
Sit-in devant la centrale de Zouk contre le stockage de produits qualifiés de dangereux, le 31 mai 2024. Photo Claude Assaf
Des dizaines de personnes ont tenu un sit-in vendredi en fin d'après-midi devant la centrale électrique de Zouk, sur le littoral du Kesrouan, pour protester contre le stockage de produits chimiques qu'ils qualifient de dangereux, rapporte notre journaliste sur place Claude Assaf.
La direction d’Électricité du Liban (EDL) a publié mercredi un communiqué dans lequel elle réaffirme que « les produits chimiques » entreposés sur le site de cette centrale « ne sont pas inflammables », « ne peuvent pas exploser » et « ne présentent aucun danger pour la sécurité publique ». EDL a également démenti « les rumeurs » relayées par des médias et réseaux sociaux sur « la présence de nitrate d'ammonium » dans la centrale.
« Si ces produits explosent, ils détruiraient à tout moment la région depuis Dora jusqu'à Jbeil », a mis en garde Henri Zouein, 52 ans, pendant le sit-in. Le protestataire a appelé l’État à « agir, retirer ces produits et enquêter sur les circonstances de leur stockage dans cette usine ». « S'il est vrai que ces matières sont stockées ici depuis 2000, pourquoi y a-t-il eu une telle négligence pendant 24 ans ? », s'est-il encore demandé. « Je crains que le scénario du 4 août ne se répète. Il faut que les responsables assument leurs responsabilités en enlevant le nitrate d'ici. Nous n'avons pas encore fini de panser les plaies causées par la double explosion au port de Beyrouth », a de son côté déploré Zeina Youssef, 55 ans.
Des agents des Forces de sécurité intérieure et des militaires de l'armée libanaise étaient déployés sur les lieux.
Les députés issus de la contestation, Melhem Khalaf et Najat Saliba, ainsi que l'élu des Kataëb Sélim Sayegh ont pris part au sit-in. La députée Saliba a affirmé à notre publication avoir adressé ce matin, avec M. Khalaf et quatre autres élus de l'opposition, une question écrite au gouvernement pour lui demander pourquoi il n'a toujours pas pris de mesures propres à réduire le risque que présentent ces produits toxiques.
« On n'a pas le droit de laisser les gens dans le doute concernant une situation aussi dangereuse due a la présence de ces matières toxiques », a de son côté souligné Melhem Khalaf. Il a rappelé qu'en 2020, suite à la double explosion au port, le procureur général près la Cour de cassation avait ordonné de lister les produits toxiques qui se trouvaient dans les ports et autres établissements publics. « Il s'est avéré que la centrale thermique de Zouk renferme de tels produits », a-t-il affirmé. L'élu a fait savoir qu'un accord avait été conclu en 2021 entre EDL et une société allemande pour faire sortir ces produits du Liban, mais que selon EDL, le ministère de l'Environnement n'avait pas donné son autorisation. « On apprend à présent que le contrat a été résilié par la société allemande. Depuis, il n'y a plus eu de suivi, alors que le ministre de l'Intérieur a tiré la sonnette d'alarme, et qu'une experte en chimie vient d'établir un rapport dans lequel elle recommande de retirer immédiatement ces produits », a-t-il poursuivi.
Peu après le début du sit-in, Najat Saliba, Melhem Khalaf, Sélim Sayegh ainsi que des présidents de conseils municipaux du Kesrouan et un responsable du bureau du ministre de l'Environnement sont entrés à l'intérieur du bâtiment pour s'enquérir de la manière dont les produits dangereux sont stockés.
Matières dangereuses
Sans se vouloir alarmiste, Najat Saliba a invité les autorités à transporter rapidement les matières susceptibles d'être dangereuses pour la santé. « Techniquement, lors de notre tournée à l'intérieur du bâtiment, nous n'avons pas vu de matières explosives, mais des matières dangereuses. Elles doivent être transportées (vers un lieu sûr) le plus vite possible, car elles représentent un risque potentiel pour la population et pour les employés de la centrale », a-t-elle souligné.
De son côté, le député Khalaf a rappelé qu'une décision de justice imposait depuis 2000 le transfert de ces matières dangereuses. « Il est nécessaire de s'y conformer, non seulement pour la santé de la population, mais aussi pour sa tranquillité », a-t-il observé.
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