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Politique - Repère

Qu'est-ce que la « doctrine Dahiyé » ?

L'usage de cette stratégie militaire a été mentionné par divers analystes depuis le début de la guerre à Gaza et, plus récemment, face à l'ampleur des destructions causées par les frappes israéliennes dans la banlieue sud de Beyrouth.

Qu'est-ce que la « doctrine Dahiyé » ?

Au lendemain des frappes israéliennes dans la périphérie de Beyrouth, le 28 septembre 2024. Photo Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour

Depuis le 7 octobre 2023 et le début de la guerre à Gaza, Israël a été pointé du doigt pour son usage disproportionné de la force, poussant les Nations unies à user du terme de « domicide » pour qualifier les attaques systématiques ou généralisées contre les habitations et les infrastructures civiles. Cette stratégie, consistant à rendre un territoire totalement inhabitable, constitue un crime de guerre, et lorsque dirigé contre une population civile, un crime contre l'humanité, selon le rapporteur spécial des Nations unies, Balakrishnan Rajagopa.

La réponse israélienne à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a déjà fait plus de 41 000 morts dans la bande de Gaza. Face à un usage indiscriminé et disproportionné de la force contre la population de l'enclave palestinienne, des analystes ont rapidement invoqué « la doctrine Dahiyé », comme étant appliquée par l'armée israélienne dans le cadre de ce conflit. En parallèle, depuis lundi au Liban, les lourdes frappes israéliennes ont fait au moins 700 morts, résultant du lancement de l'opération militaire israélienne « Flèches du Nord » le 23 septembre, avec l'objectif annoncé de ramener les familles israéliennes du nord du pays chez eux. Depuis lundi, les habitations en milieu urbain - désignées comme des caches d'armes ou refuge de cibles stratégiques du Hezbollah - ont été particulièrement ciblées dans le sud du pays et dans la banlieue sud de la capitale -, poussant certains analystes à évoquer à nouveau la stratégie militaire du nom de cette dernière. Mais de quoi s'agit-il exactement ?

Comment a été élaborée la doctrine Dahiyé ? 

Cette doctrine a émergé suite à la guerre de 2006 entre Israël et le parti chiite, lorsque l’État hébreu pilonnait la « Dahiyé » ( « banlieue » en arabe, terme généralement employé pour désigner la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah), par voie aérienne. Il s'agit d'une théorie militaire préconisant le recours massif et disproportionné à la force, ainsi que le ciblage délibéré des civils et des infrastructures civiles en milieu urbain.

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Elle a été formulée par le général israélien Gadi Eizenkot, qui invoquait l'usage d'une « puissance disproportionnée contre chaque village d'où des coups de feu sont tirés sur Israël » : chaque endroit qui, selon l'armée israélienne, pouvait de près ou de loin s'apparenter à une base militaire. Dans une interview à Reuters en 2008, le général Eizenkot évoquait la doctrine Dahiyé pour la première fois, expliquant : « De notre point de vue, il ne s'agit pas de villages civils, mais de bases militaires. (...) S'en prendre à la population est le seul moyen de contenir Nasrallah. »

Est-elle légale sur le plan du droit international ?

Nombreuses sont les condamnations internationales quant à l'usage de cette doctrine militaire. En 2009, la Commission des droits de l'homme des Nations unies indiquait, suite à une enquête menée par l'équipe dirigée par le juge sud-africain John Goldstone, que les tactiques israéliennes employées à Gaza correspondaient à la doctrine Dahiyé. Le rapport concluait que ces cas d'usage disproportionné de la force et de punition collective étaient illégaux.

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Les Conventions de Genève, traités internationaux dictant les règles de conduite à adopter en période de conflits armés notamment pour la protection des civils et du personnel humanitaire, interdisent l'usage de la force disproportionnée. Cibler des sites civils et infliger une punition collective constitue un crime de guerre, selon l'article 33 de la 4ème convention de Genève.

S'agit-il vraiment de la stratégie appliquée au Liban ces derniers jours ?

Depuis le 23 septembre et le lancement de l'opération militaire israélienne « Flèches du Nord » au Liban, les frappes se sont intensifiées, ciblant un rayon bien plus large d'habitations. Dans la seule nuit du 27 au 28 septembre, l'armée israélienne a mené des dizaines de frappes dans la banlieue sud de Beyrouth. Si elle se targue d'avoir transmis par le biais de son porte-parole arabophone, Avichay Adraee, et de messages diffusés sur les réseaux sociaux, des appels à l'évacuation de certains immeubles avant les bombardements, ces alertes n'ont été transmises que très peu de temps avant et n'ont, au final, pas concerné toutes les zones ciblées. Un bilan humain provisoire samedi 28 septembre au matin faisait état d'au moins 38 morts.

Malgré cela, il n'est pas possible d'affirmer que c'est bien la doctrine Dahiyé qui est appliquée sur la banlieue sud de Beyrouth ainsi qu'au Liban depuis le début de cette offensive. Car selon les éléments disponibles, et notamment les objectifs déclarés et les modalités des frappes, les immeubles ne semblent  actuellement pas visés pour effrayer la population, mais bien pour cibler des cadres du parti chiite ou son arsenal. Il reste que la force employée peut avoir un autre impact, psychologique, poussant la base populaire soutenant le Hezbollah à se retourner contre lui et à le fragiliser.

