
Des citoyens allemands arrivent à l'Aéroport international de Beyrouth (AIB), le 4 octobre 2024. Fadel Itani / AFP
L'Iran s'est dit prêt samedi à mener des « discussions constructives » avec le Liban pour la reprise des vols Téhéran-Beyrouth, après une interdiction d'atterrir faite à deux avions iraniens qui suscite la colère des partisans du Hezbollah.
Le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi et son homologue libanais Joe Raggi ont échangé par téléphone des « moyens de résoudre le problème des vols civils entre les deux pays » et assuré de leur « disponibilité à mener des discussions constructives et de bonne foi », selon un communiqué du ministère iranien des Affaires étrangères.
Une ouverture dans cette crise qui perdure depuis jeudi, alors que des sources du Wall Street Journal (WSJ) faisaient état de pression exercée par Israël sur le gouvernement libanais pour qu'il interrompe les vols en provenance d'Iran, menant à une suspension des liaisons aériennes entre les deux pays jusqu'au 18 février, dans les deux sens. La suspension a été confirmée à L'Orient-Le Jour par une source informée. Selon les sources anonymes du WSJ, l'avion qui était censé atterrir jeudi à Beyrouth, et dont l'interdiction a provoqué des tensions dans le pays, transportait effectivement des « fonds destinés au Hezbollah ».
Jeudi, les autorités libanaises ont refusé l’atterrissage d’un vol de la compagnie iranienne Mahan Air en provenance de Téhéran à l’Aéroport international de Beyrouth (AIB), ce qui a créé des tensions au Liban sur la route de l'aéroport. En représailles, Téhéran a annoncé avoir interdit aux avions libanais de rapatrier des dizaines de ressortissants libanais bloqués sur place, ajoutant qu'aucun appareil ne serait autorisé à se poser en Iran tant que les vols iraniens ne seraient pas les bienvenus à Beyrouth.
« Violation du droit international »
Dans ce contexte, des partisans du Hezbollah ont bloqué deux soirs de suite, jeudi et vendredi, la route de l'aéroport, nécessitant l'intervention de l'armée libanaise. « De jeunes hommes ont incendié des pneus devant l’entrée de l’aéroport, brandissant des banderoles en soutien à l’ancien secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah », assassiné par Israël, avait rapporté l’Agence nationale de l’information (ANI, officielle), jeudi. Vendredi soir, deux Casques bleus népalais de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) ont été blessés à la suite de l'attaque de l'un de ses convois qui circulait à proximité du sit-in organisé par des manifestants.
Et samedi, un nouveau-sit-in a été organisé au même endroit, rassemblant un millier de partisans du Hezbollah qui se sont insurgés contre la décision du gouvernement libanais, avant d'être dispersés.
De son côté, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baqaei, a accusé Israël d’avoir menacé l'avion de ligne qui a été refoulé « perturbant les vols réguliers vers l’aéroport de Beyrouth », selon l’agence de presse officielle iranienne IRNA. Il a qualifié cet acte de « violation continue et flagrante du droit international et de la souveraineté du Liban » et a exhorté la communauté internationale, en particulier l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), à « mettre un terme au comportement dangereux d’Israël en matière de sécurité aérienne ».
Le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, avait affirmé auparavant que la Force al-Qods des Gardiens de la révolution iraniens avait « utilisé l’aviation civile ces dernières semaines pour transférer des fonds destinés à armer » le Hezbollah.
Tensions autour du retrait israélien du Liban-Sud
En réponse, le ministère libanais des Travaux publics et des Transports a déclaré qu’il suivait cette affaire « avec assiduité ». « Le ministre supervise directement ce dossier en pleine coordination avec le ministère des Affaires étrangères et la Middle East Airlines (MEA) afin d’assurer le retour rapide et digne des Libanais bloqués à Téhéran », a précisé le ministère dans un communiqué.
Le WSJ a également rapporté qu'« Israël cherche à conserver le contrôle de cinq positions stratégiques en hauteur dans le sud du Liban au-delà de la date limite de son retrait ». Selon le journal, cette décision représente un défi diplomatique pour l’administration de Donald Trump, qui tente de préserver un cessez-le-feu fragile au Liban-Sud. Israël a affirmé à plusieurs reprises que ces positions sont « essentielles pour (sa) défense » après 14 mois de guerre contre le Hezbollah.
Le Liban, en revanche, rejette cette justification, ce qui alimente les tensions autour de l’accord ayant mis fin aux combats, marqués par des milliers de frappes aériennes israéliennes et une invasion terrestre du Liban-Sud.
Le WSJ rappelle qu’Israël a déjà cherché à sécuriser des sites stratégiques clés, notamment en s’emparant du sommet du mont Hermon, situé en Syrie, après la chute du régime de Bachar el-Assad en décembre dernier, et en élargissant une zone tampon à l’intérieur de la bande Gaza après sa guerre contre le Hamas.
Dommage que ça s'arrête le 18 février ... à vie ce serait mieux ou bien tant que leur système hégémonique est en place.
12 h 10, le 16 février 2025