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Économie - Énergie / Liban

Pour Walid Fayad, il n’y a aucune raison « politique » à l’arrêt des forages des fonds marins

Le ministre a enfin commenté sa visite en Syrie il y a une semaine, dans le cadre d’une volonté du gouvernement libanais d’établir une « relation officielle » avec Damas.

Pour Walid Fayad, il n’y a aucune raison « politique » à l’arrêt des forages des fonds marins

Le ministre libanais sortant de l’Énergie et de l’Eau Walid Fayad. Photo d'archives Dalati Nohra

Le ministre libanais sortant de l’Énergie et de l’Eau Walid Fayad a abordé plusieurs sujets liés aux domaines relevant de son ministère lundi soir, au cours d’un entretien donné à la chaîne de télévision financée par les États-Unis al-Hurra. Le ministre a ainsi évoqué la question du fuel irakien livré à Électricité du Liban, de l’avenir en suspens des opérations du consortium TotalEnergies/Eni/QatarEnergy au Liban ou encore de la proposition du Qatar de construire des centrales pour la production d’électricité dans le pays.

Ce dernier sujet était revenu à la une de l’actualité par le biais du ministre sortant de l’Économie et du Commerce Amine Salam, fin mai. Dans une déclaration à la presse, il avait assuré que « la classe politique libanaise, la filière des distributeurs de carburant et les propriétaires de générateurs privés (qui profitent des insuffisances d’Électricité du Liban depuis plusieurs décennies, NDLR) avaient bloqué une offre du Qatar prévoyant de construire trois centrales électriques produisant de l’énergie renouvelable » (probablement des parcs solaires), et totalisant 450 mégawatts. Selon Amine Salam, le Qatar avait fait cette proposition en 2023 mais n’a pas reçu de réponse du Liban depuis.

Au cours de son entretien lundi, Walid Fayad a réaffirmé qu’Amine Salam avait rapporté des faits erronés et que la proposition du Qatar portait en réalité sur un parc plus modeste qui ne permettrait de fournir que « 15 ou 30 minutes de courant par jour », déployé via un contrat de type « build-own-operate ». Fin mai, le ministre avait déclaré lors d’une conférence de presse organisée après les déclarations de son collègue que le Qatar n’avait proposé de construire qu’une seule centrale électrique d’une capacité de 100 MW, via un opérateur privé.

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Il a aussi confirmé que le Premier ministre sortant Nagib Mikati l’avait chargé il y a dix jours de répondre à l’offre qatarie.

Il convient de noter que la production effective de courant sur un parc d’énergie renouvelable est généralement bien plus basse que sa puissance nominale ne le laisse supposer, vu que cette production fluctue en fonction de plusieurs paramètres (ensoleillement pour le photovoltaïque, puissance et constance du vent pour l’éolien, etc.). Avant la crise qui a éclaté en 2019 et la destruction du centre de contrôle d’EDL par l’explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth, le fournisseur public estimait qu’il fallait entre 2 700 et 3 300 MW au pays pour satisfaire ses besoins. Le parc actuel de centrales d’EDL, qui ne fonctionne qu’en partie, en assure la moitié.

Pour mémoire

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Les forages d’exploration

Concernant les forages d’exploration des fonds marins au large des côtes libanaises par le consortium TotalEnergies/Eni/QatarEnergy, dans deux blocs de la zone économique exclusive (ZEE), Walid Fayad a assuré qu’il n’y avait pour l’instant aucune raison « politique » poussant à l’arrêt des opérations.

Seule entité à avoir acquis des licences d’exploration et d’exploitation émises par le Liban dans deux des 10 blocs de la ZEE, le consortium a effectué deux forages qui n’ont pas donné de résultats concluants ; il a trouvé des traces insuffisantes de gaz dans le puits foré dans le bloc 4, en face de Batroun (Liban-Nord), et rien dans le bloc 9 (Liban-Sud, à la frontière avec Israël). Le ministre attend encore le rapport définitif d’exploration de ce dernier bloc.

« Je n’ai aucune intention de retirer la licence de forage, et la question n’est pas si simple », a commenté Walid Fayad, en soulignant que le consortium avait jusqu’à mai 2025 pour décider de forer un second puits. Passé ce délai, la licence du bloc 9 sera automatiquement retirée, a-t-il ajouté.

Bien qu’il ait manifesté son intérêt pour les deux autres blocs situés à l’extrême sud (8 et 10) de la ZEE, le consortium n’a pas signé les contrats proposés par le Liban, en raison d’un désaccord sur certains changements dans les modalités fixées par Beyrouth. Depuis février, ces blocs sont remis en jeu, mais peinent à attirer d’autres compagnies. Le ministre a expliqué à al-Hurra avoir « présenté une initiative » pour attirer davantage de sociétés, en baissant à 1 milliard de dollars au lieu de 10 le seuil minimum des actifs des sociétés candidates. « La réponse est entre les mains du Premier ministre sortant Nagib Mikati », a-t-il fait savoir.

Walid Fayad a aussi soutenu que le médiateur américain Amos Hochstein accueillait favorablement les projets économiques visant à aider le Liban, et que la diplomatie américaine comptait jouer le rôle de facilitateur sur ces dossiers dès qu’un cessez-le-feu serait acté. La guerre de Gaza qui a éclaté le 7 octobre 2023 s’est étendue au Liban-Sud, où le Hezbollah et Israël échangent quotidiennement des tirs.