Depuis le 7 octobre 2023 et le début de la guerre à Gaza, Israël a été pointé du doigt pour son usage disproportionné de la force, poussant les Nations unies à user du terme de « domicide » pour qualifier les attaques systématiques ou généralisées contre les habitations et les infrastructures civiles. Cette stratégie, consistant à rendre un territoire totalement...
commentaires (10)

Que les libanais se débarrassent du Hizbollah, de préférence par le renforcement du gouvernement civil , soit . Qu’une puissance étrangère attaque le Liban pour faire disparaître le Hizbollah ( et tous ses sympathisants, et leurs familles, et les voisins du coin ) —- c’est une acte de guerre contre tout le Liban.

Hacker Marilyn

18 h 27, le 30 septembre 2024

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Commentaires (10)

  • Que les libanais se débarrassent du Hizbollah, de préférence par le renforcement du gouvernement civil , soit . Qu’une puissance étrangère attaque le Liban pour faire disparaître le Hizbollah ( et tous ses sympathisants, et leurs familles, et les voisins du coin ) —- c’est une acte de guerre contre tout le Liban.

    Hacker Marilyn

    18 h 27, le 30 septembre 2024

  • Les très nombreuses fappes ciblées fauchant les plus hauts responsables du hezbollah, montrent sans aucun doute que les renseignements détenus par Israël sont effarants. Le hezbollah qui se vantait de son professionnalisme guerrier et qui terrorisait les Libanais, n’est finalement qu’un ballon percé de toutes parts. Le résultat dramatique de sa guerre de soutien le prouve. Mais ce sont tous les Libanais qui en paient le prix. Les politciens véreux qui l’ont soutenu par pûr intérérêt vénal doivent faire dans leur culotte.

    Goraieb Nada

    07 h 20, le 30 septembre 2024

  • There is a collusion between civilians and militiamen, the militiamen are an extraction of the community that generated them, supported and protected them as well as praised, loved and applauded them. It is really impossible to separate between the militiamen and civilians, they form a whole.

    Najjar Robert

    21 h 39, le 29 septembre 2024

  • Le dernier paragraphe , en effet, semble justifier les pratiques immondes d'Israël. "Ne pouvant fortifier la justice, ils ont justifié La force." Blaise Pascal

    Politiquement incorrect(e)

    21 h 25, le 29 septembre 2024

  • Les règles internationales sont clairs. Dès qu'un logis civil cache armes ou soldats/terroristes, il perd sa désignation civiles et devient un objectif militaire. Une nouvelle règle importante qui devrait être adopté par la communauté internationale est la suivante. Tout territoire contrôlé par une organisation déclarée terroriste, telle le Hamas ou Hizbollah ne pourra jouir des protection dues aux civils en cas de guerre. La raison? Les terroristes utilisent ces civils comme bouclier humain, donc impossibles à déloger sans atteindre les civiles

    Charles Sebbag

    20 h 20, le 29 septembre 2024

  • Waw

    Eleni Caridopoulou

    19 h 35, le 29 septembre 2024

  • Waw

    Eleni Caridopoulou

    19 h 35, le 29 septembre 2024

  • Il reste que la force employée peut avoir un autre impact, psychologique, poussant la base populaire soutenant le Hezbollah à se retourner contre lui et à le fragiliser. Il n’ont pas le courage de le faire et préfèrent deserter leurs quartiers tout en promettant avec une force convaincante ( pour s’en convaincre eux mêmes) qu’ils résisteront et combattront jusqu’au dernier. Ils sont où entre temps? Dans toute Lee regions ou le HB n’existe pas. C’est bien d’être courageux, ils honorent leur leader.

    Sissi zayyat

    18 h 15, le 29 septembre 2024

  • Hassan, le fils d'un voisin, qui terrorise toute sa famille, lance des pierres chez moi; ses parents sont dépassés par cet adolescent qui prétend faire cela au nom de Dieu; il semble obéir à un vague parrain qui ne supporte pas mon existence. Ses projectiles nous ratent, mais je lui donne une correction. La semaine dernière un de mes enfants a reçu une pierre; j'ai fini par tuer cet garnement, et je me demande si je ne vais pas occuper la partie sud de leur maison. Ça tombe bien je voulais m'agrandir, je me sens à l'étroit dans la maison d'un autre voisin. Merci Hassan !

    Nicolas ZAHAR

    18 h 13, le 29 septembre 2024

  • Les 9/10 èmes de l’article laissent entendre qu’il s’agit de cette doctrine et qu’Israël se rend coupable de crimes de guerre puis les dernières lignes dynamitent ( si je puis dire ) cette théorie pour souligner que les objectifs sont militaires. L’autrice pense que ces lecteurs ne liront pas jusqu’au bout…?

    Apple User

    17 h 39, le 29 septembre 2024

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