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Politique - Frontière

La feuille de route française transmise au Hezbollah, et maintenant ?

« Nous nous préparons à une attaque dans le Nord », affirme le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Herzi Halevi.

La feuille de route française transmise au Hezbollah, et maintenant ?

Une maison en ruine dans le village de Chebaa, au Liban-Sud, après une frappe israélienne, le 27 avril 2024. Photo Rabih Daher/AFP


Au lendemain de la tournée du ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, au Liban, en Arabie saoudite puis en Israël, Beyrouth a reçu mardi la version amendée de la feuille de route de Paris pour une désescalade sur le front sud. Les Français avaient formulé une première initiative pour une désescalade en février dernier, mais le Hezbollah l’avait jugée trop favorable à Israël. Si, avec cette version revue, la France a voulu rectifier le tir, au Liban, on continue d’être sceptique.C’est le président de la Chambre, Nabih Berry – qui négocie au nom du Liban, et surtout du Hezbollah –, qui a reçu la nouvelle version de la feuille de route. Selon des informations obtenues par notre journal auprès d’une source officielle, le parti chiite a estimé que, par rapport à la version de février, « le ton a changé, mais pas le contenu ».« Le document ne prend en compte que l’intérêt d’Israël, affirme une source proche du tandem chiite. Il continue de mettre l’accent sur la nécessité de ne pas permettre l’existence d’un centre ou même d’une tente du Hezbollah au sud du Litani et parle dans l’un de ses points d’un redéploiement des membres du parti chiite mais évoque dans un autre la nécessité du retrait des armes et des postes militaires, ce que le Hezb refuse. » Et d’ajouter : « Le document comprend également une référence à « la liberté de mouvement » de la Force intérimaire des Nations unies, qui devrait pouvoir patrouiller dans n’importe quelle région, ce qui est également un point refusé par le Hezbollah. » Toujours selon nos informations, ce dernier semble préférer le plan américain pour la désescalade, qui prévoit uniquement de renforcer la présence de l’armée libanaise au Liban-Sud, sans évoquer explicitement un retrait de la milice chiite. Dans l’absolu, toutefois, le Liban ne semble pas avoir complètement fermé la porte aux Français. « Nous pouvons encore en discuter », affirme une source officielle. Cependant, une ligne rouge demeure : aucune solution ne peut être trouvée au Liban avant un accord de cessez-le-feu à Gaza. Beyrouth travaille sur sa réponse à la feuille de route française qu’il doit remettre à Paris « très bientôt », ajoute la source.Par ailleurs, l’ambassadeur saoudien à Beyrouth, Walid Boukhari, s’est entretenu jeudi à Meerab avec le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, perçu comme le principal allié de Riyad sur la scène libanaise. Selon un communiqué des FL, l’entretien entre les deux hommes a duré une heure et demie et a été l’occasion d’évoquer plusieurs dossiers, dont la présidentielle et l’application de la résolution 1701 au Liban-Sud. Votée en 2006 pour mettre fin à la guerre entre le Hezbollah et Israël, cette résolution du Conseil de sécurité de l’ONU prévoit un retrait du Hezbollah vers le nord du fleuve Litani en échange du respect par Israël de la souveraineté libanaise.

Zone tampon ?

Pour sa part, Israël poursuit son escalade verbale, faisant monter encore plus les enchères. Mardi, en recevant Stéphane Séjourné, le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a averti que si le Hezbollah ne se retire pas de la frontière, Israël occupera de larges pans du sud du Liban pour créer une zone tampon. « Nous n’accepterons pas le calme contre le calme. Nous ne reviendrons pas à l’avant 7 octobre », a déclaré Katz. « Si le Hezbollah ne se retire pas, nous nous rapprochons d’une guerre totale. Dans ce cas, Israël agira contre le Hezbollah dans tout le Liban et occupera une grande partie du sud du pays pour créer une zone tampon de sécurité qui sera contrôlée par l’armée israélienne et permettra aux habitants du Nord de rentrer chez eux en toute sécurité », a-t-il menacé. Jeudi, c’est le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Herzi Halevi, qui a haussé le ton. « Nous nous préparons à une attaque dans le Nord », a-t-il déclaré aux réservistes de la brigade Etzioni dans un lieu non divulgué à la frontière avec le Liban, selon des remarques publiées par l’armée israélienne. Sur le terrain cependant, la journée de jeudi était relativement calme à la frontière, à l’exception de quelques incidents. Selon notre correspondent au Liban-Sud Mountasser Abdallah, des tirs d’artillerie israéliens ont visé le sud de la localité de Khiam. Des avions de chasse israéliens ont également bombardé une maison en construction à Markaba. Des ambulances se sont rendues sur les lieux et ont transporté deux blessés vers un hôpital de la région, selon des riverains. La localité de Aïta el-Chaab a également été prise pour cible par l’aviation israélienne. Un avion militaire israélien a franchi le mur du son à deux reprises au-dessus du Liban-Sud, provoquant une détonation qui a été entendue à Saïda et dans d’autres régions.De son côté, le Hezbollah a revendiqué deux attaques contre Israël dans deux communiqués différents : un premier dans lequel il annonce avoir ciblé le site israélien de Zibdine, dans les fermes contestées de Chebaa, avec des tirs d’artillerie ; et un second dans lequel il affirme avoir visé le site de Samaka dans les collines de Kfarchouba, « provoquant des blessures directes ».

Au lendemain de la tournée du ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, au Liban, en Arabie saoudite puis en Israël, Beyrouth a reçu mardi la version amendée de la feuille de route de Paris pour une désescalade sur le front sud. Les Français avaient formulé une première initiative pour une désescalade en février dernier, mais le Hezbollah l’avait jugée trop...
commentaires (4)

La situation au Liban-Sud est due au fait qu’Israel occupe encore quelques dizaines de mètres carrés à Chebaa. Au lieu de libérer ceux-ci et ôter toute raison d’être au Hezbollah, Israel veut occuper plusieurs centaines de kilomètres carrés en plus? Cherchez l’erreur…

Gros Gnon

02 h 51, le 04 mai 2024

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Commentaires (4)

  • La situation au Liban-Sud est due au fait qu’Israel occupe encore quelques dizaines de mètres carrés à Chebaa. Au lieu de libérer ceux-ci et ôter toute raison d’être au Hezbollah, Israel veut occuper plusieurs centaines de kilomètres carrés en plus? Cherchez l’erreur…

    Gros Gnon

    02 h 51, le 04 mai 2024

  • La France sait à qui elle affaire et fait comme s’il s’agissait de gens respectables qui ont une parole alors qu’ils ne sont que des mercenaires au service d’un pays étranger et trouveront toujours une raison pour refuser tous les accords tant que les pays aidants ne leur ont pas cédé le Liban et pourquoi pas la region pour étendre leur dictature. M. Macron devrait adopter le même ton avec ces vendus et leurs commanditaires iraniens que celui utilisé avec Poutine et tout ira pour le mieux pour le meilleur du monde.

    Sissi zayyat

    19 h 19, le 03 mai 2024

  • Il faut que les sionistes comprennent enfin qu'ils ne sont pas chez eux !

    Chucri Abboud

    14 h 39, le 03 mai 2024

  • Le plan français ne consiste, en fait, qu’en la mise en application de la 1701 que le Hezbollah s’était engagé, en 2006, à respecter. Mais tout le monde sait que la parole de Nasrallah ne vaut pas un poil de sa barbe.

    Yves Prevost

    07 h 25, le 03 mai 2024

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