Bassil : le Liban n'atteindra aucun objectif avec cette guerre

Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, a déclaré qu'il ne « pensait pas que le Liban atteindrait des objectifs dans la guerre » actuellement en cours entre le Hezbollah et l'armée israélienne. Dans une interview accordée à Russia Today et diffusée dans la nuit de mercredi à jeudi, M. Bassil a estimé qu'il « aurait peut-être été possible de délimiter la frontière terrestre de manière diplomatique », alors que cette démarcation fait partie des points évoqués dans les tentatives de médiation entre les deux pays et que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé à plusieurs reprises que l'entrée en guerre de son parti permettrait au Liban de négocier un accord avantageux sur ce dossier.

Le Liban « paie le prix d’une destruction chaque jour plus importante » en raison des échanges de tirs quotidiens entre le Hezbollah et Israël, a ajouté le chef du CPL. « Israël serait voué à sa perte s'il déplaçait [sa guerre] sur son front Nord, et le Liban doit éviter la guerre à moins qu'Israël ne le veuille, ce qui nous mettrait en mode défense », a soutenu M. Bassil. Le dirigeant du CPL a poursuivi en disant que la guerre « ne se terminera pas de sitôt à Gaza ».

M. Bassil a également affirmé que les principaux négociateurs avec le Liban concernant la fin de la guerre sont « les Américains » et qu'ils le font par le biais de discussions entre l’émissaire américain Amos Hochstein - qui est également un citoyen israélien - et le président du Parlement Nabih Berry. M. Hochstein avait réussi à négocier un accord sur les frontières maritimes entre le Liban et Israël en 2022. « Le Hezbollah ne peut pas décider de la fin de la guerre », a-t-il poursuivi.

M. Bassil a ajouté que le Liban attendait une trêve à Gaza pour que la guerre cesse sur son front sud mais qu'il n’est « pas d'accord avec cette équation ».

Il a encore estimé que le Hezbollah « ne devrait pas être en colère » contre le CPL pour son opposition à l'ouverture du front au sud et au principe de « l'unité des fronts » avec les autres groupes dits de « l'axe de la résistance », étant donné que l'entente entre les deux parties ne mentionnait pas « la responsabilité de la libération de Jérusalem ». En 2006, le CPL et le Hezbollah avaient formé une alliance, mais les désaccords sur la guerre à Gaza - et l'élection présidentielle - ont gravement affecté les liens entre les deux groupes.

M. Bassil a ajouté qu'il rejetait le lien entre le dossier de la présidence libanaise et la guerre à Gaza, étant donné que le Liban est sans président depuis que Michel Aoun a quitté ses fonctions le 31 octobre 2022. Ce dossier nécessite « une approche souveraine », a déclaré M. Bassil.

Réfugiés syriens

En ce qui concerne les réfugiés syriens, après l'annonce la semaine dernière d'une aide d'un milliard de dollars de l'UE pour aider le Liban dans sa crise économique et pour lutter contre l'immigration clandestine, M. Bassil a déclaré que « la solution n'est pas de soutenir l'armée libanaise pour lutter contre l'immigration vers l'Europe, mais d'aider à renvoyer les réfugiés en Syrie ».

M. Bassil a en outre indiqué que « le problème est la soumission de la classe politique libanaise à la volonté étrangère » et que « chaque migrant économique syrien devrait être renvoyé, tandis que les réfugiés qui ont un problème politique ou de sécurité [avec le régime syrien] devraient être traités d'une manière différente, soit qu'ils aillent dans un pays tiers, soit qu'ils restent temporairement au Liban jusqu'à ce que leur problème soit résolu ». Il a également suggéré d'envoyer les partisans de l'opposition à Bachar el-Assad dans les « quelques zones » contrôlées par les groupes antigouvernementaux en Syrie, faisant ainsi écho à une proposition de Samir Geagea, chef des Forces libanaises, un parti chrétien rival du CPL.

L'aide d'un milliard de dollars accordée par l'UE a suscité de vives critiques sur la scène politique libanaise, qui ont vu dans cette enveloppe une façon de « soudoyer » le Liban pour qu'il accepte que les Syriens restent sur son territoire.