
Des manifestants du Hezbollah sur la route de l'aéroport, le 15 février 2025. Photo Lyana Alameddine/L'OLJ
Des centaines de partisans du Hezbollah portant leurs drapeaux jaunes et des portraits de leur leader assassiné Hassan Nasrallah et une heure trente de sit-in sous tensions dans la banlieue-sud de Beyrouth. C'est ainsi que le parti chiite a choisi d'exprimer samedi son indignation face à la décision des autorités libanaises d'interdire aux avions iraniens de se poser au Liban, après des menaces du porte-parole arabophone de l'armée israélienne qui accusait le parti de recevoir des fonds des gardiens de la révolution iraniens à bord de vols civils.
Ce sit-in, annoncé au lendemain d'une nuit tendue marquée par l'attaque d'un convoi de la Force intérimaire de l'ONU (Finul) dans la même zone, a été rapidement dispersé par l'armée libanaise, mobilisée en force sur les lieux, à coup notamment de gaz lacrymogène.
« Tout cela à cause d'un tweet » d'Avichay Adraee
Les partisans du Hezbollah, beaucoup de jeunes nerveux dont certains étaient masqués et quelques familles avec des enfants, avaient commencé à affluer, à mobylette notamment, vers le pont dit du « Cocodi » sur la route menant à l'Aéroport de Beyrouth, peu avant 16h. Ils ont scandé des slogans favorables au secrétaire général actuel du parti Naïm Kassem, mais aussi des « Labbayka ya Nasrallah » (à tes ordres, Nasrallah) en référence à son prédécesseur, Hassan Nasrallah, tué le 27 septembre dernier par Israël, et autres « Amérique, Amérique ! Tu es le pire Satan ! » et « Mort à Israël ! ».
« Nous sommes descendus pour nous opposer a la décision concernant l’avion (en provenance de Téhéran refoulé jeudi par les autorités libanaises). Cela va a l’encontre de notre souveraineté », a lancé une manifestante à notre journaliste sur place Lyana Alameddine. « Tout ça a cause d’un tweet (d’Avichay Adraee, le porte-parole de l’armée israélienne). C’est pour cela que nous protestons », a-t-elle ajouté.
« Nous ne sommes pas contre les Libanais. Nous avons beaucoup sacrifié pour le pays. Même pour les personnes qui étaient contre nous », a-t-elle poursuivi à l’attention de ceux qui expriment leur inquiétude face à ces mouvements de foule.
Le Hezbollah « agira en conséquence »
« La décision d'interdire à l'avion iranien d'atterrir au Liban est une atteinte à l’État et aux forces de sécurité », a dénoncé pour sa part le vice-président du Conseil politique du Hezbollah, Mahmoud Comati, pendant le sit-in. « Pourquoi vous soumettez-vous aux diktats américains et israéliens ? », a interrogé le responsable. « Nous n'accepterons pas que notre patrie tombe entre des mains israéliennes et américaines (...) ni cette humiliation », a-t-il poursuivi. Également présent sur les lieux, le député du Hezbollah Ibrahim Moussaoui a affirmé que le parti « attend de voir l'action du gouvernement dans les prochains jours pour agir en conséquence. »
Pendant le discours de M. Comati, des fumigènes ont été lancés sur les manifestants, semant la confusion et la tension dans leurs rangs.
Le sit-in dispersé
« Ils ont jeté des bombes lacrymogènes sur nous », a dénoncé auprès de L'Orient-Le Jour une adolescente en larmes. « Certains ont vomi, d'autres saignent encore. Il n'y a que des agents (israéliens) dans ce pays ! », a-t-elle pesté. Des coups de feu ont par ailleurs été entendus sur place, semant la panique.
Alors que l'armée dispersait déjà les protestataires, un organisateur a annoncé la fin du sit-in, exhortant les participants à « ne pas s'en prendre aux forces de l'ordre ». Non loin de là, un soldat posté sur un pont affirme à L'OLJ, que « la prochaine phase est déjà connue : ils vont aboyer jusqu'à ce soir, mais nous n'avons aucune crainte » concernant la situation sécuritaire. Et le militaire libanais de lancer, alors que la route était rouverte à la circulation : « Après tout, l'État, c'est nous ».
Depuis des dizaines d’années l’armée n’ose même pas défier le parti de Dieu Ce n’est qu’après l’affaiblissement de ce dernier qu’elle a gonflé ses muscles.
18 h 27, le 16 février 2025