Ce devait être un rendez-vous principalement consacré au plan d’urgence nationale préparé par le gouvernement. Mais le dossier de l’électricité, introduit via une annexe à l’ordre du jour ajoutée la veille, a été l’un des sujets phares du Conseil des ministres convoqué mercredi par le Premier ministre sortant Nagib Mikati.
Au cours du traditionnel point presse après la réunion au Grand Sérail, le ministre sortant de l’Information Ziad Makari a fait savoir qu’un accord a été donné pour « acheter une partie du carburant nécessaire » pour éviter qu’Électricité du Liban ne mette à l’arrêt toutes ses centrales.
Contacté, le ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau Walid Fayad (affilié au Courant patriotique libre dont les ministres boycottent les réunions gouvernementales en l’absence d’un chef de l’État) a indiqué que trois mesures qu’il avait introduites à l’ordre du jour avaient été approuvées, ce qu’un des procès-verbaux de la réunion diffusés en fin de journée confirme.
Paiement en livres libanaises et spot cargo
La première mesure validée autorise EDL à utiliser les fonds en livres libanaises, issus de la collecte des factures payées par les administrations, institutions publiques et autres offices, pour commencer à régler la facture de 430 000 tonnes de carburant livré par l’Irak dans le cadre de l’accord de « swap » lancé depuis l’été 2021. Cet accord permet au fournisseur public d’électricité d’échanger chaque mois une partie du pétrole brut fourni contre du carburant compatible avec ses centrales. Selon la décision adoptée, le paiement devra se faire via un transfert sur le compte de la Banque centrale irakienne enregistré à la Banque du Liban. Le total de 430 000 tonnes correspond au tiers de ce que l’Irak s’est engagé à livrer lors du dernier renouvellement annuel de l’accord, moins 70 000 tonnes absorbées par Ogero, l’opérateur chargé de la gestion de la téléphonie et de l’internet fixe.
La seconde mesure consiste à demander au ministère des Finances, aux administrations, institutions et autres offices, ainsi qu’à EDL de mettre en place un mécanisme simplifié pour mettre en œuvre la première mesure « dans les délais les plus courts ». La mesure précise que l’avance 6 850 milliards de livres (76 millions de dollars au taux de 89 500 LL pour un dollar) déjà accordée aux administrations, institutions et offices pour couvrir leurs factures de courant électrique sur la période allant de novembre 2022 à juin suffit à couvrir les montants devant déjà être payés pour le fuel, en attendant que les factures postérieures à cette fourchette soient elles aussi réglées.
Le Conseil des ministres autorise enfin le ministre de l’Énergie et de l’Eau à choisir un offrant pour l'appel d’offres lancé le 10 juin 2024 en vue d'acheter une cargaison de 30 000 tonnes de carburant sur le marché spot cargo (ou fret spot, c'est-à-dire un chargement ponctuel sans contrat à long terme ni calendrier récurrent). « Ce chargement qui sera livré aux alentours du 20 août permettra de limiter au maximum la période de blackout d’EDL », a poursuivi le ministre. Le fournisseur public avait indiqué la semaine dernière avoir assez de carburant pour tenir jusqu’au 17 août. La prochaine cargaison de fuel irakien est, elle, attendue vers la fin du mois.
Walid Fayad insiste sur le fait que les différents retards dans les livraisons de carburant, à l’origine de ce nouvel épisode de blackout qu’EDL pourrait connaître, sont liés aux retards de la Banque du Liban dans l’exécution des paiements promis aux Irakiens. « La BDL réclame des autorisations spéciales pour chaque paiement, et il faut adopter une loi pour régler ce problème une fois pour toute », a expliqué le ministre, jugeant que la balle est désormais dans le camp du Parlement.
Les problèmes financiers d’Électricité du Liban, qui impactent sa production et son approvisionnement depuis de nombreuses années, ont empiré avec le début de la crise économique qui a éclaté en 2019. Les différentes mesures mises en place depuis trois ans ont néanmoins permis d'améliorer quelque peu la situation au cours des derniers mois.
Le Liban a reçu des sommes colossales pour subvenir aux besoins des citoyens. Où sont ils passés et pourquoi personne ne les réclament. Il ne s’agit pas de quelques millions non, mais des dizaines de milliards évaporés. Quelqu’un peut nous expliquer?
12 h 07, le 18 août 2024