Le ministre libanais sortant de la Santé, Firas Abiad (à gauche), et son collègue des Travaux publics, Ali Hamiyé, lors d'une tournée dans un hôpital, le 18 septembre 2024. Photo Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour
Les explosions simultanées de bipeurs du Hezbollah mardi au Liban, imputées à Israël par la formation islamiste pro-iranienne, ont fait 12 morts, dont deux enfants, et au moins 2.750 blessés, a indiqué mercredi le ministre libanais sortant de la Santé, Firas Abiad. M. Abiad a fourni ce nouveau bilan, à la hausse, lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il a également fait le bilan de la journée de mardi, évoquant des transferts de blessés vers la Syrie et l'Iran, ainsi que la préparation du secteur médical à faire face à ce genre de situation d'urgence.
Israël n'a pas fait de commentaires sur ces explosions, survenues dans plusieurs places fortes du Hezbollah quelques heures après l'annonce par Tel Aviv qu'il étendait les objectifs de sa guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza à sa frontière nord avec le Liban.
Après vérification auprès de tous les hôpitaux, le bilan s'élève désormais à « 12 morts dont deux enfants » et on compte « entre 2.750 et 2.800 » blessés, a déclaré M. Abiad lors d'une conférence de presse. Un bilan précédent faisait état de neuf morts. Parmi les morts figurent une fillette et un garçon, ainsi que deux professionnels de la santé travaillant dans des « hôpitaux privés de la banlieue sud de Beyrouth », a-t-il précisé.
Yeux, visage, mains et doigts
Environ 750 personnes ont été blessées dans le sud du pays, quelque 150 dans la Bekaa et environ 1.850 à Beyrouth et dans sa banlieue sud, selon lui. Environ 10% des blessés, soit près de 300 personnes, sont toujours dans un état critique et « beaucoup se trouvent en soins intensifs, notamment en raison de blessures au visage affectant la respiration ou d'hémorragies cérébrales ». Sur le nombre total des blessés, 1.800 ont eu besoin d'être hospitalisés et 460 d'entre eux ont nécessité « des opérations au niveau des yeux, du visage ou des membres, notamment des mains », a ajouté M. Abiad qui a précisé que de nombreuses amputations de mains ou doigts avaient été réalisées. Depuis mardi, cent hôpitaux ont accueilli des patients, près de 1.200 ambulances ont circulé dans le pays et la Croix rouge a fourni environ 200 unités de sang, a-t-il souligné.
« En l'espace d'une demi heure, les urgences des hôpitaux se sont retrouvées saturées. De tels chiffres peuvent déstabiliser n'importe quel système de santé, mais les plans d'urgence élaborés par le ministère de la Santé et les formations organisées pour le personnel médical ont prouvé leur efficacité », s'est-il félicité, soulignant que cela a permis de limiter la mortalité des blessures à un taux de « moins de deux pour mille ». Il a soulevé qu'il faut maintenant que le secteur « revienne à la préparation » qui avait été assurée avant les explosions de bipeurs « en remplissant les stocks de matériel et en permettant au personnel médical de se reposer ». Il a encore relevé parmi les couacs rencontrés dans la gestion d'urgence de mardi « la gestion des foules » dans les rues autour des hôpitaux, qui a parfois empêché certaines ambulances d'arriver rapidement et qui pose un risque « parce qu'il est impossible de prévoir les actions de l'ennemi dans de telles conditions ».
Transferts en Syrie et en Iran
Le Dr Firas Abiad a en outre annoncé que « si 92 % des cas sont traités au Liban », des transferts ont eu lieu de la Békaa vers la Syrie, compte tenu de la proximité géographique, et que « certaines personnes seront évacuées vers l'Iran », sans plus de précisions.
Par ailleurs, le ministre a indiqué que des contacts étaient en cours pour assurer des aides en provenance des pays de la région, notamment d'Irak, d'Égypte, de Syrie, d'Iran, de Turquie et de Jordanie. Dans ce cadre, il s'est d'ailleurs rendu dans la matinée à l'Aéroport international de Beyrouth pour y accueillir un avion d'aides irakiennes, amenant à Beyrouth 20 médecins et soignants ainsi que 15 tonnes de matériel sanitaire. Selon lui, 70 tonnes d'aides supplémentaires sont encore attendues. De son côté, un représentant du ministre irakien de la Santé, Fadel el-Roubaye, a précisé que des hôpitaux irakiens spécialisés dans les soins ophtalmologiques sont prêts à accueillir des blessés.