Orient-Le Jour

La journée tant attendue du 18 février 2025, celle du retrait des troupes israéliennes restantes du territoire libanais après une guerre avec le Hezbollah commencée en octobre 2023 et un cessez-le-feu depuis le 27 novembre 2024, se sera finalement déroulée sans trop d’encombres. Israël s’est bien retiré des villages occupés, que les habitants ont retrouvés dans un mélange de liesse et de détresse à la vue des destructions. Mais l’armée de l’État hébreu a maintenu, comme elle l’avait annoncé, cinq positions qu’elle a qualifiées de « stratégiques » à l’intérieur du territoire libanais. 

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Une mesure « officialisée » par le ministre israélien de la Défense Israël Katz, qui a promis mardi dans un communiqué d’agir « de façon coercitive » contre le Hezbollah. « À partir d’aujourd’hui, l’armée restera dans une zone tampon au Liban avec cinq postes de contrôle et continuera d’agir de façon coercitive et sans compromis contre toute violation de la trêve par le Hezbollah », a déclaré le ministre, alors qu’en vertu de l’accord de cessez-le-feu, Israël aurait dû se retirer mardi totalement du Liban-Sud, après avoir déjà reporté la date initialement prévue. 

Pour sa part, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a fait savoir que l’armée israélienne allait se maintenir « provisoirement » dans ces cinq points « nécessaires à notre sécurité ». « Une fois que le Liban aura pleinement mis en œuvre sa part de l’accord, il ne sera plus nécessaire de maintenir ces points », a-t-il ajouté au cours d’une conférence de presse à Jérusalem. 

À cela, le Liban officiel n’a pas tardé à répliquer. « Israël doit se retirer de tous les territoires libanais occupés », ont affirmé les présidents de la République Joseph Aoun, du Parlement Nabih Berry et du Conseil des ministres Nawaf Salam dans un communiqué commun relayé par le palais présidentiel de Baabda sur la plateforme X, à l’issue d’une réunion des trois responsables. 

« L’armée libanaise joue son rôle et elle est totalement prête à exercer sa mission à la frontière » avec Israël, poursuit le communiqué des trois présidents. Le texte affirme également que Beyrouth « va s’adresser au Conseil de sécurité de l’ONU, à l’origine de la résolution 1701, pour qu’il prenne les mesures urgentes nécessaires contre les violations israéliennes et oblige l’État hébreu à se retirer immédiatement jusqu’aux frontières, comme l’exige la résolution internationale ». 

Devant les ruines de son domicile à Houla, cette famille n’a plus pour toute consolation que la photo de Hassan Nasrallah et un drapeau du Hezbollah. Photo Matthieu Karam

De son côté, l’ONU a averti que tout retard dans le retrait israélien du Liban-Sud violerait la résolution 1701 du Conseil de sécurité ayant servi de base à l’accord de cessez-le-feu. 

« Aujourd’hui (mardi) marque la fin de la période fixée pour le retrait de l’armée israélienne (...) et le déploiement parallèle des forces armées libanaises sur les positions au Liban-Sud », ont souligné l’émissaire de l’ONU au Liban et les Casques bleus dans un communiqué conjoint. « Un autre retard dans ce processus n’est pas ce que nous espérions, d’autant moins qu’il continue de violer la résolution 1701 ». 

Décision libanaise unanime

Plus tard dans la journée, le président de la République Joseph Aoun devait donner de plus amples détails sur la voie à suivre. Il a annoncé qu’il est en contact avec Washington et Paris pour qu’Israël se retire de tous les territoires libanais. 

À l’issue d’une réunion avec le Club de la presse, le président n’a laissé aucune ambiguïté sur la manière dont Beyrouth allait s’y prendre pour revendiquer un retrait israélien total. « La décision libanaise est unanime dans son choix de la voie diplomatique, parce que personne ne veut la guerre, mais l’État », a-t-il dit. « C’est l’État qui est désormais responsable de la sécurité des frontières, après avoir retrouvé son pouvoir de décision, et cette décision n’appartient qu’aux Libanais », a-t-il ajouté. 

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Selon lui, « la reconstruction prendra du temps et sera liée d’une façon ou d’une autre aux réformes et à la lutte contre la corruption ». Il a réaffirmé son refus de voir quiconque « tirer sa force de ses relations avec l’étranger » et a appelé « à aborder les bouleversements avec calme, loin des tensions et des accusations de trahison  ». 

Si le chef de l’État mentionne ces accusations, c’est que celles-ci transparaissent toujours dans certaines déclarations, qui continuent de mettre en porte-à-faux l’État et les armes du Hezbollah. Une récente déclaration du mufti jaafarite Ahmad Kabalan, proche du parti chiite, allait dans ce sens. « Il n’y a pas de Liban ni de souveraineté depuis 1982 sans les armes de la résistance. Les armes de la résistance subsisteront tant qu’Israël et ses menaces subsisteront », avait-il affirmé dans un communiqué. « Un conseil à certaines personnes arrogantes : ne compromettez pas la sécurité nationale du pays. Ce que les plus grandes guerres israélo-américaines n’ont pas pu faire, personne ne peut le faire », a-t-il ajouté. 

Pour sa part, le chef de l’État, en réponse à la colère de la rue chiite après l’interdiction signifiée à des avions iraniens d’atterrir à l’aéroport de Beyrouth, a insisté sur le fait qu’« il n’y a aucune volonté de marginaliser la communauté chiite comme l’insinuent certains ». « Les mesures prises à l’encontre des compagnies aériennes iraniennes sont liées aux sanctions dont elles font l’objet », a-t-il précisé. « La communauté chiite fait partie du tissu social libanais et n’est pas une entité étrangère », a-t-il martelé. 

