
La centrale de Zahrani (Liban-Sud). Photo d’archives Mahmoud Zayyat/AFP
La centrale électrique de Zahrani, au Liban-Sud, a reçu dimanche cinq millions de litres de carburant provenant des installations pétrolières voisines, a annoncé Ziad al-Zein, directeur de ces installations, dans un communiqué, au lendemain de l'extinction de la dernière unité opérationnelle de cette centrale. L'arrêt de la centrale avait entraîné une coupure totale de l'électricité sur l'ensemble du territoire libanais.
Ce carburant servira à réactiver la centrale dans les prochaines heures, a indiqué M. Zein, mais avec des capacités réduites, permettant notamment d'approvisionner en courant des infrastructures « essentielles ».
« Le pompage a commencé à 3h00, avec la livraison de cinq millions de litres depuis les installations [pétrolières] à la centrale électrique de Zahrani, via la ligne de transmission qui les relie, après avoir complété tous les dossiers administratifs, techniques et légaux », a déclaré M. Zein. Il s'attend à ce que « après la réunion du Conseil d'administration d'Électricité du Liban (EDL) » prévue dans la journée, « une décision et un communiqué soient émis concernant la date de redémarrage de la centrale », qui fournira initialement de l'électricité uniquement aux « installations vitales » du pays.
Dans la soirée, EDL a confirmé que son conseil d'administration s'était réuni dans la matinée sous la présidence de Kamal Hayek et avait convenu de la fourniture de 5.000 kilolitres de carburant en provenance des installations pétrolières de Zahrani, ainsi que du paiement d'un chargement de gas oil « dans le cadre d'un appel d'offres public » pour approvisionner EDL. L'institution publique a annoncé qu'elle redémarrera une nouvelle fois la centrale de Zahrani « en fonction des stocks de carburant à sa disposition », en donnant pour l'heure priorité à l'alimentation des infrastructures « vitales au Liban ». D'après la chaîne locale MTV, les cinq tonnes de fuel transférées à la centrale relèvent des réserves normalement mises de côté pour l'armée libanaise, en cas d'urgence.
La mise à l'arrêt de la centrale a eu un impact significatif, affectant des installations essentielles du pays telles que l'aéroport, le port, les pompes à eau, les systèmes d'égouts et les prisons, selon un communiqué samedi.
Redémarrage de la centrale « avant minuit »
Pour sa part, le ministre sortant de l'Énergie Walid Fayad a confirmé à la chaîne de télévision locale LBCI dimanche que « avant minuit, la centrale de Zahrani redémarrera avec une capacité réduite pouvant atteindre 150 mégawatts, après avoir été approvisionnée avec environ 2.000 tonnes de diesel des installations de Zahrani comme première étape. » Il a ajouté que « 2.000 tonnes supplémentaires [de diesel] seront fournies dans les prochains jours. »
M. Fayad a souligné que « cette mesure permet d'assurer la stabilité du réseau et l'approvisionnement des installations vitales en électricité, notamment l'aéroport, pour une semaine, dans l'espoir que le Conseil d'administration d'Électricité du Liban prendra une décision concernant la sécurisation de quantités supplémentaires de fuel. » Contacté par L'Orient-Le Jour samedi, M. Fayad avait évoqué un délai de 24 à 48 heures pour le rétablissement de l'électricité.
Dans l'après-midi, le ministre sortant des Travaux publics et des Transports, Ali Hamiyé, a indiqué sur X que l'Aéroport international de Beyrouth (AIB) est « approvisionné en courant de ses propres groupes électrogènes ». «Le ministre de l'Énergie et Électricité du Liban ont promis que l'approvisionnement serait rétabli ce soir», a-t-il ajouté, précisant que l'alimentation de l'AIB en courant via les générateurs est « une exception qui ne peut pas se prolonger ».
Samedi, EDL avait affirmé qu'elle réactiverait les unités qui avaient été mises hors ligne, en fonction des réserves disponibles, une fois le fuel sécurisé. La société avait promis de rétablir progressivement l'alimentation électrique à ses niveaux antérieurs.
Nouveau rebondissement dans cette nouvelle crise, l'Algérie a annoncé dans la journée qu'elle allait fournir « immédiatement » du carburant au Liban.
Promesses à l'Irak non-tenues
Ces développements surviennent quelques jours après que le gouvernement a annoncé un accord pour « acheter une partie du combustible nécessaire » afin d'éviter qu'EDL ne ferme toutes ses centrales. Le cabinet a adopté plusieurs mesures, notamment autoriser EDL à utiliser des fonds en livres libanaises pour régler une facture de carburant avec l'Irak et autoriser le ministère de l'Énergie à acheter une cargaison de 30.000 tonnes de carburant sur le marché au comptant.
Commentant cet énième rebondissement dans le dossier de l'électricité au Liban, l'ancien directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, qui faisait partie des délégations ayant permis de contracter un accord sur l'approvisionnement en carburant irakien, a déploré que cette nouvelle panne soit due au fait que l'État n'avait pas respecté ses « promesses » envers Bagdad. « Ce qui est requis, c'est de respecter les engagements et de tenir les promesses », a-t-il écrit sur X.
Les centrales électriques d'EDL tombent régulièrement en panne de carburant, provoquant des pénuries chroniques d'électricité dans un pays en proie à une violente crise socio-économique et forçant les habitants à compter sur des générateurs privés.
Quelle image du Liban pour tous ceux qui voudraient bien l’aider …mais sont totalement découragés par tant d’incapacité à faire le minimum ! Incapacité liée à un système mafieux, réellement mafieux, à l’absence dramatique de compétences minimales et à une habitude typiquement libanaise qui est de croire qu’il suffit de dire qu’on va faire pour avoir fait !! Ajoutez à cela un secteur «bancaire » en dessous de tout, la aussi pour des raisons de mafia régnant sur le secteur et vous avez le cocktail parfait pour faire fuir tous les investisseurs « non mafieux » et écœurer ceux qui aiment ce pays.
16 h 27, le 19 août 2024