
L'entrée des installations pétrolières de Tripoli, au Liban-Nord. Photo d'archives ANI
Les travaux de conditionnement de produits chimiques retrouvés dans les installations pétrolières de Tripoli, au Liban-Nord, se poursuivent en vue d'expédier ces matériaux en France pour traitement, a confirmé à L’Orient-Le Jour le ministre sortant de l'Environnement Nasser Yassine. Celui-ci assure par ailleurs que le site ne contient pas de matières radioactives, contrairement à certaines rumeurs. Ses propos nous ont été confirmés par une source proche du dossier qui a requis l'anonymat.
« Il n'y a pas de produits radioactifs à Tripoli, mais des produits chimiques qui étaient utilisés dans les installations pétrolières », a expliqué M. Yassine qui attend de recevoir le dossier du ministère de l’Énergie et de l'Eau, dont dépendent les installations pétrolières. Le ministère de l'Environnement devrait examiner les documents avant expédition des produits, « pour s'assurer de la conformité de la procédure avec les accords de Bâle », qui assurent le contrôle des mouvements transfrontaliers des déchets dangereux. « Nous sommes en contact avec la société chargée de ce projet et nous attendons aussi l'accord de la France avant l'envoi des matériaux », ajoute le ministre qui rappelle que « tout produit chimique peut potentiellement être dangereux et polluant s'il n'est pas traité ».
Un document de la direction du pétrole au ministère de l'Énergie daté du 15 janvier 2024 indiquait la présence de matières telles que de l'hydroxyde de sodium ou encore du bifluorure d'ammonium, des substances corrosives et « hautement toxiques » dans les installations pétrolières de Tripoli. En mars de la même année, une centaine de manifestants répondant à l’appel de l’Union des municipalités d’al-Fayha et d’autres syndicats du Liban-Nord s'étaient rassemblés devant les installations pétrolières au sud de Tripoli pour dénoncer la présence de ces produits.
Contacté par L'OLJ, Hassan Amraoui, le président du conseil municipal du secteur de Beddaoui à Tripoli, où se trouvent les installations pétrolières en question a appelé « à débarrasser la ville de ces produits dangereux ». « Les habitants ont peur, ils ne sont pas à l'aise quand ils savent que de tels matériaux sont stockés ici. C'est une situation inacceptable », a indiqué l'élu qui a appelé les autorités à « plus de transparence » concernant la progression des travaux.
Des produits découverts en 2020
Le conditionnement des produits chimiques de Tripoli avait été confié en 2024 à la société AGROMEC, qui a remporté l’appel d’offres public dans ce dossier et qui s'occupe aussi de produits chimiques retrouvés dans l'installation pétrolière de Zahrani, au Liban-Sud. A l'heure actuelle, la société a achevé le conditionnement des produits à Zahrani, et progresse dans les installations de Tripoli.
La source précitée explique que les matières chimiques en question avaient été découvertes en 2020 à Zahrani et Tripoli, après les explosions meurtrières au port de Beyrouth. Ces matières avaient été mis au jour lorsque les autorités ont demandé à s'assurer si d'autres produits dangereux étaient stockées dans des bâtiments publics.
Environ 70 barils de produits chimiques avaient été retrouvés en 2020 dans les installations pétrolières de Tripoli, mais aucune matière radioactive n'était présente sur place, assure cette source. A l'autre bout du pays, au Liban-Sud, un demi kilo de matières radioactives ainsi que 7 autres barils de matières chimiques, avaient été découverts à l'époque dans les installations pétrolières de Zahrani près de Saïda, qui dépendent également du ministère de l'Énergie. Ces matières radioactives auraient été traitées en 2021, poursuit la source, ce que nous n'avons pas pu faire confirmer pour l'instant.
Elle explique par ailleurs que le retard dans la mise en œuvre du projet est dû entre autres au fait que plusieurs appels d'offres avaient été lancés depuis et que le ministère de l’Énergie avait attendu l'arrivée du gouvernement Mikati avant de pouvoir obtenir les fonds nécessaires en devises. Une société italienne avait remporté l'appel d'offres en 2022 avant de jeter l'éponge en 2023, ajoute-t-on de même source. Au final le projet a été de nouveau attribué à AGROMEC en 2024 pour une somme de 5 500 000 dollars.
Interrogé sur cette affaire, Paul Abi Rached, directeur de l'ONG écologique Terre Liban, affirme ne pas être au courant de l'épisode des matières radioactives découvertes à Zahrani. Il assure en revanche qu'aucun produit radioactif n'a été retrouvé à Tripoli et que le site a été inspecté par l'armée en 2021. Il dénonce aussi le fait que « des produits chimiques ont été entreposées pendant plus de 50 ans dans ces installations pétrolières du Liban-Nord ». « Je ne comprends pas à qui profite le fait de répandre des rumeurs sur la présence de matières radioactives à Tripoli », se demande ce militant de la première heure. Il a par ailleurs exprimé des doutes sur les compétences de la société chargée de ce projet et affirmé craindre que l'envoi des produits pour traitement en France ne soit pas effectué au final.
La présence et le stockage de matières dangereuses sont des sujets sensibles au Liban depuis l'explosion dévastatrice au port de Beyrouth le 4 août 2020. Si le début de la guerre à Gaza, puis au Liban-Sud, a détourné l'attention de ce dossier, de nouvelles controverses l'ont fait resurgir. En juin 2024, l’État avait été interpellé en raison de substances dangereuses dans la centrale électrique de Zouk. Nagib Mikati avait alors balayé les craintes en affirmant que les produits chimiques étaient « dans un état stable », « stockés de manière appropriée et inspectés régulièrement ».
Il ne vont quand meme pas envoyer l'hydroxide de sodium en France parce qu il est hautement dangereux!!!, ce produit, communément appelé boutasse à Akkar sert a produire du saboun baladé en le mélangeant à l'huile d'olive. Arretez de psychoter !, ce n est PAS dangereux. Evidemment il provoque des brûlures en cas de contact avec la peau, à manipuler donc avec des gants comme toutes matières de laboratoire.
22 h 20, le 04 février 2025