Deux blessés et une bonne nouvelle

Sur le terrain, quelques incidents sécuritaires ont jalonné la journée du 18 février. L’armée israélienne a ainsi abattu l’un de ses propres drones, craignant un dysfonctionnement qui aurait pu le faire tomber en territoire libanais et « fournir des informations précieuses à ses adversaires », a rapporté le quotidien Haaretz. Durant l’essentiel de la journée, l’aviation israélienne n’a pas quitté le ciel du Liban-Sud, effectuant même des raids fictifs par moments. Dès le matin, l’armée israélienne s’était retirée des villages qu’elle occupait, aussitôt remplacée par l’armée libanaise qui a retiré les barrages en terre et déminé les lieux avant de permettre aux habitants d’y rentrer. 

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L’armée a détaillé ses mouvements dans un communiqué publié sur son compte X. Dans le caza de Marjeyoun, la troupe s’est déployée à Abbassiyé, Majidiyé et Kfar Kila, dans le secteur est de ce caza. Elle a également investi Adaïssé, Markaba, Houla, Meis el-Jabal, Blida et Mhaybeb dans le secteur central. Dans le caza de Bint Jbeil, elle s’est déployée « à Maroun el-Ras et dans la partie restante de Yaroun », dans le secteur central. Des soldats israéliens sont toujours présents à Jal el-Deir, qui donne sur Aïtaroun et la région, selon des informations de L’Orient-Le Jour

L’armée libanaise ajoute qu’elle s’est déployée « dans d’autres sites frontaliers au sud du Litani, en coordination avec le comité de surveillance du cessez-le-feu et la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban), après le retrait de l’ennemi israélien ». Le texte précise que l’inspection de la troupe va s’effectuer, ainsi que le traitement des munitions non explosées et autres objets suspects dans tous ces secteurs. 


À Kfar Kila, Yaroun, Meis el-Jabal, Wazzani, Adaïssé, Mhaybeb, Blida ou encore Maroun el-Ras, les habitants ont souvent retrouvé leurs habitations à terre. 

Il y a eu deux blessés dans des rafales de tirs dans la région de Karkazane, au nord-est de Meis el-Jabal (caza de Marjeyoun). Mais il y a eu aussi de bonnes nouvelles : deux jeunes, l’un originaire du Liban-Sud et l’autre de la Békaa, ont été retrouvés vivants à Kfar Kila (Marjeyoun) après que le contact a été perdu avec eux pendant la guerre, selon notre correspondant Mountasser Abdallah. Ils étaient « tous deux en bonne santé », a-t-il ajouté. 

La journée tant attendue du 18 février 2025, celle du retrait des troupes israéliennes restantes du territoire libanais après une guerre avec le Hezbollah commencée en octobre 2023 et un cessez-le-feu depuis le 27 novembre 2024, se sera finalement déroulée sans trop d’encombres. Israël s’est bien retiré des villages occupés, que les habitants ont retrouvés dans un mélange de...
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L’armée libanaise a tous les droits sur tous le territoire libanais et rien ni personne ne doit pouvoir s’opposer à ses décisions de récupérer la souveraineté et la stabilité de notre pays. Si Les hezbeliote e ne sont pas d’accord, ils n’ont qu’à faire comme tous les libanais patriotes ont fait sous leur diktat. Quitter le pays pour trouver refuge chez leurs protecteurs Iraniens qui massacrent leurs propres enfants pour les réduire au silence afin de garder le pouvoir de terreur de force et profiter seuls des ressources du pays. Cela correspond à ce qu’ils appellent dignité et honneur.

Sissi zayyat

15 h 12, le 19 février 2025

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Commentaires (3)

  • L’armée libanaise a tous les droits sur tous le territoire libanais et rien ni personne ne doit pouvoir s’opposer à ses décisions de récupérer la souveraineté et la stabilité de notre pays. Si Les hezbeliote e ne sont pas d’accord, ils n’ont qu’à faire comme tous les libanais patriotes ont fait sous leur diktat. Quitter le pays pour trouver refuge chez leurs protecteurs Iraniens qui massacrent leurs propres enfants pour les réduire au silence afin de garder le pouvoir de terreur de force et profiter seuls des ressources du pays. Cela correspond à ce qu’ils appellent dignité et honneur.

    Sissi zayyat

    15 h 12, le 19 février 2025

  • "La communauté chiite fait partie du tissu social libanais et n’est pas une entité étrangère"> Absolument! Et il ne doit pas être question de la marginaliser. Il en va tout autrement du Hezbollah qui n’est qu’une milice iranienne. Le problème est de lever le charme d’envoûtement qui pèse sur la première afin qu’elle se libère de l’emprise du second.

    Yves Prevost

    08 h 04, le 19 février 2025

  • "Il n’y a pas de Liban ni de souveraineté depuis 1982 sans les armes de la résistance".  Une petite erreur dans la formulation. La tournure exacte serait: "Il n’y a pas de Liban ni de souveraineté depuis 1982 à cause des armes de la résistance".  Etant entendu que le mot "résistance" est mis, par antiphrase pour "milice iranienne". La "résistance" suppose une occupation étrangère. Quand il n’y en a pas, que fait-on? Deux solutions, 1) On en invente une. On met en exergue quelques litiges frontaliers avec … la Syrie! 2) on invite le voisin à envahir le pays. Et le tour est joué!

    Yves Prevost

    07 h 55, le 19 février 2025

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