Le fuel irakien

Le ministre a aussi évoqué les discussions et les accords avec l’Irak visant à approvisionner le Liban en carburant pour ses centrales, à des conditions adaptées à sa situation financière. Le pays est, rappelle-t-on, en défaut sur sa dette, le bilan de sa banque centrale accuse un trou financier de plusieurs dizaines de milliards de dollars et l’essentiel des banques sont virtuellement en cessation de paiement depuis fin 2019.

Walid Fayad a indiqué à al-Hurra qu’une réunion avait eu lieu entre Nagib Mikati et l’Autorité irakienne d’investissement pour discuter de la relance d’un projet d’oléoduc reliant les deux pays pour envoyer le pétrole irakien vers les marchés européens. « Nous avons accueilli très favorablement cette proposition, mais elle nécessite des investissements et une certaine étape de la législation », a-t-il commenté.

Selon le service de presse d’Électricité du Liban que nous avons contacté, l’accord de troc avec paiement différé et en livres libanaises qui avait cours depuis 2021 pour fournir du carburant à EDL est toujours fonctionnel, malgré certains retards dans l’exécution liés à la réticence de la Banque du Liban à ouvrir les lettres de crédit nécessaires pour honorer les engagements. EDL, dont les tarifs ont été ajustés fin 2022 après quelque 30 ans de gel par les autorités à un niveau extrêmement bas, continue de rééquilibrer ses finances et de rattraper son retard dans la collecte de ses factures. Le service de presse a ajouté que l’office public parvenait actuellement à fournir environ 6 heures de courant par jour.

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Les autres dossiers

Parmi les autres sujets évoqués, Walid Fayad a indiqué que les discussions pour permettre la réouverture des centrales thermiques de Zouk (Kesrouan) et Jiyé (Chouf) étaient en cours, notant que Nagib Mikati a demandé à la Cour des comptes un avis sans ambiguïté sur le dossier, afin de « mettre fin à la controverse ». À noter que le fournisseur n’opère que les centrales thermiques de Zahrani (Liban-Sud) et de Deir Ammar (Liban-Nord) depuis plus d’un an.

Le ministre a enfin commenté sa visite en Syrie il y a une semaine, dans le cadre d’une volonté du gouvernement libanais d’établir une « relation officielle avec Damas en vue de mettre en place un comité au plus haut niveau dirigé par le Premier ministre Mikati pour examiner toutes les questions communes ».

Affirmant avoir participé à des discussions dans ce cadre au sujet des ressources hydriques, Walid Fayad a incidemment confirmé que le Premier ministre syrien lui a dit que la gestion par le gouvernement libanais de la question des réfugiés syriens « n’était pas assez sérieuse, en raison de l’absence d’un fonctionnaire ou d’un représentant direct de l’État libanais, ou même d’un comité pour traiter ce dossier et atteindre les résultats souhaités ». Ce dossier est devenu particulièrement sensible depuis avril, avec l’assassinat d’un responsable politique local libanais par un gang venu de Syrie.

Il a enfin assuré que sa visite n’était pas en infraction avec la loi américaine César, qui vise à sanctionner tout gouvernement, toute entité ou personne qui traite avec le régime de Bachar el-Assad.

Le ministre libanais sortant de l’Énergie et de l’Eau Walid Fayad a abordé plusieurs sujets liés aux domaines relevant de son ministère lundi soir, au cours d’un entretien donné à la chaîne de télévision financée par les États-Unis al-Hurra. Le ministre a ainsi évoqué la question du fuel irakien livré à Électricité du Liban, de l’avenir en suspens des opérations du...
commentaires (3)

Il a fait ces déclarations à jeun ou après quelques shots ?

Lecteur excédé par la censure

19 h 57, le 11 juin 2024

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Commentaires (3)

  • Il a fait ces déclarations à jeun ou après quelques shots ?

    Lecteur excédé par la censure

    19 h 57, le 11 juin 2024

  • - VOUS FUTES TOUS LEURRES, - PAR ESCROCS AVERES, - UNE BONNE SOIREE, - DE ROSES DECOREE. - PUIS LES DECULOTAGES, - CAR SE CROYANT TOUS SAGES. - VOUS VOUS ETES LESTES, - DE PRESQUE DEUX MILLIERS, - DE KLMS CARRES, - PAR LES PSEUDO-ALLIERS. - PLUS UN PUITS EN ENTIER, - ET L,AUTRE DE MOITIE. - ET COMBLE D,INFORTUNE, - VOUS VOGUEZ DANS LA LUNE, - TOUS, LE CHEF CORROMPU, - L,ENTURBANNE BARBU, - ET DANS CETTE BAIGNADE, - TOUTE L,APPARAILLADE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 18, le 11 juin 2024

  • Merci M. Fayad de nous informer des "bonnes" nouvelles : Pas d'electricite en vue et ni gas ni petrole dans les eaux territoriales. Merci surtout de nous informer des desideratas du boucher de Damas (avec lequel il s'entend si bien) dans le traitement du dossier des refugies qui ont fui, precisement, les persecutions du regime.

    Michel Trad

    14 h 06, le 11 juin 2024

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