
Photo tirée du compte Facebook de la présidence.
À la veille de l’expiration du délai accordé à Israël pour se retirer du Liban, le président Joseph Aoun a choisi de recevoir une délégation de l’ordre des rédacteurs présidé par Joseph Kossayfi. Franc, direct et souriant, le chef de l’État a répondu à toutes les questions, exprimant d’emblée ses doutes au sujet d’un retrait israélien total. « Depuis Camp David (1978), et même avant, les Israéliens n’ont jamais respecté leurs engagements. Mais nous allons utiliser tous les moyens diplomatiques pour obtenir gain de cause, car dans le contexte actuel, le Liban peut-il supporter une guerre ? » a-t-il affirmé.
Joseph Aoun, qui a également reçu lundi les ambassadeurs membres du Quintette, veut visiblement rester proche des Libanais. Il leur a ainsi adressé, à travers l’ordre des rédacteurs, un message rassurant au sujet d’une éventuelle discorde interne, ou même d’une réédition du scénario du 6 février 1984, lorsque l’armée libanaise s’était scindée pour des raisons confessionnelles. « Les Libanais restent unis malgré tout et aucun soldat ne tirera sur son compagnon d’armes », a-t-il assuré. Dans ce contexte, il a appelé les médias à éviter tout ce qui pourrait attiser une telle discorde.
À la question de savoir ce que fera le Liban si les Israéliens ne se retirent pas complètement du Sud le 18 février, le chef de l’État a précisé que le Liban adoptera une position nationale unifiée. Il a aussi ajouté que « l’armée est prête à se déployer dans les localités qu’évacueront les soldats israéliens. Elle est responsable de la protection de la frontière. Elle est prête pour cette mission et si elle ne la remplit pas, il faudra lui demander des comptes ». Joseph Aoun a dans ce cadre insisté sur le fait qu’au Sud, il y a eu 48 martyrs de l’armée qui appartiennent à toutes les régions et à toutes les confessions. « L’armée est une institution nationale par excellence et sa mission est sacrée », a-t-il insisté.
À la question de savoir si le maintien des Israéliens dans certaines positions après le 18 février poussera l’armée libanaise à « normaliser » ses relations avec ces derniers, le chef de l’État a été catégorique : « Il n’est pas question de normalisation. » Il a affirmé que les autorités libanaises déploient des efforts diplomatiques pour obtenir un retrait israélien total, estimant que l’option de la guerre n’est pas utile. « Je n’accepterai pas qu’un seul soldat israélien reste sur le sol libanais », a-t-il tranché. Selon lui, l’accord conclu le 27 novembre doit être appliqué et celui-ci parle d’un retrait total. Pour le président, « l’argument selon lequel les Israéliens veulent rester sur certaines collines stratégiques ne tient pas, car les nouveaux critères des guerres et les développements techniques remplacent les anciennes méthodes ».
Sur les armes du Hezbollah
Concernant le fait de conditionner les aides financières internationales au désarmement du Hezbollah, le président Aoun a répondu que la seule condition posée est liée aux réformes et celles-ci sont indispensables. « Moi-même, j’insiste pour réaliser les réformes. Je veux aussi qu’il y ait une autorité judiciaire totalement indépendante, pas seulement dans les textes, mais aussi dans la réalité, a-t-il dit. Les États frères attendent de nous des réformes dans tous les domaines, ainsi que la lutte contre la corruption. » Quant aux armes du Hezbollah, « elles s’inscriront dans le cadre d’une solution qui fera l’objet d’un accord entre tous les Libanais. » M. Aoun a d’ailleurs répété que tout ce qui figure dans le discours d’investiture est destiné à être appliqué, mais il a besoin dans ce contexte de « la coopération de tous ». Au sujet de la possibilité d’accepter des aides financières venues d’Iran, le chef de l’État a rappelé qu’en général, nul ne donne de l’argent sans poser des conditions en contrepartie. Il a donc précisé qu’il est « prêt à accepter toute aide d’où qu’elle vienne si elle est inconditionnelle ».
Sur la Syrie
Joseph Aoun a en outre souligné que le Liban ne doit pas seulement faire face aux problèmes au Sud. Il y a aussi les problèmes à la frontière avec la Syrie, où la situation n’est pas encore tout à fait claire. Selon lui, l’État envisage d’entamer un dialogue avec les autorités syriennes. Une fois que le gouvernement obtiendra la confiance du Parlement, il devrait former une commission pour discuter avec les autorités syriennes, entre autres, du dossier des migrants syriens au Liban, a-t-il précisé. « Le véritable problème du retour est que les fonds qui sont donnés aux migrants au Liban devraient leur être payés en Syrie même », a-t-il estimé. Il a ajouté que la Sûreté générale a déjà entamé un dialogue au sujet des prisonniers syriens détenus au Liban, et cela pourrait aboutir à un accord qui serait de nature à décongestionner les prisons libanaises.
Face aux membres du conseil de l’ordre des rédacteurs, le chef de l’État a insisté sur son respect de la liberté d’expression, qui est garantie par la Constitution. Mais il a aussi précisé que la liberté signifie aussi la responsabilité, car sinon, elle pourrait devenir synonyme de chaos. Il a ainsi rappelé un adage connu qui dit : si une balle peut tuer un être humain, les mots peuvent tuer toute une oumma. Il a ainsi affirmé que la liberté doit rester sous le plafond de la sécurité nationale, tout en précisant que les médias ont un rôle déterminant dans l’édification du Liban. Aoun a ajouté qu’il n’est pas contre la critique, mais celle-ci devrait être constructive. « Si je me trompe, ou si je fais une erreur, je souhaite qu’on me le dise, a-t-il déclaré, car nul n’est infaillible, mais tout est dans la manière et dans le fait de vouloir être constructif. » Il a ainsi demandé aux journalistes de s’éloigner autant que possible des critiques personnelles, de tout ce qui peut susciter la discorde confessionnelle, ainsi que des attaques contre les États frères.
Quant aux armes du Hezbollah, « elles s’inscriront dans le cadre d’une solution qui fera l’objet d’un accord entre tous les Libanais. » FAUT-IL RAPPELER QUE LES LIBANAIS NE SONT D'ACCORD SUR RIEN !! Le soldat s'est clairement mû en homme politique ...Hélas, Le Liban restera fidèle à lui-même !?
16 h 55, le 18 février 2025